Par manu2005 19H27 21/06/2007
J'avais commencé à écrire un post sur l'article: "Amnesty: un climat de suspicion autour des réfugiés". Et puis, je me suis dit: "Encore du racisme ordinaire, je n'ai rien de plus à ajouter que je n'ai déjà dit dans d'autres posts." Je ne suis pas non plus un spécialiste des demandeurs de statuts de réfugié. Autant laisser les gens qui connaissent bien le problème en parler.
Mais, en rentrant du travail, je jette un œil au forum… Le racisme était encore un peu plus ordinaire que d'habitude. Que disais mon post non posté? Que le problème est complexe. Racisme, politique, économie, culture… Malgré l'ampleur du racisme ordinaire déversé ici, il ne m'a pas surpris.
Pourquoi? Parce que quelque chose de grave s'est passé en France. Qu'un quidam tienne des propos racistes, ce n'est pas bien, mais ce n'est pas aussi grave que si c'est un élu qui en parle. On a toléré bien des digressions au Front National (et à son avatar MNR). C'était déjà une grave erreur de laisser des propos racistes envahir le débat politique et les affiches.
Mais ce n'était malgré tout, pendant assez longtemps, qu'un parti "marginal" en termes de présidentialisation. Puis, de plus en plus, les partis "traditionnels" ont, pour des raisons électorales, voir peut-être de convictions, flirté avec ces idées, ce propos. Quand des gens comme Nicolas Sarkosy ou Ségolène Royal ont commencé à parler d'identité Nationale, les choses ont gravement basculé.
Le racisme d'état était né. Officiel, banalisé. Et l'article ne parle que de l'application de cette politique. Car l'immigré, clandestin ou non, essaie sournoisement de s'infiltrer pour profiter de nos allocations. Et quel moyen plus sournois que celui d'utiliser notre bon cœur pour s'infiltrer, soit disant comme réfugié politique et rester ensuite comme profiteur et délinquant. Voilà le discours que nous tiennent insidieusement les médias et certains politiques. Celui dont se fait écho cette politique.
Pourquoi les politiques? Parce qu'il leur faut un bouc émissaire pour porter la responsabilité de problèmes qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas traiter (chômage, économie). Parce qu'ils ont laissé par calcul politique un parti nationaliste et raciste planter ses mauvaises graines (insécurité médiatiquement exacerbée).
Parce que c'est toujours facile de désigner l'autre comme responsable de ses maux. Mais cet article ne parle pas de racisme, ne nous laissons pas entraîner. Il parle de réfugiés.
Qu'est-ce qu'un réfugié? Sans être un professionnel du sujet, on peut penser qu'il s'agit de quelqu'un qui a fuit son pays pour des raisons de sécurité. Pourquoi ne s'est-il pas battu demande un des lecteurs de l'article? Et bien, beaucoup de raisons me viennent à l'esprit: il n'avait que ces poings face à des armes de guerre, ils étaient plus nombreux que lui. Mais encore plus : il était vieux, fatigué, malade, avait de jeunes enfants.
Ou encore plus : il n'a pas envie de faire de sa vie une lutte à mort, ce n'est pas un belliqueux.
Un autre s'inquiète de ce que ça va coûter. Le même, sans doute, s'indignerait quand on lui parle de personnes refoulées d'hôpitaux américains fautes de moyens. Cela coûtait parfois la vie à des gens qui protégeaient des juifs pendant la guerre. On ne nous en demande pas tant.
On nous dit que notre pays traverse de graves difficultés économiques. On me parle d'ailleurs de la crise depuis 1973 pour être exact. Pourtant, je vois des compagnies faire de gros bénéfices. Et quand je sors dans la rue, je vois de plus en plus de grosses voitures toutes neuves. Des gens biens habillés, bien nourris.
Bien, sûr, il y en a qui galèrent. Je ne pense pas que ceux là aient les moyens de s'exprimer sur les Forums de Rue89. Et parmi ceux là, rares sont ceux qui ont faim ou froid. Il y en a bien sûr. Enfin, encore plus rares sont ceux qui risquent la mort ou la torture.
Or, pour nos réfugiés c'est de cela dont il s'agit. Et, face à cela, nos hésitations financières ou identitaires sont du plus mauvais goût. S'attaquer à la racine du mal est une très bonne idée, pour que tous ces gens puissent vivrent chez eux en paix. Je suis sûr que presque tous le voudraient aussi.
Mais pour le moment il y a urgence et c'est de cela dont on parle. De tendre la main à un enfant, un vieillard, un aveugle, un réfugié qui en a besoin. Comme on voudrait savoir qu'un jour, plus bas que l'autre, on nous la tendra. C'est cela l'humanité, la société, celle dont je voudrais être fier.
Au lieu de cela, pour satisfaire les instincts les plus vils, la mesquinerie, la xénophobie, on refoule ces gens, sournoisement, en les piégeant là où ils viennent se faire régulariser et parfois même illégalement.
Et on les renvoie vers la torture et la mort. Et c'est de cette société que l'on voudrait que je sois fier.
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