(lu sur libération)
Trois semaines après la mort d'un étudiant de 26 ans, poignardé dans le centre de Grenoble par un homme qui s'était échappé d'un hôpital psychiatrique où il avait été hospitalisé d'office, Nicolas Sarkozy a présenté aujourd'hui des mesures pour que "le drame ne se reproduise pas". A Antony (Hauts-de-Seine), il a tenu un discours sur la psychiatrie que certains spécialistes jugent le plus "sécuritaire" depuis des décennies.
Le président y a notamment annoncé la "réforme de l'hospitalisation d'office". Cette procédure, qui est une mesure d'ordre public, est une décision du préfet -ou du maire dans les petites villes. Elle concerne les "personnes qui nécessitent des soins et compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l'ordre public".
Explication de Sarko : "le drame de Grenoble ne doit pas se reproduire. Vous me direz que les hospitalisations d'office ne représentent que 13% des placements. Mais c'est celles qui exigent le plus de précautions, celles qui sont le plus difficiles".
De son passage au ministère de l'Intérieur, Sarko a conservé cette tendance à gonfler les chiffres pour frapper les consciences. Car ce chiffre de 13% d'hospitalisations d'office est tout à fait faux. Ces hospitalisés d'office, qui présentent effectivement un caractère de dangerosité (souvent vis à vis d'eux-même) ne représentent en fait que 2% des placements.
Les 13% évoqués par Sarko correspondent aux "hospitalisations sans consentement". Ces derniers intègrent effectivement les placements d'office, mais concernent surtout, et en grande majorité, les placements à la demande d'un tiers, c'est à dire les hospitalisations de personnes dont les troubles rendent impossible le consentement. Et qui n'ont rien à voir avec le profil du meurtrier de Grenoble.
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