Par Rue89 18H23 24/06/2007
Deux élus UMP souhaitent modifier le reglèment de l'Assemblée, face à des dérives qui s'aggravent selon Anticor.
Les bureaux du Palais Bourbon sont encore vides ou encombrés de cartons, mais le courrier des députés n’a jamais été aussi fourni. Nouveaux élus ou pas, ils croulent sous les lettres de félicitations. Les signataires? De grandes entreprises publiques, des fédérations ou des groupements professionnels. Tout ce qui fait tourner l’économie française. Le message? Bravo pour votre élection, mais… ne nous oubliez pas!
"Je n’ai jamais vu ça, dit Séverine Tessier, assistante parlementaire du député socialiste de la Nièvre Christian Paul. Et ça commence dès le début de la session." Le phénomène est désormais bien ancré dans les usages de l’Assemblée nationale. Toutes les grandes entreprises ont compris l’utilité du travail d’influence auprès des parlementaires. Déjeuners dans les restaurants chics, colloques tout frais payés au sein même du Palais Bourbon, voyages d’études… jusqu’aux places gratuites pour la finale de la Coupe du monde de football, avec aller-retour en jet privé. Le tout offert par Suez! L’affaire avait fait scandale en 2006.
"Députés sous influences", une longue enquête de deux journalistes de l’Express, parue à l’automne 2006 chez Fayard, a fait prendre conscience de l’ampleur du problème. En profitant d’une absence de règles claires et du laxisme qui a prévalu pendant des décennies sur ces troubles activités, les députés se sont laissés circonvenir par les cabinets de lobbying. Jusqu’à être incapables de savoir précisément qui bénéficie d’un badge d’accès à l’Assemblée…
Séverine Tessier, présidente de l’association Anticor, qui regroupe des élus de tous bords militant contre la corruption et pour une réglementation stricte de l’activité des lobbyistes, témoigne de ces pratiques:
La frontière entre vie publique et intérêts économiques est devenue tellement ténue qu’une clarification du rôle de chacun s’impose. Et notamment autour du travail des assistants parlementaires, des collaborateurs souvent mal payés, à qui des cabinets de lobbying proposent un complément de rémunération parfaitement légal, mais aussi très ambiguë. Comme une partie des 2000 collaborateurs parlementaires, Séverine Tessier a reçu ce genre de proposition qu’elle estime contraire à l’éthique.
Pour les députés UMP Patrick Beaudouin (Val-de-Marne) et Arlette Grosskost (Haut-Rhin), la clarification serait d’enregistrer les lobbyistes et d’encadrer leurs activités. C'est en ce sens qu'ils entendent poursuivre leurs travaux au sein d'un groupe d'étude dès cet été, afin d'aboutir à une proposition de résolution visant à modifier le règlement de l'Assemlée nationale. L'élue du Haut-Rhin espère qu'elle sera adoptée avant la fin de cette année:
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