Caisse noire dans la police… pour des ampoules et des stylos
Les commissariats de Lille, Tourcoing et Roubaix sont soupçonnés d'avoir alimenté une caisse noire en revendant à des ferrailleurs du matériel récupéré lors d'interventions. Des sommes dérisoires pour pouvoir acheter de quoi faire fonctionner les commissariats, selon des factures saisies.le système D des commissariats du Nord pour faire face à la crise. Les commissariats de police de Lille, Tourcoing et Roubaix sont soupçonnés d’avoir alimenté une caisse noire en revendant des biens saisis sur la voie publique : des vélos et autres matériaux normalement destinés à la destruction et ici revendus à des ferrailleurs. La pratique, illégale, durait depuis au moins 3 ans. Sauf que l’argent récolté ne servait pas à un quelconque enrichissement personnel, mais permettait seulement aux commissariats de financer les dépenses de fonctionnement quotidien des services, expliquent les syndicats. Une rigoureuse comptabilité était d’ailleurs tenue, avec cahiers de comptes et factures,montrant des achats de papiers pour imprimante, des ampoules, un GPS pour une patrouille ou encore des sandwichs le midi. Les sommes saisies, entre 800 et 1.200 euros sont en outre dérisoires. Une enquête interne à la police a été ouverte à Lille et les commissaires concernés seront entendus la semaine prochaine.
« Pas de papiers et plus d’argent pour l’essence des patrouilles »
Pour
Fabrice Danel, délégué du syndicat SGP police- FO dans le Nord, cette
dérive n’est qu’un reflet du manque de moyens de la police : « Depuis
quelques temps on a un gros problème de budget dans la police nationale
et on arrive même plus, nous, à assumer le petit matériel - ampoules,
stylos...- dans les commissariats. Il y a vraiment un gros problème.
Quand on compare le budget de 2009 avec celui de 2012, il y a entre 30
et 40% de baisse. En 2010, dès août c'était catastrophique : il n'y
avait même plus de papiers pour les procédures et on ne pouvait plus
acheter d'essence pour les véhicules de patrouilles ».
« Les cours de commissariats ressemblent à des déchetteries »
Sur
RMC, Sylvie Feucher secrétaire générale du syndicat national des
commissaires de police, pointe également du doigt le problème des
ferrailles et autres matériaux récupérés par la police dont elle ne sait
que faire. « Les cours de commissariats ressemblent plus à des déchetteries qu’à des services publics, explique-t-elle. Normalement
c’est aux mairies de nous débarrasser de ces matériaux stockés, mais
souvent ça ne fonctionne pas. Les vélos en bon état on peut les revendre
au Domaine comme l’exige la loi, mais on ne peut pas se débarrasser de
tous les matériaux, notamment les morceaux de ferraille qui restent dans
les commissariats et qui ne servent à rien. Donc là ces commissariats
ont réussi à les revendre à une entreprise spécialisée dans le
traitement de la ferraille, mais pour des sommes vraiment dérisoires et
en tenant des comptes précis. Il n’y a pas eu d’enrichissement
personnel. La police du quotidien, c’est le parent pauvre de la police
nationale ».
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