Vague bleue attendue: sur la plage, le drapeau rouge hissé dans un bastion déserté, une résistance confuse et sans espoir s’organisait. Les oracles étaient clairs: la fatalité quinquennale s’abattrait, détruisant tout, ou laissant si peu. Pourtant, ils s’étaient trompés: l’écume ne fut que larmes bleues, et la baraque, en fête plutôt qu’en feu, se félicita de n’avoir été qu’ébranlée. Pourquoi la prophétie fut-elle fausse? Quelles conséquences en tirer? Il était idiot de croire que, parce que les Français avaient élu un candidat du changement, ils y étaient prêts.
Flash-back : le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy est élu président de la République. Portant un message de renouveau, il est lui-même porté par un torrent populaire. Les Français l’ont compris : avec lui, c’est l’ère du compromis, du réalisme économique : travailler plus pour gagner plus, non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, réforme des régimes spéciaux...Un dîner plus tard, c’est le cadeau fiscal : sa cote de popularité grimpe en flèche, raz de marée au premier tour des législatives. Soudain retour à la réalité : ces mesures ne sont pas gratuites, pire, elles ne sont pas seules sur l’addition, déjà bien remplie par dette et retraites ! La TVA sociale est jetée sur la table : c’est le drame, victoire de justesse aux législatives.
Car les Français ont voulu le changement, pourvu qu’ils en bénéficient mais n’y contribuent pas. L’élection de Nicolas Sarkozy était un écran de fumée ; ils ont élu des valeurs, un message, un discours : ils se sont donnés bonne conscience. Mais, dès lors qu’il s’agit de donner un corps à ces idées, de rentrer dans la réforme, d’appliquer les promesses, d’accepter des compromis pour maintenir un semblant d’orthodoxie budgétaire : plus personne ! Le changement ne doit rester qu’un doux rêve ! Avec les élections, le malentendu concernant la popularité de Sarkozy, lié à l’enthousiasme pour ses réformes populaires et immédiates, et non à l’enthousiasme populaire lié à ses réformes à venir, a d’ailleurs été dissipé. Le massacre électoral - ou l’ampleur du bémol - succédant à l’irruption de la TVA, première concrétisation des efforts à fournir pour rattraper la mondialisation à marche forcée, est l’image cinglante d’un peuple qui a voté pour des efforts mais renâcle à leur application, l’illustration vivante d’un nouveau paradoxe : celui d’un électorat rétif au programme du candidat élu. En effet, si la TVA n’était certes pas incluse dans le programme du candidat, il n’est pas impossible qu’elle soit le paradigme des réformes laborieuses et difficiles déjà citées et, elles, comprises dans celui-ci.
Ce message législatif est un bel avertissement pour le gouvernement Fillon et Sarkozy : les Français risquent de ne pas les suivre dans les grands chantiers à venir. D’ores et déjà, ils doivent s’habituer au goût âcre des réformes impopulaires mais nécessaires.
par Timmy C. est un jeune étudiant parisien.
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