18/09/2007

Les 4 de la star academy,:Soutien contre la criminalisation des luttes

Partager
Le 28 septembre prochain, après 47 mois de mise en examen et de contrôle judiciaire, après un report de l’audience du 14 septembre 2006 [1], seront jugés en correctionnelle au Tribunal de Bobigny avec, à leurs côtés, 31 comparants volontaires revendiquant leur participation à une intervention sur le plateau d’une émission de télévision.Vu sur ACRIMED
Procès contre des intermittents (« les 4 de la Star Academy ») : l’État protecteur de TF1 ?

Michel Davesnes
Publié le mardi 18 septembre 2007

Le 28 septembre prochain, après 47 mois de mise en examen et de contrôle judiciaire, après un report de l’audience du 14 septembre 2006 [1], seront jugés en correctionnelle au Tribunal de Bobigny avec, à leurs côtés, 31 comparants volontaires revendiquant leur participation à une intervention sur le plateau d’une émission de télévision.

Rappel des faits

Le 18 octobre 2003, après 5 mois de contestation du protocole UNEDIC régissant leur régime d’indemnisation chômage, une centaine de manifestants se sont invités sur le plateau de l’émission de télé-réalité « Star Academy ». Au moment même où l’animateur Nikos Aillagas, leur donne la parole, sous les applaudissements du public, comme le montrent les vidéos disponibles sur le site de la Coordination des intermittents et précaires, les vigiles de TF1 interviennent, dans les coulisses, de manière particulièrement violente.

Parmi les blessés, trois intermittents essaieront le soir même de porter plainte. Erreur fatale : de plaignants, ils se retrouvent aussitôt accusés et devront – avec un quatrième pris au hasard – répondre devant la justice de « violences », « voies de fait » et « atteinte à la liberté du travail ».

Les réactions outragées contre les intermittents n’ont pas manqué [2]. TF1 et Endemol (société productrice de la Star’Ac) ont rapidement retiré leurs plaintes. Mais l’action en justice de l’Etat se poursuit depuis 4 ans.

Contre l’ex-communication.

Cette action des intermittents et précaires, et ses suites judiciaires, met en question la possibilité pour les mouvements sociaux de porter leurs revendications dans les médias dominants. C’est la couverture journalistique, généralement à sens unique du conflit des intermittents (« ce sont des nantis, ils travaillent peu et touchent de confortables indemnités »), qui les a incités à prendre la parole sur TF1 puis à remettre le couvert sur France 2, le 10 novembre 2003, une intermittente prenant la place de David Pujadas pour lire un communiqué [3].

D’autres actions suivront à France Inter, France 3, Libération, La Tribune, Le Figaro…, avec toujours les mêmes intentions : expliquer les raisons d’une lutte et formuler des propositions alternatives, sans oublier de mettre en cause la couverture du conflit par les médias.

Pour l’association AC ! (Agir contre le chômage), « Nous n’étions pas tous à la Star Ac, ce soir de 2003, mais nous sommes nombreux à nous être pour une fois reconnus à l’écran, ou le réel, nos précarités et nos luttes, a fait enfin irruption dans le flot des mythes nauséabonds dont les médias nous inondent, du privilégié intermittent ou fonctionnaire à l’assisté et au profiteur » [4] .

Les actions d’occupation des médias par les intermittents et précaires se sont toujours déroulées pacifiquement. On imagine mal que des journalistes, voire leur hiérarchie, portent plainte ou soutiennent le dépôt d’une plainte par leurs employeurs. Le procès du 28 septembre prochain résulte de la seule action du Ministère public.

C’est cette volonté de l’État de contrôler ce qui se diffuse ici ou là qui fait dire à la Coordination des intermittents et précaires d’Ile-de-France (CIP-IDF), dans son communiqué de soutien aux 4 de la Star ac : « On fait des cadeaux fiscaux, renforce l’impunité des délits financiers, et généralise la surveillance, poursuivant rappers et usagers de l’internet, et l’on voudrait contrôler la rédaction des programmes de théâtres (comme à Belfort) ou corriger les dictionnaires (Le Robert)… »

Soutenir « les 4 de Star Ac », c’est contribuer au combat pour « obtenir l’accès aux médias de tous les acteurs sociaux, en particulier des sans voix et des exclus », comme nous le disions en 1996 [5]. Un combat plus que jamais d’actualité.

Michel Davesnes
_____________

Pour soutenir les 4 (+ 31) de la Star Ac

(Information plus détaillées sur le site de la Coordination)

- Jeudi 20 septembre, de 20h à 22h. Débat : face à la pénalisation des mouvements sociaux. À la Mer à Boire, 1/3, rue des Envierges, XXe
Intervenants :

- Evelyne SIRE-MARIN magistrate, ex présidente du syndicat de la magistrature, co-présidente de la fondation Copernic

- Marie-José MONDZAIN, philosophe, écrivain, directeur de recherche au CNRS

- Anne-Cécile ROBERT, journaliste du Monde Diplomatique, professeur associé à l’institut d’études européennes de Paris VIII

- Jean-Émile SANCHEZ, paysan et ancien porte-parole de la Confédération ?Paysanne

- Vendredi 21 septembre 2007 à partir de 20h, Concert de soutien aux Inculpés de la star academy au Studio de l’Ermitage, 8, rue de l’Ermitage, XXe. M° Jourdain-Ménilmontant, Bus 26 ou 96. Entrée : 5 € (ou plus)

- Vendredi 28 septembre 2007 à partir de 11h et toute l’après-midi, devant le TGI de Bobigny, M° Pablo Picasso

- 11H00 : Rassemblement de Soutien
- 12H00 : Conférence de presse (avant l’entrée au Tribunal des prévenus et des comparants volontaires)
- 13H00 : Début du procès
_________________________________________________

[1] Voir « Procès en correctionnelle le 14 septembre 2006 pour 4 intermittents du spectacle ».
[2] Voir, par exemple, ici même : « Intermittents : Ici Paris contre les preneurs d’otage » .
[3] Réactions et vidéo sur le site de la Coordination. Voir aussi ici même « Intermittents : “Un grand moment de télévision ” sur France 2 ».
[4] Lire le communiqué d’AC->http://www.ac-reseau.org/spip.php ?article1766].
[5] Appel pour une action démocratique sur le terrain des médias (1996).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire