25/09/2007

Laporte : les bouchées doubles

Partager
Les mémoires de l'entraîneur français reprennent des pans entiers de son précédent ouvrage, paru chez un autre éditeur.

Bernard Laporte, entraîneur du XV de France, vient de sortir un bouquin, joliment titré "le Rugby m'a fait homme". Il y raconte sa vie (et son oeuvre).Quand Bernard Laporte plagie Laporte Bernard
Par Pascal Riché (Rue89) 16H15 25/09/2007

Dans le livre, on peut lire des phrases comme celle-ci, à propos d'un joueur:

"Le drame, c'est qu'il a tendance à carburer au martini rouge et que j'ai été contraint d'en avaler quelques uns pour le suivre."

Dans un autre livre, publié en 2003, où Bernard Laporte racontait déjà sa vie (et son oeuvre), on lisait des phrases comme celle-ci, à propos du même joueur:

"Le problème c'est qu'il a tendance à carburer au martini rouge et qu'en fin d'après midi, après trois heures passées à l'écouter, j'ai dû en ingurgiter quelques uns pour le suivre."

Et en tournant les pages des deux livres, on s'amuse des incessants échos. Dans "Au bout de mes rêves", Laporte confie:

"Je n'ai pas tendance à m'apitoyer sur mon sort ni à lâcher prise facilement mais je suis quand même du style à m'autoriser, tous (sic) les dix années, un coup de blues chocolaté."

Style plus sobre dans "Le rugby m'a fait homme":

"Je ne suis pas du genre à m'apitoyer sur mon sort, mais j'ai bien le droit de me taper une petite déprime une fois tous les dix ans, non?"

Dans un des deux livres, son frère Christian est son "clone, en plus costaud". Dans l'autre, son " clone, en plus trapu". Dans l'un, on se rend à "Musard, atmosphère, atmosphère... (...) une cocotte-minute prête à exploser". Dans l'autre, c'est "Musard et son atmosphère survoltée (...) Une véritable marmitte prête à s'enflammer".

Dans un cas, il "dope notre pack d'une première ligne extrêmement compétitive ", dans l'autre, il "dote le pack d'une première ligne ravageuse"...

Les deux livres ressemblent à deux traductions différentes d'un même texte.

Qui les a écrit? Euh... Bernard Laporte, bien sûr. Reformulons la question. Qui a apporté son "précieux concours" ou sa "collaboration" à ces livres? Dans le premier cas, "Au bout de mes rêves ", il s'agit de Philippe Oustric, journaliste à Midi Olympique, l'hebdomadaire du rugby.

Dans le cas du "Rugby m'a fait homme", c'est Jean-François Jacquier, rédacteur en chef au Point.

Ce dernier, au téléphone, se déclare étonné: "Ah bon?". Il explique que le livre est le fruit d'entretiens avec Laporte et assure qu'il n'a "même pas lu" la première autobiographie.

Tout cela ne serait qu'une affaire de "repackaging" si les deux bouquins avaient été publiés chez le même éditeur. Là où l'affaire se corse, c'est qu'ils ont été publiés par deux éditeurs différents. Et que le premier, on le comprend un peu, n'est pas content.

"Au bout de mes rêves" avait été publié en 2003 par Robert Laffont. "Le rugby m'a fait homme" est le livre phare de l'éditeur Michel Lafon.
La direction de Robert Laffont a organisé une réunion pour savoir comment réagir. Son agacement est d'autant plus grand que Bernard Laporte se serait engagé pour deux livres.

La directrice générale de Robert Laffont, Nicole Lattès, se borne à confirmer prudemment, via son assistante, "qu'il y a effectivement des similitudes entre les deux livres".

Poursuivre un secrétaire d'Etat? Poursuivre un livre dont tous les droits seront reversés à la fondation greffe de la vie? Pas très engageant... L'option a été écartée.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le rugby la fait homme et le Sarkosy le fera escroc.

Enregistrer un commentaire