VU DES ÉTATS-UNIS • Comme Reagan en son temps
Pour le journaliste et blogueur américain Doug Ireland, fin connaisseur de la France, derrière Nicolas Sarkozy se cache un Reagan en puissance et un conservateur tout sauf compassionnel.
La victoire de Sarkozy n'est pas sans rappeler que l'on a baptisé la "Révolution Reagan" aux Etats-Unis, qui s'est traduite dès 1981 par le démantèlement systématique et la destruction de l'héritage institutionnel du New Deal de Franklin Roosevelt. Chirac était gaulliste. Or, l'héritage politique du général Charles de Gaulle, qui gouverna la France de 1958 à 1969, passait par une approche résolument étatiste de l'économie et la défense d'un large éventail de mesures de protection et de sécurité sociale. Sarkozy incarne une nouvelle génération. Idéologiquement, il n'est pas gaulliste. Dans le domaine de l'économie, Sarko serait plutôt en phase avec "l'école de Chicago" de Milton Friedman.
Sarko croit en une réduction de l'intervention de l'Etat, ce dernier interférant le moins possible dans l'économie. Il a déjà promis d'abolir l'impôt sur la fortune, d'accorder davantage d'allègements fiscaux aux grandes entreprises et à la classe moyenne supérieure, et de pratiquer des coupes sombres dans le système national de santé (pourtant présenté par une étude des Nations unies comme l'un des meilleurs du monde en termes de prestation et de qualité des soins). Le programme économique de Sarkozy a pour vocation d'aider les classes déjà privilégiées à préserver et renforcer leur position socio-économique, au détriment des plus démunis. Et il a promis une réduction drastique du service public et des organismes d'Etat.
Sarkozy est un habile démagogue qui a cherché à donner l'impression, comme l'a fait Bush lors de sa première campagne présidentielle qu'il était un "conservateur compassionnel". Mais la prétendue "compassion" de Sarkozy ne dépasse pas le cadre de la rhétorique.
Doug Ireland
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