04/06/2007

Prenons en de la graine...

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lundi 4 juin 2007, 15h02
L'étau se resserre autour des opposants russes avant la présidentielle
Par Olga NEDBAEVA

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MOSCOU (AFP) - Perquisitions, interpellations et interrogatoires au FSB (ex-KGB): l'étau se resserre autour des opposants russes à l'approche de la présidentielle de mars 2008, alors que le président Vladimir Poutine se présente comme "le seul pur démocrate au monde".
Le dirigeant de l'ONG russe Pour les droits de l'Homme Lev Ponomarev, très critique à l'égard du Kremlin, a été convoqué lundi pour un interrogatoire par les services de sécurité russes (FSB), qui le soupçonnent d'"extrémisme".

"L'extrémisme est un sujet en vogue en ce moment en Russie (...) Les autorités peuvent me traiter d'extrémiste parce que je défends les droits de l'Homme et soutiens les marches de l'opposition", a déclaré M. Ponomarev à l'AFP.

La nouvelle loi sur l'extrémisme, promulguée en juillet 2006 par le président Poutine, étend la définition de l'extrémisme à la diffamation de responsables politiques.

L'opposante Marina Litvinovitch, collaboratrice de l'ex-champion du monde d'échecs Garry Kasparov, a pour sa part été brièvement interpellée lundi à son arrivée à Saint-Pétersbourg (nord-ouest) où une "marche du désaccord" est prévue samedi.

"Elle a passé près de deux heures au commissariat, où l'on voulait des explications sur les motifs de son arrivée à Saint-Pétersbourg", a raconté à l'AFP Denis Bilounov, responsable du mouvement d'opposition L'Autre Russie mené par M. Kasparov, qui organise la marche.

"Des citoyens russes doivent expliquer pourquoi ils se rendent d'une ville russe à l'autre. C'est honteux et monstrueux", dénonce-t-il.

L'annonce par l'ancien dissident soviétique Vladimir Boukovski, qui vit aujourd'hui à Londres, de son intention de se présenter à la présidentielle en 2008 a aussi étrangement coïncidé avec des ennuis pour deux de ses partisans.

La police russe a perquisitionné jeudi à Moscou au domicile de Vladimir Pribylovski, un analyste politique qui soutient M. Boukovski.

"La raison principale, c'est qu'ils voulaient voir ce que j'écris sur Poutine avant que cela ne soit publié. La deuxième est ma participation au groupe de soutien" à la candidature de M. Boukovski, a déclaré M. Pribylovski à l'AFP.

Officiellement, la perquisition était liée à la recherche de documents concernant le meurtre en avril 2005 d'un général du FSB, a-t-il précisé.

Le parquet a également convoqué la semaine dernière l'analyste politique russe Andreï Piontkovski pour l'interroger sur ses publications jugées "extrémistes". En visite aux Etats-Unis, il n'a pas répondu à cette convocation.

"Le pouvoir fait monter la tension exprès. Les attaques contre l'opposition, les campagnes anti-géorgienne et anti-estonienne, la rhétorique anti-occidentale servent à créer une atmosphère d'île assiégée", estime Iouri Korgouniouk, analyste de la fondation Indem.

"Le destinataire de ces actions est l'électeur russe" qui, face à ces menaces, doit de ranger plus spontanément encore derrière le pouvoir, ajoute-t-il.

"Lutter contre la dissidence est le désir naturel de tout régime autoritaire. Le Kremlin a aussi peur de l'opposition parce que le pouvoir est corrompu. Il craint que le peuple apprenne la vérité sur ses crimes et qu'il ait envie de changer de pouvoir", déclare le député indépendant Vladimir Ryjkov.

Interrogé sur la démocratie en Russie à la veille du sommet du G8, M. Poutine a assuré de façon sarcastique qu'il était "le seul démocrate au monde" avant d'énumérer les "horreurs" commises en Occident, de l'arbitraire de Guantanamo à l'utilisation de gaz lacrymogènes et de balles de caoutchouc lors de manifestations en Europe.

"Depuis la mort du mahatma Gandhi, je n'ai plus personne à qui parler", a lancé M. Poutine.

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