20/07/2007

Abbot contre Act Up, sous la pression le laboratoire recule

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Le procès d'Abbott contre Act Up pourrait ne pas avoir lieu
LE MONDE | 20.07.07 | 14h28 • Mis à jour le 20.07.07 | 14h28

Le procès intenté par le laboratoire américain Abbott contre Act Up-Paris devant le tribunal correctionnel de Paris se tiendra-t-il ? L'audience a été fixée au 26 octobre 2007. Forts de nombreux soutiens, Act Up-Paris et le Réseau thaïlandais des séropositifs ont invité Miles White, le PDG de l'entreprise, à une réunion de conciliation avec les autorités thaïlandaises lundi 23 juillet, à l'ouverture de la conférence sur les traitements du sida qui se tient à Sidney (Australie).

L'association de malades du sida est poursuivie par le laboratoire à la suite d'une opération internationale de netstrike, qui a saturé le site Internet d'Abbott le 26 avril (Le Monde du 22 juin). Cette action visait à protester contre l'épreuve de force engagée par le laboratoire contre le gouvernement thaïlandais au sujet des brevets des médicaments contre le sida.

En décembre 2006, en vertu d'une disposition des accords de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur la propriété intellectuelle, les autorités de Bangkok passaient outre le brevet couvrant le Kaletra, une association de deux molécules anti-VIH, pour se le procurer à bas prix.

MOBILISATION DES ASSOCIATIONS
En représailles, Abbott bloquait la distribution en Thaïlande de ses nouveaux médicaments. En réponse à l'appel d'un groupe de malades thaïlandais, Act Up-Paris a organisé la netstrike du 26 avril. En cas de condamnation, l'association encourt une amende pouvant aller jusqu'à 70 000 euros.

De nombreuses voix se sont élevées en défense d'Act Up-Paris et en appui des autorités thaïlandaises. L'Organisation mondiale de la santé apporte "son soutien sans équivoque à l'utilisation par les pays en développement des flexibilités" des accords de l'OMC. Les associations de lutte contre le sida se sont mobilisées. Certaines comme Aides envisagent un boycott d'Abbott.

En France, le Conseil national du sida demande à Abbott de "changer d'attitude vis-à-vis des personnes atteintes par le VIH/sida" et de "revenir sur sa décision disproportionnée" de poursuivre Act Up. L'Agence nationale de recherches sur le sida apporte son soutien à "Act Up dans le conflit qui l'oppose au laboratoire Abbott", à qui elle demande de retirer sa plainte.

Dans les milieux pharmaceutiques, qui gardent en mémoire l'effet désastreux du procès de Pretoria où 39 laboratoires avaient dû battre en retraite après avoir poursuivi Nelson Mandela, l'intransigeance d'Abbott ne fait pas l'unanimité. Aux Etats-Unis, GlaxoSmithKline a estimé que, dans cette affaire, Abbott nuisait à l'image de l'industrie pharmaceutique.

"Nous avons eu plusieurs rencontres avec Act Up et nous voulons avancer vers une résolution rapide de ce sujet. Peut-être il n'y aura pas besoin d'aller jusqu'au bout de la procédure judiciaire, indique Françoise Poterre, directrice de la communication d'Abbott France. Abbott discute par ailleurs du dossier Kaletra avec les autorités thaïlandaises, mais en attendant nous continuons de fournir sans limitation ce médicament pour les malades qui en ont besoin."
Paul Benkimoun
Article paru dans l'édition du 21.07.07

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