23/10/2007

Cette Europe là ? non merci !!

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L’administration Bush installe actuellement un système de défense antimissile en République Tchèque, avec l’accord et le concours actif du gouvernement de ce pays, malgré l’hostilité massive de l’opinion publique nationale. En ouvrant le territoire tchèque aux bases militaires américaines, le gouvernement Klaus-Topolanek foule aux pieds les droits élémentaires des citoyens tchèques et européens. La République Tchèque fait partie de l’Union Européenne. Aucun peuple d’Europe n’a été ni consulté ni informé. La Commission de Bruxelles se tait.


Une présidence belliciste, antidémocratique et antisociale de l’Union Européenne, se prépare, pour l’année 2009, à huis clos à Prague.
PAR KAREL KOSTAL , SOCIALISTE FRANCO-TCHÈQUE, CERCLE PRS FONTAINE- RIVE GAUCHE .
LA SOCIALE.NET
samedi 20 octobre 2007

Officiellement, le dispositif américain n’est même pas destiné à protéger le sol européen. Il est destiné à protéger le territoire des Etats-Unis contre la « menace terroriste » des « Etats voyous », l’Iran et la Corée du Nord. Le gouvernement Bush et le gouvernement Klaus nous expliquent sans rire que les missiles tirés du territoire iranien ou nord-coréen en direction de l’Alaska ou des Iles Salomon sont susceptibles de survoler la banlieue de Prague.

Le gouvernement tchèque, appelé à présider l’Union Européenne en 2009, a établi un traité militaire bilatéral secret avec les Etats-Unis, dans le dos des peuples d’Europe. La droite ultralibérale a soigneusement caché ses intentions bellicistes et a commencé à dévoiler ses projets après avoir remporté de justesse les élections législatives. La direction du Parti civique démocratique, (ODS), dont Vaclav Klaus est le président d’honneur, agit comme un véritable agent secret américain infiltré dans le pays. C’est par Internet que les citoyens tchèques ont appris l’existence de la « lettre d’invitation » du gouvernement Klaus à Bush, sur le modèle de la fameuse « lettre d’invitation » que la clique stalinienne de Prague avait envoyée à Brejnev, en août 1968. Décidément, le gouvernement Klaus-Topolanek était à bonne école. La ministre de la défense a fait composer une chanson qui reproduit la musique de la fameuse chanson à la gloire du premier cosmonaute soviétique : à la place de « Bonjour commandant Gagarine », c’est « Bonjour radar américain ». Quant à l’ancien président Havel, ancien dissident, ancien démocrate, il estime qu’ « il faut être borné mesquinement pour ne pas saisir la grandeur de la proposition américaine ».

Les dominants défendent leur pouvoir et leurs privilèges. Le fanatisme et la précipitation avec lesquels ils veulent imposer la présence militaire américaine en République Tchèque, malgré l’hostilité massive de l’opinion démocratique nationale, m’amène à croire qu’ils sont persuadés que l’armée américaine les protègera. Leurs richesses matérielles accumulées, dans les conditions que l’on sait, sont trop précieuses pour qu’ils puissent risquer de les perdre un jour. Il n’est pas vain de signaler que ceux qui profitent des récentes « réformes » ultralibérales du gouvernement Klaus, largement favorables aux riches, sont « favorables » aux bases militaires américaines sur le sol tchèque.

Le gouvernement Klaus-Topolanek est le seul gouvernement de l’Union au pouvoir à l’heure actuelle à aller jusqu’à dénigrer ouvertement la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le président Klaus dénonce régulièrement le caractère « inutile » et « nuisible » de ce document, il lui plaît de comparer les droits de l’homme à de la « mauvaise herbe qui nuit à l’économie qu’elle envahit ». Le gouvernement Klaus n’a pas ratifié la Charte sociale européenne. La Commission de Bruxelles a « omis » de nous signaler ces « détails ».

Le gouvernement tchèque est le seul gouvernement de l’Union Européenne qui utilise publiquement l’expression « l’Etat privé ». Pour la droite ultralibérale au pouvoir en République Tchèque, il ne s’agit plus seulement de « supprimer l’Etat social », il s’agit de « privatiser l’Etat ». « Nous avons toutes les raisons de penser que tout peut et doit être privatisé », annonce la profession de foi du Parti civique démocratique au pouvoir, « parti du président Klaus ». Qu’est-ce que tout cela veut dire ?

