26/07/2007

La Belgique singe la France ...désolant

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La Belgique refuse au président équatorien de libérer Angelica, 11 ans et sans-papiers
LE MONDE | 25.07.07 | 13h51 • Mis à jour le 25.07.07 | 13h51
BRUXELLES CORRESPONDANT

Un président en exercice a, le 17 juillet, tenté personnellement d'obtenir la libération de deux de ses ressortissantes. Rafael Correa, chef de l'Etat équatorien, s'est rendu en personne dans un "centre fermé" belge, le "127 bis" de Steenokkerzeel, un lieu où sont incarcérés des immigrés clandestins en attente d'expulsion.

Le président, ancien étudiant de l'université de Louvain et marié à une Belge, voulait rencontrer Ana Elizabeth Cajamarca Arizaga, militante pour la défense des sans-papiers, et sa fille Angelica, 11 ans. Toutes deux ont été interpellées le 30 juin, dans la banlieue flamande de Bruxelles, alors qu'elles descendaient d'un autobus. "Une rafle", affirment leurs amis.

Angelica a ému l'opinion en adressant au journal Le Soir une lettre qui a été publiée le 18 juillet. La petite fille, qui vit en Belgique depuis 2003, y évoque ses pleurs, son stress, sa crainte des uniformes et d'une prochaine expulsion. "Nous avons envie de pleurer aussi. De rage. Et de honte pour un système qui oblige une fillette à passer ses vacances à l'ombre", a expliqué un journaliste du quotidien.

"ATTEINTE AUX DROITS DE L'HOMME"

Le président Correa s'est donc rendu au centre pour clandestins. Emu, il aurait longuement serré la maman et sa fille dans ses bras avant de dénoncer "l'atteinte aux droits de l'homme", que représenterait, selon lui, l'incarcération de l'enfant. Son appel, relayé par diverses personnalités belges, dont le délégué général aux droits de l'enfant, n'a pas fait bouger l'Office des étrangers, qui dépend du ministère de l'intérieur. "Nous ne nous laissons pas influencer par l'avis d'un chef d'Etat étranger", a indiqué Freddy Roosemont, le patron de ce service. Les autorités belges auraient indiqué au président Correa que 100 000 Equatoriens séjournent illégalement en Europe et que c'est à leur pays d'origine de leur offrir "une perspective". Le ministère des affaires étrangères, sollicité par l'ambassadeur d'Equateur, s'est quant à lui déclaré incompétent.

Dimanche 22 juillet, quelques militants ont accompagné le père, le frère et la soeur d'Angelica qui voulaient manifester devant le "127 bis". La police était présente en masse et quelques incidents ont éclaté dans le centre.

Les autorités campent toutefois sur leurs positions, alors que les quatre partis qui négocient en ce moment la formation d'un nouveau gouvernement examinent une note du futur premier ministre, Yves Leterme, évoquant la "recherche d'alternatives" à la détention d'enfants. L'actuel ministre de l'intérieur, Patrick Dewael, participe à ces négociations. La détention de mineurs a été à plusieurs reprises jugée illégale, mais une dizaine d'autres enfants qu'Angelica sont pourtant sous les verrous à Steenokkerzeel.

L'affaire a pris un tour d'autant plus choquant qu'un juge a ordonné, il y a une semaine, la libération de la fillette et de sa mère. Le parquet a fait appel mais le dossier n'a pu être traité par le tribunal compétent, lundi 23 juillet : la direction du "centre fermé" avait "oublié" d'organiser le transfèrement des deux Equatoriennes pour leur permettre d'assister à l'audience. Les magistrats espéraient pouvoir trancher mercredi 25 juillet.
Jean-Pierre Stroobants
Article paru dans l'édition du 26.07.07.

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