Courrier International
L'agression de Conakry est un rappel à l'ordre
A Lille, le 1er août
AFP
Six policiers français ont été brutalisés à Conakry en Guinée, le 16 août 2007. Ils raccompagnaient, par avion et sans ménagement, deux Guinéens sans papiers expulsés de France. L'affaire a provoqué un incident diplomatique entre les deux pays, mais le fait ne surprend pas le quotidien burkinabé Le Pays. Pour cause, "les policiers français devaient s'attendre à un accueil des moins chaleureux, puisque les Guinéens ne peuvent pas directement s'attaquer aux autorités françaises et à Nicolas Sarkozy en particulier".
Le journal voit dans l'agression subie par les policiers "l'expression d'un ras-le-bol de populations qui réclament un minimum de dignité à leur égard" et espère que l'épisode de Conakry sonne "comme une alerte à l'opinion publique internationale et aux organisations de défense des droits de l'homme".
"Ces accompagnants auraient été épargnés si les conditions de rapatriement des immigrés forcés au départ respectaient toujours les normes". Si Le Pays reconnaît que la France est libre de "contrôler son flux migratoire", il estime cependant que, "pour un pays qui se dit grand défenseur des droits de l'homme, on s'explique mal certaines bavures des forces de sécurité françaises. Toute personne, qu'elle soit d'origine africaine ou pas, trouverait humiliant de se retrouver du jour au lendemain parachutée dans son pays, sans valise, sans la moindre ressource, sans appui et totalement nue, et bien plus dénudée qu'elle ne l'était au départ. Et, comble de l'humiliation, le rapatrié africain se surprend parfois à voir sa propre image sur des chaînes internationales que relaient les médias de son pays".
"Les pays riches en général devraient, même dans la fermeté, faire preuve de plus d'humanisme dans leurs rapports avec les sans-papiers", souligne Le Pays, pour constater que les chefs d'Etat africains brillent par leur silence face aux exactions commises contre les rapatriés d'Occident. "Combien de dirigeants ont eu le courage d'élever le ton pour rappeler à l'ordre des pays occidentaux qui ont parfois dépassé les bornes ?" se demande le journal.
En tout état de cause, estime Le pays, "cette dernière hargne à Conakry n'est ni plus ni moins que l'expression de trop grandes frustrations ressenties par des Guinéens qui semblent avoir été profondément atteints dans leur amour-propre".
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