mercredi 23 mai 2007, 14h07
Université: les syndicats dénoncent une volonté de "passage en force"
PARIS (AP) - Premières tensions sociales. L'annonce mercredi par le Premier ministre François Fillon du vote d'une loi sur l'autonomie des universités en juillet provoque une levée de boucliers parmi les syndicats de l'enseignement supérieur et les principales organisations étudiantes, qui dénoncent une volonté de "passage en force" du gouvernement et l'absence de "toute concertation".
"Des ministres de l'Enseignement supérieur ont sauté par le passé, et notamment Alain Devaquet sur un texte équivalent en 1986", avertit l'UNSA-Education. Le syndicat étudiant UNEF demande déjà le report du vote de la loi.
Seule l'UNI, syndicat étudiant ancré à droite, salue dans un communiqué "la volonté affichée par le gouvernement d'avancer très rapidement sur ce dossier". L'UNI estime que "l'autonomie apportera une plus grande souplesse dans les choix politiques et stratégiques des établissements".
"Nous allons engager une réforme très, très importante pour l'avenir de notre pays, peut-être l'une des plus importantes: la réforme de l'université", a déclaré le Premier ministre sur Europe-1, précisant que "ce sera voté au mois de juillet".
M. Fillon a affirmé qu'il n'était pas question de mettre en place une sélection à l'entrée des universités ou d'augmenter les frais d'inscription. "Il est question de donner de l'autonomie aux établissements pour qu'ils puissent s'organiser comme ils l'entendent, recruter comme ils l'entendent, créer les enseignements qu'ils veulent", a-t-il indiqué.
Tout en se félicitant que "le Premier ministre n'entende pas instaurer la sélection à l'entrée de l'université ni augmenter les droits d'inscription", l'Union nationale des étudiants de France (UNEF, premier syndicat étudiant) a dénoncé dans un communiqué "le calendrier retenu (...) qui révèle la volonté d'un passage en force contre l'avis de la communauté universitaire". L'UNEF demande le report du vote de la loi.
Même son de cloche de la part du président de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) Thiébaut Weber. "Réforme de l'université ne doit pas être synonyme de passage en force", a-t-il déclaré mercredi à l'Associated Press. "Nous ne voulons pas voir ces réformes faites sans les principaux intéressés, à savoir les étudiants eux-mêmes".
Pour Jean Fabri, secrétaire général du SNES-Sup (principal syndicat des enseignants du supérieur), "c'est exactement le contraire de ce qu'on avait demandé, c'est-à-dire la prise en compte des demandes formulées par les syndicats, et de ne rien faire dans la précipitation et sans moyens".
"Cette pratique qui consiste à passer à la hussarde, à empêcher toute concertation, d'agir quand les étudiants et les personnels ne sont pas dans les campus, est d'une violence inouïe vis-à-vis du monde universitaire", a-t-il dit à l'Associated Press.
L'UNSA-Education, pour sa part, est "tout à fait réservée sur des mesures qui seraient prise à la va-vite pour montrer qu'on veut changer les choses. Il faut qu'aujourd'hui s'ouvre réellement une grande concertation avec les acteurs universitaires et les acteurs économiques et sociaux des régions".
Pour Luc Bentz, secrétaire national du syndicat, "le gouvernement doit prendre le pouls de l'ensemble des acteurs. Si c'est une réforme idéologique qui donne lieu à des manifestations monstres, des retraits et un recul encore plus important qu'avant, ce n'est pas la meilleure solution". Et de rappeler que "des ministres de l'Enseignement supérieur ont sauté par le passé, et notamment Alain Devaquet sur un texte équivalent en 1986". AP
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