23/10/2007

Consommez, consommez puisqu'on vous dit que c'est la seule solution

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Interview- L'Association française des usagers des banques est submergée de lettres de particuliers qui ne peuvent plus faire face à leurs mensualités.
En ligne de mire : les crédits à taux variables.
La crise des subprimes met un pied en France
Vu sur REZO-NET
Sophie LUTRAND - le 23/10/2007 - 15h44/ LCI.frc

LCI.fr : Pourquoi l'Association française des usagers des banques tire-t-elle la sonnette d'alarme aujourd'hui ?

Serge Maître (président de l'Afub) : Nous avons deux soucis. D'abord, mettre en garde les candidats à un emprunt contre les dangers des taux révisables car, contrairement à ce qu'on nous dit, il y en a de plus en plus. En 2005, ils représentaient 5% des crédits octroyés, 8,5% en 2006 et sans doute autour de 10% actuellement. Ce sont les chiffres des courtiers en ligne. Mais chez une banque comme le Crédit foncier de France, les crédits à taux d'intérêts variables représentent 35% des contrats. Notre deuxième problématique est de trouver une solution pour ceux qui ont déjà signé ce type d'emprunt et qui aujourd'hui se retrouvent dans une situation compliquée.

LCI.fr : Avez-vous eu connaissance de cas alarmants ?

S.M : En moins de deux semaines, nous avons reçu environ 250 témoignages de la part de personnes en désarroi. Par exemple, un couple avait emprunté 200.000 euros sur 30 ans avec un taux variable. En un an, leur taux d'intérêt est passé de 3,4% à 5,7%. Donc, pour ne pas trop augmenter leurs mensualités -qui sont tout de même passées de 150 euros à 230 euros-, la durée du remboursement a été prolongée de six ans. 36 ans au lieu de 30.
C'est un cas extrême mais il est loin d'être isolé. Une personne avait emprunté 120.000 euros au taux de 3,4% en avril 2006 sur 25 ans. Aujourd'hui, son taux est passé à 4,80% et son emprunt court désormais sur 34 ans, 9 ans de plus que prévu ! Autant dire que le coût de son crédit explose.

LCI.fr : Est-ce la faute des banques ?

S.M : Ce qui m'étonne c'est que l'on ait fait souscrire des crédits à taux révisables à des gens à un moment où ils étaient presque au même niveau que les taux fixes, ce qui réduit à néant leur intérêt. Il y a 5 ans, il y avait deux points d'écart entre les taux fixes et les variables, il était donc judicieux d'avoir recours aux seconds. Mais depuis quelques années, ce n'est plus du tout le cas.

LCI.fr : Sous-entendez-vous qu'il s'agit de malhonnêteté de la part des banques ?

S.M : Il s'agit en tout cas d'un défaut de mise en garde et tout simplement d'un manque de bon sens économique.

LCI.fr : Y a-t-il un risque de crise comme celle que connaissent les Etats-Unis avec les subprimes ?

S.M : Il y a une dérive inquiétante en effet. Les Américains considèrent que la France ne fait que différer la crise en préférant allonger les durées d'emprunt plutôt que d'augmenter les remboursements des personnes qui ont des mauvaises surprises avec leur emprunt immobilier. Mais lorsque cette variable d'ajustement sera épuisée, il faudra augmenter les mensualités et là, on courra le risque d'obliger les gens à revendre leur bien faute de pouvoir rembourser leur prêt. Mais on en est pas au niveau américain, ne serait-ce que parce que ça ne concerne qu'environ 30.000 dossiers en France contre 12 millions aux Etats-Unis et que les prix ne s'effondrent pas.
Pour ne pas en arriver là, nous demandons aux banques de renégocier les emprunts de leurs clients en difficulté. Le CIC s'y est déjà engagé.

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