17/07/2007

MONSIEUR LE PRESIDENT JE VOUS FAIS UNE LETTRE...

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par Françoise Simpère



Ca faisait longtemps que je n’avais pas parlé du petit Nicolas. Faut dire qu’il est si omniprésent qu’on a l’impression de l’avoir chaque jour chez soi ! Pas inintéressant, d’ailleurs, d’observer la fascination réciproque entre le PS et lui et l’irritation grandissante de ses supporters de droite qui se sentent délaissés, pour ne pas dire trahis, plus les effets retards qu’auront certaines mesures …

A propos des heures sup’ exonérées de charges et d’impôts une femme de ménage employée à plein temps (35h) dans un hôtel parisien m’a fait cette judicieuse remarque : « Je gagne 1200 € net par mois après 21 ans d’ancienneté. Je voulais « travailler plus pour gagner plus » mais mon patron n’a pas d’heures supplémentaires à m’accorder. Ou, quand il y a une surchauffe temporaire, il me fait faire des heures sup’ qu’il paie en « repos compensatoire » durant les périodes creuses. » Je fais donc des ménages chez des particuliers, payées en « chèque emploi service : pourquoi ai-je des charges et des impôts sur ces heures supplémentaires, alors que si je les faisais chez mon patron, elles seraient totalement exonérées ? »

Oui, pourquoi ?

D’ailleurs, pourquoi exempter de charges et d’impôts les heures sup’ et pénaliser le travail au noir, qui n’est jamais que du travail en plus sans charges et sans impôts ? Ainsi, le gendarme (je dis gendarme parce que j’en ai connu plusieurs dans ce cas) qui arrondit ses fins de mois en bricolant au noir chez des particuliers est en infraction, alors que lui aussi essaie de « travailler plus pour gagner plus ». Question d’assurance ? Mais pourquoi l’assurance-maladie prendrait-elle en charge un accident survenu pendant des heures sup’ pour lesquels ni l’employeur ni l’employé n’ont versé de charges à la sécurité sociale, et pas celle du quidam qui fait des chantiers (ou des cours de maths, ou du jardinage) non déclarés ?




Autre question : « travailler plus pour gagner plus » se conçoit si on a le temps de le faire, mais quid de la banlieusarde soumise à 3h de transport par jour – ce n’est pas rare- auxquelles on ajoute 7h de travail légal, plus 5h de travail ménager, courses, soins aux enfants, ce qu’on appelle la seconde journée de la mère de famille : 15h par jour ! Où va-t-elle caser des heures sup’ ? La mesure est donc machiste et réservée à ceux qui ont la chance de travailler pas loin de chez eux.



Et puis surtout : gagner plus, pourquoi faire ? S’il s’agit juste de pouvoir se loger, manger et se vêtir, il est honteux qu’un salaire de base à temps complet ne permette pas de le faire dans un pays développé comme la France. S’il s’agit de payer la personne qui garde les enfants pendant les heures sup’, ou est l’intérêt pour le salarié ? S’il s’agit de s’offrir des choses pour ses loisirs, OK… mais quand trouver le temps de s’en servir si on travaille tant d’heures par jour ?

C’est une mesure qui fait le pari de stimuler la consommation et la croissance s’exclament en choeur les vertueux économistes libéraux. Cependant un rapport récent vient de montrer que la pollution et l’effet de serre diminuent dans les pays où on réduit le temps de travail (donc de transport, de consommation d’énergie, etc) Quand


on sait l’urgence des problèmes de dérèglement climatique et écologiques en général, prôner une croissance qui les aggrave est-il cohérent ?

Allez hop, j’envoie ce post à l’Elysée, et je vous tiens au courant de la réponse éventuelle.


http://fsimpere.over-blog.com/

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