10/05/2007

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Ministre de L'antipropagande a dit…

Arnaud Labrousse & François-Xavier Verschave
Les Pillards de la forêt
Exploitations criminelles en Afrique
Le saccage des forêts primaires d’Afrique centrale est infiniment plus rapide et accompli que ne l’avouent les discours officiels des gouvernements africains et de leurs « bailleurs de fonds » occidentaux. Sous la pression des mouvements écologistes, les seconds ont fait adopter aux premiers des réglementations, souvent très élaborées, qui sont censées protéger l’écosystème, la biodiversité, et garantir le « développement durable ».
Le résultat est exactement inverse.
Voici plusieurs études de cas assez exemplaires, où les opérateurs français occupent une place privilégiée. Pour comprendre comment s’organise ce pillage, il fallait analyser les agissements de nombreuses sociétés (Rougier, Bolloré, Thanry, Pallisco, etc.) ; décrypter les liens entre des acteurs de l’exploitation et les réseaux mafieux, entre des hommes politiques occidentaux tels que Foccart, Godfrain, Pasqua, Chirac et leurs homologues africains ; enfin, suivre l’argent du bois depuis la Banque mondiale jusqu’aux coffres des paradis fiscaux, depuis les ventes de grumes jusqu’aux trafics d’armes.
Arnaud Labrousse est l’auteur du Silence de la forêt (L’Harmattan, 2000).
François-Xavier Verschave a écrit, entre autres, La Françafrique (Stock, 1998), Noir silence (Les Arènes, 2000) et L’Envers de la dette (Agone, 2002).

Les « Dossiers noirs » sont issus d’une collaboration entre AGIR ICI et SURVIE, qui mènent régulièrement, avec une vingtaine d’associations françaises, des campagnes conjointes pour « ramener à la raison démocratique » la politique africaine de la France. Afin d’en refonder la crédibilité, AGIR ICI et SURVIE ont émis une série de propositions régulièrement réactualisées.

• AGIR ICI (agirici@agirici.org) est un réseau de citoyens spécialisé dans l’intervention auprès des décideurs politiques et économiques des pays du Nord en faveur de relations Nord/Sud plus justes. AGIR ICI mène des campagnes d’opinion liées à l’actualité en collaboration avec d’autres associations françaises, européennes et internationales.

• SURVIE (survie@wanadoo.fr) est une association de citoyens qui intervient depuis 1983 auprès des responsables politiques français pour renforcer et rendre plus efficace la lutte contre l’extrême misère dans le monde. SURVIE milite pour une rénovation du dispositif de coopération, un assainissement des relations franco-africaines et une opposition ferme à la banalisation des crimes contre l’humanité.

- Consulter Jean Chatain L'Humanité, 25/02/2003

Le pactole africain ne se limite pas au pétrole, métaux précieux et autres diamants, le saccage des forêts primaires représente également une source de surprofits d’autant plus juteuse que largement ignorée. Dans un pays comme le Cameroun, selon la FAO, la déforestation progresse d’au moins 120 000 hectares par an, et, bénéficiant de la complicité (intéressée) du gouvernement Biya et de l’armée, les sociétés françaises y accaparent les trois quarts de la filière bois. Dans le peloton de tête, le groupe Bolloré, qui avait déjà fait l’objet d’une publication de la collection « Dossiers noirs » : Bolloré : monopoles, services compris (L’Harmattan, octobre 2000).
Surnommé « le dernier empereur du Cameroun », Bolloré envoie ses tentacules tous azimuts. Son activité, traditionnellement centrée sur l’exploitation du bois, son transport (pour l’exportation) et les services connexes, est en train de s’étendre à la logistique du futur oléoduc Tchad-Cameroun, aux côtés du frère ennemi, Bouygues.
« Sur la liste des lauréats des coupes 2000 de bois camerounais, on repère vite un récidiviste, Vincent Bolloré, derrière sa Société industrielle des bois africains (SIBAF) et sa Forestière de Campo (HFC). C’est le seul investisseur franco-français à emporter deux concessions », relève la dernière publication d’Agir ici et Survie, précisant que « si la SIBAF est depuis longtemps associé au nom du chasseur Valéry Giscard d’Estaing, la HFC est plus connue, depuis les années soixante, pour son rôle de pilleur de la réserve naturelle de Campo-Ma’an. »
Un exemple révélateur de la stratégie de monopole mise en place par ce type de groupe, s’appuyant sur une pratique de dessous de table érigée en système. Juillet 2000, la HFC est sélectionnée pour des « travaux d’entretien de voies de chemin de fer », financés par la Banque mondiale, concernant la société ferroviaire Camrail, dont Bolloré avait obtenu la concession l’année précédente avec le sud-africain Comazar. Un schéma proche de la perfection : « Il convenait d’améliorer le transport du bois en provenance de la deuxième concession de Bolloré dans le lointain sud-est du pays, de faire charger ce bois par un manutentionnaire Bolloré, dans des wagons Bolloré, destinés au parc à bois Bolloré, pour qu’il retrouve au bout du chemin, sur les quais, les beaux navires Bolloré… » Pour rendre le tout présentable, il suffit de le baptiser « valorisation locale des ressources naturelles pour le marché domestique » et personne n’osera seulement trouver quelque chose à redire.

Jean Chatain
L'Humanité, 25/02/2003

http://atheles.org/agone/dossiersnoirs/lespillardsdelaforet/

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