LE MONDE | 12.09.07 | 15h01 • Mis à jour le 12.09.07 | 15h02
Eva Joly a été accueillie avec enthousiasme, mardi 11 septembre, à l'Ecole nationale de la magistrature (ENM), par les 280 élèves qui ont choisi de donner son nom à leur promotion, mais avec fraîcheur par la direction.
Quand la promotion de l'ENM a choisi, en juillet, de prendre le nom de la juge Eva Joly, cela ne semblait pas poser de problèmes. Un programme avait été envoyé à l'ex-juge d'instruction de l'affaire Elf : remise de médaille, discours, cocktail, dîner avec la promotion. Tout a changé après les critiques de la magistrate, aujourd'hui conseillère du gouvernement norvégien, sur la volonté de Nicolas Sarkozy de dépénaliser le droit des affaires.
"Je suis rentrée par la petite porte, explique Mme Joly, les auditeurs de justice m'ont expliqué que des changements étaient intervenus et que le dîner était annulé. Le directeur m'a dit qu'il ne pouvait pas rester à mon intervention. On ne veut pas s'afficher à mes côtés en raison de mes prises de position. De quoi a-t-on peur ?" Les journalistes ont trouvé la porte de l'école fermée. Il a fallu plusieurs appels pour qu'ils puissent participer à la réception. La médaille de l'école, remise habituellement de façon solennelle au parrain, l'a été cette fois dans un simple bureau. Devant les auditeurs, et un seul membre de la direction, Eva Joly a renouvelé ses critiques. Elle a dénoncé le processus de nomination des juges, qui engendre une culture de "soumission". "Nous l'avons accueillie de façon cordiale et chaleureuse, explique le directeur de la formation, Philippe Astruc. Elle s'est exprimée librement. Je n'ai pas reçu de consignes de la chancellerie. Il n'y a pas de polémique."
Alain Salles
Article paru dans l'édition du 13.09.07.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire