BRAECKMAN,COLETTE
lundi 02 juillet 2007, 16:37
À Kigali, la commission d'enquête tente de démontrer l'implication de la France dans le génocide rwandais.
« Le Monde » cite des archives de la présidence française qui en attestent. Et demain, « Le Soir », sous la plume de son envoyée spéciale Colette Braeckman, publie des témoignages allant dans le même sens. Extrait.
Le plus : notre dossier consacré au procès à Bruxelles.
Les sept commissaires planchent (...) sur les listes de militaires français demeurés au Rwanda après le retrait officiel des troupes, en décembre 1993. Comparant les documents en leur possession avec les noms disponibles en France, ils découvrent que des militaires appartement au DAMI (Département d'assistance militaire à l'étranger) étaient revenus clandestinement au Rwanda et avaient confié à des connaissances qu'ils étaient là pour une « mission de courte durée. »
Quelle était la mission exacte de ces hommes, quelle était leur identité cachée par le pseudonyme de fonction, que faisaient-ils dans la soirée du 6 avril 1994, certains d'entre eux n'auraient-ils pas été tués dans les heures qui suivirent l'attentat contre l'avion présidentiel, ce qui expliquerait les premiers messages suivant lesquels 13 Casques bleus belges auraient été découverts à la morgue de l'hôpital de Kigali, et non 10 ?
Voilà bien des questions qui pourraient bientôt trouver réponse, car au Rwanda, les langues se délient, la gaçaça (justice communautaire) qui se déroule en présence de tous révèle les secrets les mieux gardés. Certaines des découvertes de la commission pourraient s'avérer explosives.
D'autant plus qu'en France aussi des investigations se poursuivent et que les documents émanant de la cellule africaine de l'Elysée sont actuellement analysés par chercheurs et avocats.
Les sentiments anti-belges apparaissent dans plusieurs comptes rendus d'entretien : le 29 avril, Bruno Delhaye, qui dirige la cellulle africaine de l'Elysée, assure que « les Belges sont lamentables sur toute la ligne. D'ailleurs chez eux, Flamands et Wallons, c'est homme Hutus et Tutsis, ils sont incapables d'avoir une politique africaine. »
Le 2 mai, s'entretenant avec le ministre de la Défense François Léotard, le général Quesnot accuse des « mercenaires belges » de l'attentat contre l'avion du président, une accusation déjà formulée par l'ambassade de France dans la soirée du 6 avril.
D'ici octobre, la « Commission Mucyo » devrait avoir terminé ses auditions et elle présentera alors son rapport au président Kagame. Lui seul décidera alors de l'usage à réserver à ce document bien plus politique que judiciaire.
Source :
http://www.lesoir.be/actualite/monde/au-rwanda-les-langues-se-2007-07-02-537913.shtml
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