On annonce la privatisation « prochaine », « complète » et « définitive » des services publics : santé, éducation, eau, gaz, électricité, transports en commun, services municipaux. Le programme du gouvernement prévoit la fin prochaine de l’école gratuite, « à partir de la maternelle ». La nouvelle franchise médicale, par un rapport de comparaison, est déjà cinq fois plus élevée en République Tchèque qu’en France. Dans les couloirs des ministères on entend : « Ceux qui ne pourront pas payer ne se soigneront pas. » Cela s’appelle « contracting out ». La privatisation des prisons existantes est annoncée, les prisons sont « une source potentielle importante de profit », et on apprend la construction en catimini de nouvelles prisons privées. La privatisation des fonctions de juges et de procureurs est « envisagée », par l’achat de leurs charges. La création d’une « justice privée » progresse à huis clos rapidement. La question de la privatisation de la police et son remplacement par des « détachements privés d’hommes armés » est âprement discutée dans les ministères concernés, toutes portes fermées. Les ministères compétents s’interrogent publiquement : « comment privatiser la culture ? ». La protection de la nature sera confiée aux « entreprises privées outsourcing ». Les élites libérales tchèques parlent à présent tchéco-américain.

Enfin, le ministre de l’économie a récemment posé cette question : « Comment privatiser le chômage ? »La contribution du gouvernement Klaus-Topolanek à l’œuvre européenne commune a incontestablement quelque chose de sensationnel. Je n’arrive pas à savoir si monsieur le ministre veut « privatiser » aussi les chômeurs, s’il veut privatiser seulement les chômeurs tchèques, ou s’il a l’intention de profiter avantageusement de la présidence tchèque en 2009 pour privatiser aussi les chômeurs européens. J’attend impatiemment les premiers éléments d’explication.

Aucune droite européenne n’ose afficher aussi ouvertement son appartenance aux nouveaux riches. Un sénateur affirme sans vergogne qu’il s’agit d’ « imposer des sacrifices indispensables aux classes moyennes, fonctionnaires et retraités », d’une part, et d’autre part, d’ « aligner les salaires des parlementaires tchèques sur les traitements des eurodéputés ». Le cynisme des parvenus tchèques dépasse largement le cynisme des classes possédantes de la vieille Europe.

Le président de la République Tchèque Vaclav Klaus est le seul chef d’Etat européen qui nie, à l’aide d’arguments « scientifiques », le réchauffement de la planète, et classe l’écologie parmi les « idéologies totalitaires des temps modernes ». Vouloir s’occuper des générations futures est selon Klaus « prétentieux », « économiquement incorrect », « nuisible », et de toute façon « inutile », « l’adaptabilité de l’homme semble infinie ». Dans un an, le président Klaus pourra répandre ses idées massivement, dans le cadre des institutions européennes.

Il y a lieu d’ajouter encore quelques détails au tableau. Le gouvernement tchèque veut « supprimer » la fête du 1er Mai. Officiellement, il s’agit d’effacer « toutes les survivances du communisme ». Mais surtout, il s’agit de supprimer cette journée revendicative. La droite tchèque a horreur de la « foule » dans la rue. Je préfère avertir de suite tous ceux qui auraient l’intention de provoquer des « attroupements » en France durant la présidence tchèque en 2009.

Le Sénat de la République Tchèque a « décrété » récemment que faucille et marteau sont des « symboles criminels ». Je ne sais pas si la droite tchèque a l’intention d’interdire d’autres « symboles criminels » pendant sa présidence européenne. Elle a déjà dans son collimateur le chant de l’Internationale et la Journée internationale de la femme.


Plus de doute possible désormais, le nouveau traité a désormais la faveur de la droite ultralibérale tchèque. Le gouvernement Klaus-Topolanek a soudainement cessé d’être « eurosceptique », et pour cause, il se prépare à soutenir le nouveau traité « simplifié », certes « un peu compliqué » à ses yeux, mais suffisamment antisocial, antidémocratique et atlantiste.

Voilà le gouvernement que les puissants ont désigné pour présider l’Union Européenne en 2009.

L’arrivée à la présidence européenne de ce gouvernement belliciste, antisocial et antidémocratique, par le procédé de simple alternance, révèle en effet au grand jour que le déficit démocratique de la communauté européenne n’est pas qu’un simple défaut de construction facilement réparable par des méthodes administratives. Cet événement révèle au grand jour une faille majeure dans laquelle s’engouffrent les pires adversaires de l’Europe des Lumières. Les récents élargissements « globalement positifs » se conjuguent avec l’arrivée des fauteurs de guerre d’outre-Atlantique .

Avec la présidence tchèque de 2OO9, la militarisation de l’Europe, sous la conduite des Etats-Unis, est en marche forcée. L’accélération de la militarisation de l’Europe commence déjà avec les préparatifs de la présidence tchèque. Les gouvernements européens laissent faire ainsi que la commissions de Bruxelles. L’intégration européenne est virtuellement rompue.

Je ne saurais poser la plume sans dire que je suis convaincu que les citoyens de la République Française, eux aussi odieusement trompés et tenus à l’écart par les puissants et médias, sauront se prononcer, le moment venu, sur la présidence tchèque de 2009 en particulier et sur la construction européenne en général. J’en appelle à tous mes amis politiques en France.

Karel Kostal

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