01/08/2007

Arrétée sur le lieu de travail..une maison de retraite

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Myriam, aide-soignante et sans papiers, arrêtée à son travail
Son titre de séjour lui a été refusé à cause d’une convention franco-camerounaise, alors que la jeune femme est ivoirienne.
Par CATHERINE COROLLER/LIBERATION
QUOTIDIEN : mercredi 1 août 2007
Hier, après sa remise en liberté du centre de rétention d’Oissel (Seine-Maritime), Myriam Barry n’avait qu’une envie : prendre une bonne douche. Pour l’avenir, cette Ivoirienne sans papiers âgée de 29 ans, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, avisera.
«Questions». Sa vie a basculé jeudi 12 juillet. Ce jour-là, les gendarmes viennent la cueillir à 7 h 15 du matin dans la maison de retraite Sainte-Anne-d’Auray, à Châtillon (Hauts-de-Seine), où elle travaille comme aide-soignante. «Ils m’ont dit qu’ils voulaient me poser des questions, puis ils m’ont emmenée loin de mes collègues, m’ont notifié mes droits et m’ont dit qu’ils allaient me placer en centre de rétention.»
Myriam Barry est entrée régulièrement en France en 2000. Puis s’y est maintenue irrégulièrement. En mars 2007, elle réussit le concours d’aide-soignante et décide de sortir de la clandestinité pour se faire régulariser. Elle a désormais un travail régulier, un logement. «J’ai écrit à Madame Chirac», raconte-t-elle. L’épouse du président de la République transmet le dossier à la préfecture d’Eure-et-Loir, Myriam Barry résidant à Epernon.
L’administration demande à la jeune femme une liste de pièces à fournir. Myriam Barry s’exécute. Et reçoit pour toute réponse un refus de titre de séjour basé sur une convention franco-camerounaise, alors qu’elle est ivoirienne. Elle a un mois pour quitter le territoire.
«La gendarmerie a commencé à rôder autour de mon domicile», poursuit-elle. Jusqu’à l’interpellation. «Elle a été traquée comme s’il s’agissait de grand banditisme, commente Abdel Alouani, son avocat. La gendarmerie a demandé au procureur une extension de ses ­compétences pour pouvoir l’interpeller sur son lieu de travail.»
Pointer. Hier, Myriam Barry a été tirée du centre de rétention pour comparaître devant le tribunal de grande instance de Rouen. Le juge l’a remise en liberté, mais placée sous contrôle judiciaire pour deux mois avec obligation de pointer tous les jours au commissariat. Pour son avocat, il ne s’agit pas là d’une mesure de clémence. Myriam Barry peut être arrêtée à tout instant dans les locaux de la police et être expulsée. La seule solution ? Qu’elle disparaisse dans la nature, jusqu’à ce que la cour administrative d’appel ait réexaminé sa demande de titre de séjour.

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