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Je voudrais remercier l'ensemble des acteurs de la classe politique que j'ai rencontré au cours de mon court séjour dans votre pays. Le Président Gbagbo qui m'a reçu hier soir (Ndlr : le samedi 02 octobre) à Yamoussoukro, le Premier ministre Soro, le Président Bédié, monsieur Ouattara que j'ai vu ce matin (Ndlr : dimanche) M. Choi, le représentant spécial des Nations Unies et M. Badini, représentant spécial du facilitateur Blaise Compaoré à qui je veux rendre hommage pour l'œuvre qu'il a accomplie tant à l'égard de la Côte d'Ivoire qu'à l'égard d'autres pays. Nous avons, avec tous, eu un dialogue constructif, confiant. Je voudrais remercier tous ceux qui m'ont accueilli moi et la délégation qui m'entourait. Nous avons toujours perçu beaucoup de chaleur et de franchise et une volonté de faire avancer le processus politique qui nous a impressionné. Je suis venu en Côte d'Ivoire à la demande du Président Sarkozy parce qu'une page de l'histoire de la Côte d'Ivoire est en train de se tourner, une ère nouvelle s'annonce, à laquelle chacun aspire. Les Ivoiriens, bien sûr au premier chef mais aussi tous les amis de la Côte d'Ivoire et par conséquent la France.
Depuis 8 ans, la Côte d'Ivoire vit une période difficile. Depuis 8 ans, cette terre qui a été si souvent louée pour son attachement à la paix, est divisée. Elle connaît l'insécurité, des évènements graves s'y sont produits. Certains de ces évènements, ne nous dissimulons pas la vérité, ont créé de la tension entre nos deux pays, ont pu provoquer dans nos peuples des blessures et du ressentiment. Ce que j'ai dit à mes interlocuteurs, c'est deux choses. La première, c'est que la France se réjouit profondément que l'élection présidentielle puisse bientôt se tenir maintenant que la liste électorale a été définitivement adoptée. Dans cette élection, je le dis avec force, la France n'a pas de candidat, elle n'a pas de favori. Son devoir, c'est de ne pas en avoir. Le président de la Côte d'Ivoire sera choisi par le peuple ivoirien qui qu'il soit, il sera le représentant de son peuple par conséquent, il sera l'interlocuteur de la France. Elle salue en revanche la volonté unanime des responsables politiques que nous avons rencontré de permettre à la démocratie, après toutes les difficultés que vous avez connues de reprendre son cours normal. Le cours normal d'une vie démocratique étant bien sûr d'être rythmé par des élections. C'est à l'évidence parce que tout simplement, une élection est l'opportunité donnée aux citoyens de s'exprimer, une étape majeure dans le retour de la paix et dans la reprise du développement de la Côte d'Ivoire. La France fait vraiment le vœu que ces élections se passent bien, dans une totale transparence, et que les partis, comme ils en ont pris l'engament, accueillent les résultats quels qu'ils soient sans les contester autrement que par les voies de droit en même temps qu'ils se mettront au travail pour le bien commun. La deuxième chose que je voudrais dire de la part du Président Sarkozy, c'est que la France se réjouit également de pouvoir reprendre à brève échéance, dans leur plénitude, les relations d'amitiés et de coopération qui fondamentalement unissent nos deux peuples. Le Président Sarkozy l'a dit à maintes reprises qu'il souhaite que les relations de la France et des pays de l'Afrique francophone se débarrassent des complexes nourris de notre passé commun. La France est un Etat souverain, la Côte d'Ivoire est un Etat souverain, et elle n'est pas leur Etat moins souverain que la France c'est d'égal à égal que nous devons travailler ensemble entre partenaires. Mais cela n'exclut pas l'amitié entre nos deux pays, entre nos deux peuples. Cette amitié fondée sur une culture, une langue que nous partageons. Elle est fondée sur les échanges économiques, culturels, universitaires. Elle est fondée sur cette familiarité très particulière qui vient de ce que beaucoup de Français vivent en Côte d'Ivoire, 13000, de ce que beaucoup d'Ivoiriens, soit 3 fois plus vivent en France. Et je veux le dire solennellement, si le gouvernement ivoirien souhaite renouer avec la France le partenariat d'exception dont nous ont un peu éloignés les circonstances difficiles que nous avons connues ces dernières années, la France y est prête, elle y est résolue, et j'ajoute qu'elle en sera très heureuse. Le Président Sarkozy assurera, au nom de la France dès la mi-novembre, pour une année, la présidence du G20. Durant cette présidence, il a la ferme volonté de se battre pour l'Afrique. Il veut se battre pour qu'elle ait une juste place dans la gouvernance mondiale. Il le dit fréquemment : comment est-ce possible de gouverner les affaires du monde alors qu'un continent d'un milliard de personnes et dont la démocratie reste galopante est écartée de toutes les instances de direction de notre planète ? Il va se battre aussi pour une meilleure régulation du prix des matières premières qui est un problème présent à l'esprit de beaucoup en Afrique. Et croyez bien qu'il sera tout aussi déterminé à relancer avec la Côte d'Ivoire, si elle le décide, et cela dans tous les domaines, une coopération d'exception.
