Par Stéphane Lagarde (Journaliste) 13H02 26/06/2007
Trois ans après sa création, RESF risque-t-il d’être victime de son succès? Le réseau doit-il évoluer et si oui vers quoi? Nous avons posé la question à deux membres fondateurs: Pierre Cordelier et Richard Moyon.
Richard Moyon:
"Depuis trois ans, on est parti à fond sur une absence de structures avec l’idée, quand même, qu’on allait résoudre les problèmes à court terme. Avec le résultat de la présidentielle, les choses se posent en des termes différents. Tenir cinq ans au rythme auquel on marche depuis un an ou deux, c’est physiquement impossible. La structure doit évoluer.
"Il y a une espèce de culture libertaire, une autosatisfaction à dire: 'Y’a pas de chef, y’a pas de représentants, y’a pas de porte-parole...' Et c’est vrai que, d’une certaine manière, c’est un pied-de-nez à toutes les institutions, y compris aux syndicats. Mais si le fait de ne pas avoir de structures établies représente pas mal d’avantages, il y a aussi pas mal d’inconvénients, en particulier au niveau des prises de décisions.
"L’un des risques, c’est d’éclater, car c’est extrêmement fragile. Il va falloir, d’une façon ou d’une autre, mûrir. C’est comme l’union libre. Au bout de quarante ans, on finit bien souvent par normaliser pour des conneries d’héritage, de biens accumulés. Et puis on ne court pas un marathon à la vitesse du 100 mètres. On est la tête dans le guidon 24h/24.
"Parmi les impératifs d’évolution, il ya aussi la nécessité de tisser des liens au niveau européen et international. RESF Maroc et RESF Niger existent. Il faut absolument continuer à développer les contacts en Afrique."
Pierre Cordelier:
"Personnellement, je souhaite que nous restions ce que nous sommes, à savoir un réseau sans bureau. Méfions-nous de ne pas vivre ce qui s’est passé à Attac. Si nous devenions une organisation, on perdrait l’essentiel de ce qui fait notre crédibilité.
"Après les élections, le réseau représente une des rares forces de résistance crédible alors que l’ensemble de la gauche est dans les choux. En fait, nous avons peu de décisions à prendre, à part fixer la date des réunions nationales. Pour le reste, ce sont des décisions locales au cas par cas. La liste Burot nous a d’ailleurs posé problème. Je me méfie des doubles citoyennetés et du consensus à tout prix.
"Il y a deux ans, nous avions déjà été reçus par Claude Guéant, alors qu’il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy. Il voulait qu’on constitue des structures de travail communes, c’était le piège! Faut-il aller vers une association avec tous les dangers que cela comporte: la sclérose, l’installation, la dépendance aux subventions? Il faut se méfier de toute récupération et rester vigilant. Les vacances c’est souvent le temps du relâchement et des mauvais coups."
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