Tandis que la presse bulgare loue ce matin la France et le couple Sarkozy, le reste de la presse européenne rappelle le rôle joué par l'UE et s'agace du coup diplomatique de Sarkozy.
Par LIberation.fr avec AFP
LIBERATION.FR : mercredi 25 juillet 2007
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«Merci, la France!» Le quotidien financier Pari, comme l'ensemble de la presse bulgare, rend un vibrant hommage ce matin au rôle joué par la France et la Commission européenne dans la libération mardi des cinq infirmières et d'un médecin bulgares après huit ans et demi de détention en Libye.
Le journal de gauche Sega juge que «Sarkozy a tout misé et a gagné», soulignant «le succès sans précédent du nouveau président français».
Rappelant que la commissaire européenne Benita Ferrero-Waldner a été «le premier leader européen à avoir fait de la cause des praticiens bulgares une affaire personnelle», le premier journal du pays, Troud, s'émerveille de l'intervention de l'épouse du chef d'Etat français. «Cécilia Sarkozy est assurément la Française qui entrera dans l'histoire de la Bulgarie. Au bout de huit ans de démarches diplomatiques discrètes, il fallait un peu d'aventurisme et une pointe d'esprit libre pour aboutir au retour des infirmières en Bulgarie», s'enthousiasme ce quotidien indépendant.
De façon générale, «la France a prouvé qu'elle est une école en diplomatie. Elle a prouvé ses capacités à résoudre des crises incroyablement graves comme celle avec nos praticiens», estime Sega. Quant à Nicolas Sarkozy, il a été «plus rapide, plus habile, plus précis que tous ceux qui ont tenté auparavant de se mettre d'accord» avec Kadhafi, estime le journal.
Ailleurs en Europe, nombre de journaux dénoncent les conditions, «peu claires», souligne au Portugal Diario de Noticias, dans lesquelles est intervenu ce dénouement, disant ne pas croire un instant que l'Union européenne n'a pas apporté en contrepartie son obole.
La Libre Belgique insiste ainsi sur «la rançon qui ne dit pas son nom» et que l'UE a versée à un Etat «assis sur d'importantes ressources pétrolières». Son compatriote De Standaard va jusqu'à écrire que «l'affirmation de Nicolas Sarkozy selon laquelle l'UE n'a rien payé est la trouvaille diplomatique de l'année».
Du côté de la presse anglo-saxonne, The International Herald Tribune rappelle que la libération est «le résultat d'un intense processus diplomatique de trois ans amorcé par l'UE, qui a avancé avec le Premier ministre britannique Tony Blair et des officiels allemands, et a abouti avec Nicola Sarkozy et son épouse». «La libération du personnel médical est un coup pour Nicolas Sarkozy», poursuit le quotidien.
L'article rapporte également les propos d'un officiel de l'UE paraphrasant, sous couvert d'anonymat, ce que Cécilia Sarkozy aurait dit aux Libyens: «Mon époux viendra demain si vous acceptez le marché, mais sinon il ne viendra pas. Vous allez les libérer de toute façon, alors jouez le jeu. C'est votre chance de retour sur la scène internationale.»
Le quotidien britannique The Independent se fait l'écho des critiques du PS pointant l'absence de statut de Cécilia Sarkozy, et relève: «Tout porte à croire que les infirmières étaient déjà sur le point de rentrer chez elles avant que Mme Sarkozy ne prenne le train en marche.»
En Italie, La Repubblica renchérit: «Le président Sarkozy et sa femme Cécilia, selon l'opinion de beaucoup, se sont introduits dans l'affaire libyenne, en réclamant la gloire a posteriori alors qu'en réalité tout avait été décidé dans les détails depuis au moins quinze jours.»
The Guardian, après avoir rappelé les faits d'armes de Kadafi, notamment la vente d'armes à l'IRA, s'étonne quant à lui de l'empressement des «investisseurs occidentaux (qui) font aujourd'hui la queue pour moderniser ce pays riche en pétrole.» Concernant le rôle de Cécila Sarkozy, le quotidien n'hésite pas à s'avancer sur le terrain privé, allant jusqu'à reprendre des propos de Daniel Cohn-Bendit parlant de «thérapie de couple»: «Le marché était négocié par l'UE, mais, par un curieux revirement dans cette triste histoire, l'épouse de Nicolas Sarkozy, Cécilia, s'est invitée à Tripoli pour délivrer les infirmières. L'émergence de la première dame française en "sage-femme" de l'humanitaire a sans doute plus à voir avec sa turbulente relation avec son époux qu'avec la complexité des négociations avec la Libye.»
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