Quelle leçon la France tire-t-elle de ses rapports avec la Côte d'Ivoire durant cette crise ?
La leçon d'une période difficile, c'est forcément de vouloir en sortir. A cet égard, j'ai constaté avec l'ambassadeur et avec André Parent qui est le conseiller diplomatique du président en charge de l'Afrique, une réelle unanimité chez tous nos interlocuteurs, les principaux candidats à l'élection à venir. Par conséquent, les principaux responsables de la vie politique de ce pays ainsi que chez le Premier ministre Soro, une volonté clairement affirmée d'aller à une élection. Cela me semble très important. Parce qu'une vie démocratique doit être jalonnée d'élections. Il y a eu des difficultés entre nos deux pays durant cette période. Certaines bilatérales, celles découlant des relations entre la Côte d'Ivoire et la communauté internationale. Ce que nous voulons ardemment, ce que nous voulons amicalement, c'est surmonter cette période et entrer avec la Côte d'Ivoire, entre les deux peuples français et ivoiriens dans une période de coopération avancée, ressourcée, renouvelée pour le plus grand bien de tous.
Pourquoi est-ce à quelques jours de l'élection présidentielle que vous décidez d'effectuer cette visite en Côte d'Ivoire ?
Pour une raison simple. C'est qu'une page nouvelle est en train de s'ouvrir avec cette élection. Je le répète, la France n'a aucun candidat, n'a aucun favori. Il était donc important que je ne vienne pas trop près des élections. Vous le savez mieux que la campagne officielle ne s'ouvrira que dans une quinzaine de jours. Il nous semblait important, à travers cette visite, de reconnaître la volonté du peuple ivoirien et la volonté des responsables politiques ivoiriens de tenir cette élection. Cette élection, chacun le sait et les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu sont claires, à cet égard, est le point de départ d'une coopération renouvelée avec le reste du monde et donc d'une place retrouvée de la Côte d'Ivoire dans le concert international.
Le président Gbagbo, dans une interview accordée à Rfi, accusait la France d'avoir tenté un coup de force lors des évènements de 2004, pour l'enlever du pouvoir. Avez-vous abordé cette question lors de votre rencontre ?
Toutes les questions sont évoquées lorsqu'on est en famille en train de vouloir sortir des difficultés dans lesquelles nous nous trouvons. Cela étant, je voudrais dire clairement que la France n'a jamais eu cette volonté d'intervenir dans les affaires politiques ivoiriennes même si une interprétation a pu en être faite.
Vous avez rencontré les différents partis, ont-ils souhaité que la France joue un quelconque rôle dans la dernière phase du processus de sortie de crise ?
La crise a un rôle. Mais qui est sous l'égide des Nations Unies. Il est clair que compte tenu de nos liens avec la Côte d'Ivoire, nous sentons une obligation particulière que ce que nous réclament les Nations Unies soit mis en œuvre avec une particulière attention. Mais c'est dans ce cadre que la France intervient.
Les autorités ivoiriennes militent pour une levée de l'embargo sur les armes, quelle est votre opinion sur cette question surtout en cette période électorale ?
L'embargo sur les armes a été décidé par les Nations Unies. Cela étant, il est vrai que dans la perspective des élections, beaucoup de responsables ivoiriens souhaitent que soit levé afin d'améliorer l'environnement sécuritaire de l'élection. La France appuiera une levée partielle de l'embargo, c'est-à-dire qu'elle appuiera la possibilité que la Côte d'Ivoire (se dote de matériel de sécurité) à l'exception d'armes létales.
Si les élections ne se tenaient pas, quelles sanctions encourrait la Côte d'Ivoire ? Les quelles ?
Je ne peux pas imaginer que les élections ne se tiennent pas. La Côte d'Ivoire est un pays profondément démocratique. Je sais que son peuple veut des élections, ceux qui représentent le peuple c'est-à-dire les partis politiques et les candidats affirment qu'ils le veulent, je ne peux pas imaginer d'autres hypothèses.
Si les élections se tenaient, l'Onu a promis le retrait de ses troupes le plus tôt possible. Que se passera-t-il avec la force Licorne ?
La force Licorne a son sort lié à celui de l'Onuci. C'est sûr que l'Onuci et la force Licorne n'ont pas vocation à rester en Côte d'Ivoire, cela étant, il faudrait aussi ménager des transitions. Organiser cette transition avec le nouveau président dont la Côte d'Ivoire se sera dotée et son gouvernement.
Propos recueillis par Jean Prisca
un article propulsé par TORAPAMAVOA :
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