05/06/2007

Tranche de vie

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mardi 5 juin 2007, 21h40
Tentative de médiation police-habitants à Rosny-sous-Bois
Par Sylvie HUSSON

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ROSNY-SOUS-BOIS (AFP) - "On n'est pas contre la police, mais pourquoi avoir embarqué au poste des enfants de 8 ans?" Alors qu'un rapport accablant sur les relations population-police vient d'être divulgué, une femme s'interroge lors d'une "médiation" organisée par le maire de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), après une interpellation perçue comme une "provocation".
"On a entendu des cris et puis on a vu la police qui ramassait les enfants", témoigne émue Louiza Feddag, dont le fils de 12 ans a "été aligné au mur comme les autres", mais n'a finalement pas fait partie des neuf enfants conduits au poste.

Elle ajoute: "on demande à la police de nous protéger, on veut la sécurité de nos enfants et du quartier mais c'est pas ça (...) ils sont tous traumatisés".

Dans une salle du centre socio-culturel du quartier de La Boissière, une douzaine de mères font face au commissaire et au chef de la police municipale. A quelques mètres, une quinzaine d'adolescents observent, adossés au mur.

Tous ont été conviés par le maire, Claude Pernès (UDF), qui a souhaité faire "toute la lumière" sur l'"incident" survenu quatre jours plus tôt, espérant ainsi "réconcilier la police avec la population" au moment où, rappelle M. Pernès à son auditoire, un rapport de police évoque des relations "très tendues" en Seine-Saint-Denis.

Vendredi en fin de journée, des enfants chahutent près d'une aire de jeux, certains sont montés sur le toit d'une voiture au passage d'un gros chien. Appelée par un riverain agacé, la police intervient, munie de flash-balls.

Neuf garçons d'une dizaine d'années (le plus jeune avait 8 ans) sont isolés. Ils pleurent. Des adultes interviennent. Des jeunes majeurs se font, selon la police, menaçants. Les policiers conduisent les enfants au poste. Au cours de l'incident, une bombe lacrymogène est tirée au sol.

Le commissaire, qui reconnaît d'emblée qu'il s'agissait d'un "petit souci de voisinage" qui "ne méritait pas d'amener les enfants au commissariat", explique que ses hommes ont emmené les enfants pour "décanter" la situation alors que ses fonctionnaires commençaient à être "pris à partie par des groupes hostiles".

"Le seul endroit où l'on pouvait poser tranquillement les choses, c'était le commissariat", dit Hervé Derache, qui ajoute que les flash-balls sont là pour "assurer la sécurité" autour, en cas d'incident, "pas pour faire peur aux enfants". "Laissez-nous travailler", implore son collègue de la police municipale.

"C'est un non-événement qui pose beaucoup de questions", déclare devant tous M. Derache, qui réfute tout usage "disproportionné" de la force. "Aucun enfant n'a été menotté", précise-t-il. Les mères maugréent: "encore heureux".

Lorsque le policier parle de "respect", il est cette fois mieux entendu. Les mères aussi n'ont que ce mot à la bouche, doublé de l'adjectif "réciproque".

Du côté des adolescents, qui ne poseront aucune question, le message ne passe pas. "Ils détournent les questions, ne parlent que du respect des jeunes mais pas de ce qui s'est passé", dit Sabrine, 16 ans. "Ils mentent quand ils disent que personne n'a été menotté, Jessie l'a été, je l'ai vu", dit un autre.

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