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Le FN en Israël : l’opération reconquête ratée de Nicolas Bayin
Dernière modification : 27/01/2017
À l’origine, le secrétaire général du Front national Nicolas Bay se rendait en Israël pour "lever des incompréhensions ou des malentendus". Mais sa visite non officielle avec des représentants du gouvernement a créé la confusion.
Ce devait être une visite "non officielle". Mais le secrétaire général du Front national Nicolas Bay, en déplacement en Israël du 23 au 26 janvier pour "nouer ou renforcer des contacts avec un pays ami", a multiplié les tweets en s’affichant avec différents représentants officiels : le secrétaire général du mouvement Kibboutz et cofondateur du principal mouvement israélien pour la paix israélo-arabe Gavri Bargil, le membre du comité central du Likoud David Ish-Shalom et David Shayan, président des jeunes du Likoud.
Il a également publié sur Twitter un cliché d’un dîner — qui a été retiré de son compte depuis — avec Arnon Afek, directeur général adjoint du ministère de la Santé, ainsi que le commandant médical du commandement du front intérieur, le colonel Eyal Furman.
Sauf que ces rencontres rendues publiques sont de loin de coller avec la politique officielle israélienne, qui récuse depuis de longues années tout contact avec le Front national en raison de "son passé, son idéologie". "Aucun officiel israelien n'a le droit d'avoir de contacts avec quiconque du Front national", rappelle le correspondant de France 24 à Jérusalem, Cyril Payen. Ces entrevues ont donc provoqué un malaise côté israélien.
"Je ne savais pas qu’il appartenait au FN"
Interrogé par l'AFP, David Ish-Shalom parle d’une rencontre "non officielle", qui s'est "faite en passant". "Je ne savais pas qu'il appartenait au FN", se défend-il. Même réaction pour le haut fonctionnaire Arnon Afek, interrogé par le correspondant du Monde : "C’était un rendez-vous non officiel." Affirmant ne pas être au courant de sa présence au repas, il s’est justifié : "On m’a demandé de parler du système de santé israélien. Quand M. Bay m’a donné sa carte, j’ai dit clairement que je ne faisais pas de rencontres politiques." De son côté, le haut gradé a quitté les lieux dès qu’il a réalisé la présence du politicien français.
Pour couper court à toute polémique, le gouvernement israélien a dû se fendre d’un communiqué, vendredi 27 janvier, pour nier tout contact officiel avec le Front national et pour affirmer avoir décliné les demandes de rencontre officielle avec le numéro trois du parti d'extrême droite pendant sa visite.
Le ministre israélien des Affaires étrangères a par ailleurs démenti que le cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahou avait approuvé une rencontre entre Nicolas Bay et le ministre de la Santé Yaakov Litzman, comme l'avait évoqué jeudi 26 janvier Europe 1. Le ministère de la Santé a pour sa part indiqué que le ministre s'était retrouvé à son insu en présence de Nicolas Bay lors d'une réunion.
"Il existe un vrai débat"
De retour en France, Nicolas Bay refuse de parler de maladresse de communication. "Je n’avance pas masqué, les choses étaient claires pour tout le monde. Vous vous doutez bien qu’on entre sur le territoire israélien en présentant tous ses papiers", a-t-il affirmé à France 24.
Malgré les démentis des intéressés, l’eurodéputé persiste : "Il existe un vrai débat dans les milieux du pouvoir", assure-t-il, même s’il reconnaît que tout interlocuteur fait l’objet de prudence.
Pas sûr qu’au final, cette visite ait les effets escomptés. "Cette opération séduction envers les électeurs juifs a capoté", a estimé pour sa part Nonna Mayer, chercheuse à Science-Po spécialiste des électeurs d'extrême droite. Le processus de dédiabolisation du parti amorcé depuis plusieurs années montre ses limites", poursuit-elle. Le Front national cherche à attirer l’électorat juif en profitant "de l'inquiétude grandissante d'une partie de la communauté juive face à la montée de l'antisémitisme islamique", ajoute-t-elle.
Lors de sa visite, Nicolas Bay s’était rendu au mémorial de Yad Vashem, où il s’est rappelé les mots de Marine Le Pen : "Les camps ont été le summum de la barbarie." Des propos que la candidate à la présidentielle a tenus début 2011 et qu'elle ne cesse de répéter pour faire oublier ceux de son père Jean-Marie Le Pen, qui avait qualifié les chambres à gaz de "détail" de la Seconde Guerre mondiale. Depuis son arrivée à la tête du parti, l’image du FN s’est nettement améliorée, constate Nonna Mayer, avant de nuancer : "Mais le parti reste perçu comme un parti anti-système. Marine Le Pen reste, malgré tout, la fille de son père."
Première publication : 27/01/2017
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