Malgré les promesses, la liste des prélèvements obligatoires créés par le gouvernement depuis le printemps
Il promettait d'être le Président du pouvoir d'achat et de la réduction d'impôts. Durant sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy l'avait martelé dans ses meetings et à chaque intervention devant les caméras et les micros.Trois mois après son élection, il avait même enfoncé le clou à la tribune de l'université d'été du Medef. Devant les patrons, il avait ainsi affirmé ne pas croire que, "la seule politique possible quand la croissance ralentit" était "d'augmenter les impôts pour compenser la perte de recettes", ajoutant qu'à ses yeux, "taxer directement le travail et le capital, c'est se condamner à moins d'emplois, moins de production, à moins de croissance et donc à moins de pouvoir d'achat."
Un an plus tard, c'est pourtant une politique fiscale singulièrement différente que conduit le gouvernement. Pour faire face aux conséquences de la crise économique et financière mondiale, mais aussi pour tenir et concrétiser les engagements du Grenelle de l'environnement. Nicolas Sarkozy avait promis d'être le Président le plus écolo que la France ait jamais élu et cela a un coût pour les citoyens. Hier, Jean-Louis Borloo assurait que le chef de l'État avait "réaffirmé son soutien à la politique du Grenelle" et qu'il voulait que l'extension du bonus-malus se fasse "au cas par cas, sans précipitation".
Une dizaine de nouveaux prélèvements ont été créés depuis que Nicolas Sarkozy est Président (voir ci-contre) et seul le "paquet fiscal" adopté fin août2007 -au moment de l'université d'été du Medef- a fait baisser l'addition pour certains contribuables, avec notamment le "bouclier" qui plafonne l'impôt à 50% des revenus (contre 72% auparavant), l'exonération des étudiants qui travaillent et la suppression des droits de succession entre époux ou "pacsés".
Pour la frange la plus libérale de la majorité UMP, cette politique du "un pas en avant, deux pas en arrière" atteint les limites du supportable. Au point que l'examen des modes de financement du Revenu de solidarité active (RSA), mercredi à l'Assemblée, risque de donner lieu à d'inédites passes d'armes entre élus de la majorité. Longtemps disciplinés, beaucoup d'entre eux commencent à regimber devant la "frénésie fiscale" du Président. Avec d'autant plus de force que ce courant-là voyait en lui le seul homme capable de rallier la France à la doctrine fiscale dominante dans les pays occidentaux.
En clair, la conception thatchéro-reganienne de l'impôt, qui considère les prélèvements obligatoires comme le principal frein à la croissance, donc à l'emploi et à la hausse du niveau de vie moyen. Ils n'avaient simplement pas prévu le retournement de la conjoncture mondiale à partir de l'été 2007. Et la nécessité de réguler l'appareil productif et commercial à l'aune des impératifs environnementaux, pour sortir enfin du "y'à qu'a faut, qu'on" en matière d'énergie et d'écologie. Question de priorité.
Par Hervé Vaudoit ( hvaudoit@laprovence-presse.fr )
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