E tnous some sbien content que cela soit achevé.
Un autre est déjà condamné à 4 mois fermes pour avoir insulter Sarkozy alors premier ministre..
d'une peine à l'autre .
il ya une petite joie.
Welcome Back romain.
Pax.
«Libre depuis 15 jours»
Très chers tous,
Je suis libre depuis 15 jours. J’ai été extrait le même jour que Martial, le jongleur qui a été condamné le même jour que moi pour les mêmes raisons. Il a été dans le bâtiment d’en face pendant ces deux mois et onze jours, et ça nous a fait drôle de nous retrouver au dispatching : il y a récupéré son sac, il sentait encore la lacrymo. Une fois tous les papiers signés, on s’est retrouvés à deux dans la dernière salle d’attente, et on a causé de notre aventure comme si on évoquait des souvenirs de colonies de vacances, en riant. Et puis, la porte s’est ouverte et le ciel était plein.
Il n’y a pas à proprement parler de retour la liberté. C’est plus comme des retrouvailles avec les sirènes des habitudes de la vie moderne. Mon premier repas, je voulais me le préparer seul.
Chaque petit moment du quotidien se vit pleinement sans poser de questions. Je pense tous les jours à mes camarades de là-bas. T., mon ex co-détenu, est sorti le 31 en liberté provisoire : ça fait tout drôle de s’avoir au téléphone. D. est toujours là-bas : j’ai reçu une lettre ; là aussi ça fait drôle de lire le courrier de quelqu’un qui est en prison et qu’on connaît. J’imagine joyeusement que l’on se retrouve plus tard autour d’une table avec un bon vin pour rire de notre passé commun.
Je n’ai jamais écrit directement de la prison. C’est la première fois que j’écris directement pour ce blog. Je m’apprête à partir une semaine en Crète pour voir la mer loin de la France. Au retour de ce repos que l’on me dit bien mérité, je devrais rattaquer le travail pour Europe 2 et M6. Mon frère, qui n’était pas au courant des raisons de mon absence, m’a dit : «Alors, c’était bien tes vacances ?» Comme si rien de spécial ne s’était passé. Quand j’y repense maintenant, j’ai l’impression de n’avoir passé que trois semaines là-bas, comme si le temps avait été compressé pour ne garder que le souvenir de certains moments. Comme un sale rêve qui aurait duré plusieurs nuits sans fin. J’appréhendais le réveil, mais il a été facilité par l’aide extraordinaire de ma famille et de mes amis, et le mot merci paraît tellement insignifiant et petit que c’en est frustrant.
Cette lettre est donc la dernière de ce blog. Je précise qu’il était alimenté par des extraits de correspondance à des amis choisis par des modérateurs sans mon avis. Merci à vous de l’avoir suivi, de m’avoir soutenu et accompagné avec vos commentaires, et d’y avoir «combattu» les quelques bien-pensants qui y faisaient de la morale de concierge. De France, des USA ou d’Irak, chaque mot était comme une petite poussette ennemie de la solitude, un témoignage du «on ne se laissera pas faire», un souffle de cette liberté que j’attendais patiemment et qui existait donc encore.
Je lisais certains de vos commentaires une bonne semaine après, mais ça ne changeait rien, là-bas le décalage est calé dans le temps. Les premiers extraits publiés n’avaient pas été écrits pour être mis en ligne, d’où l’apparition litigieuse des «53% de connards». Je n’ai voulu insulter personne. J’ai écrit cette phrase à une amie un jour ou deux après mon incarcération, j’avais ce qu’on appelle la Haine avec tout ce qu’elle comporte : manque de recul et de discernement, rejet de tout, facilité excessive à trouver des coupables. Je ne pensais pas ce que j’ai écrit, je le vivais trop pour être conscient de certains amalgames. Je présente donc mes sincères excuses à tous les gens qui se sont sentis visés, car je les respecte en concitoyens, et je respecte leur vote, mais pas la personne de leur choix.
Sarkoléon est le président de certains Français, mais plus de sa vie publique que de la république. Mettons-le au défi de gouverner deux mois sans passer à la télé ou à la une des journaux people, et on verra s’il est si bon que ça. J’entends déjà dire qu’il est là jusqu’en 2012 : à baisser les bras comme ça, on n’y arrivera jamais.
C’est moins facile d’arrêter de fumer que de choisir si on veut être un mouton ou un homme. Je ne saisirai plus de pavé. Mais je dresserai encore le poing, et vous aussi, encore et encore, puisqu’ensemble nous sommes libres d’avoir des idées et le droit absolu de les défendre.
Se changer les idées, c’est la phrase clé de l’effondrement du système démocratique. Se changer les idées, c’est arrêter d’en avoir. Soyez fiers de penser, de débattre, d’échanger, d’arrêter la télé quand il n’y a rien. Comme disait l’autre : «Ensemble tout devient possible». Gniark, gniark, gniark…
Je vous dis tous à très bientôt sur un autre blog, parce que la vie est une prison si on oublie nos libertés. Encore merci pour tout. Stay nice and cool.
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