16/06/2007

Médecins du Monde dénonce

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Selon Médecins du Monde, les SDF installés sous des tentes ont reçu la visite d'"agents de sécurité de la Ville" qui leur ont demandé de partir en les menaçant d'expulsion par la police. Un ultimatum aurait été fixé à ce samedi et des tentes auraient été jetées dans la Seine.






Le Canal Saint-Martin à Paris le 2 janvier 2007 (AFP)


Les SDF qui vivent sous la tente à Paris ont reçu ces derniers jours la visite d'agents de sécurité qui les ont sommés de partir, sous peine d'expulsion par la police, a affirmé vendredi 15 juin Médecins du Monde (MDM), sur la foi de "nombreux témoignages".
"Depuis quelques jours, les personnes vivant sous les tentes, dont celles distribuées par Médecins du Monde, font état de pressions pour qu'elles évacuent les tentes", annonce MDM dans un communiqué.
"Les témoignages qu'on a recueillis convergent tous vers le même récit", a précisé à l'AFP Graciela Robert, responsable de la mission SDF de Paris pour MDM.

Des "agents de sécurité"

"Les agents de sécurité de la Ville sont passés pour dire qu'il fallait qu'ils partent, que sinon c'est la police qui viendrait", a-t-elle ajouté. "Apparemment l'ultimatum serait demain (samedi)", a-t-elle ajouté, en citant un "arrêté préfectoral" récent mentionné dans les témoignages.
Selon la préfecture de police, "il n'y a pas eu d'arrêté préfectoral pris dans le cadre des situations évoquées par Graciela Robert".
"Il y a des fois où ça s'est mal passé, des tentes ont été jetées dans la Seine", selon ces témoignages, a assuré la responsable de MDM.
Interrogée, la mairie de Paris s'est déclaré "étonnée", assurant qu'il ne pouvait s'agir d'agents municipaux. "Les services municipaux n'ont pas reçu instruction de faire cela", a-t-on affirmé.
"Il n'est pas impossible qu'un agent ait dit ça parce que c'est interdit de camper dans Paris", selon la même source.
"Il peut y avoir eu des confusions entre différents services de sécurité", a-t-on souligné.
Médecins du monde (MDM) a par ailleurs dénoncé l'absence de respect des engagements pris par le précédent gouvernement vis-à-vis des sans-abri et la poursuite de l'évacuation des tentes "sans proposer de solutions".
"En février 2007, des engagements ont été pris par le ministère du Travail et de la Cohésion sociale. Dans cette logique, 55 dossiers ont été déposés par Médecins du monde auprès de la DASS (Direction des affaires sanitaires et sociales) de Paris. Nous avions reçu l'assurance que chacun de ces dossiers trouverait rapidement une solution durable (maison relais, hôtel social, hébergement de stabilisation, CHRS). Six autres dossiers de logement social ont été présentés", précise le communiqué.
"A ce jour", déplore MDM "nous n'avons reçu aucune proposition de la DASS conduisant à des hébergements durables, malgré plusieurs réunions et relances. Sur l'ensemble des dossiers présentés, seuls deux ont abouti à un relogement effectif".

"Respect des engagements"

"A la lumière de ce constat", Médecins du monde "rappelle les pouvoirs publics au respect des engagements pris début 2007", et "proteste contre ces évacuations qui continuent d'entretenir une stratégie visant à cacher la misère de la rue".
Depuis décembre 2005, MDM distribue des tentes aux SDF à Paris pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur leur sort. En décembre 2006, l'association les Enfants de Don Quichotte avait à son tour installé plusieurs centaines de tentes le long du Canal Saint-Martin, invitant les habitants à venir dormir aux côtés des SDF.
Face au retentissement de l'opération, qui s'était étendue à plusieurs villes en province, le gouvernement avait annoncé le 8 janvier dernier la mise en place d'un plan d'action renforcé au profit des mal-logés et des SDF s'appuyant notamment sur 27.100 places d'hébergement, les personnes accueillies devant se voir proposer une "solution pérenne".
Un comité de suivi composé des principales associations d'aide aux plus démunis avait été créé pour veiller à la mise en oeuvre de ce programme, suivi notamment par la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS).
Les campements des Enfants de Don Quichotte ont, depuis, été progressivement démonté.
"Pour toutes les personnes des tentes des Enfants de Don Quichotte des solutions ont été trouvées", a assuré de son côté la présidente de la FNARS Nicole Maestracci, interrogée vendredi par l'Associated Press.
La FNARS précisait toutefois que quelques dossiers étaient toujours en cours de règlement, sans pour autant que les personnes soient encore sous des tentes, et que 53 personnes entrées dans le dispositif début 2007 n'avaient plus donné suite depuis.
"Sur la mise en oeuvre du plan annoncé, la non-remise à la rue des personnes accueillies, l'ouverture des centres 24 heures sur 24, et le financement, il y a eu des avancées. Même si tout n'est pas réglé, on ne peut pas dire que rien n'a été fait", a ajouté Nicole Maestracci.
La FNARS explique qu'un bilan des opérations menées à Paris comme en province pourrait être fait dans les prochaines semaines. (Avec AP et AFP)

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