26/10/2007

Du diplôme de Rachida Dati

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Le journal l’Express présente un dossier sur Rachida Dati, on y découvre un personnage d’un arrivisme extraordinaire, faisant une cour sans frein aux puissants, un être jeune mais tendu vers sa seule réussite, prête à tout pour cela. Ce ne doit pas être la seule dans l’entourage trés balzacien du président où la réussite sociale tient lieu de morale, les exemples se multiplient et rien que le ministère de Bachelot doit faire face à un arriviste affairiste au sport et un ami du président installé à Neuilly qui bloque tout intervention sur l’ordre des médecins pourtant convaincu de prévarication. Donc rien de tout cela n’a rien d’extraordinaire et les Rachida Dati ne sont que les produits du système d’abord celui du “enrichissez-vous!” , qui fut déjà le mot d’ordre de la Restauration peinte par Balzac.
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La face cachée de Rachida Dati : celle d’un système et pas seulement un individu
Publié 26 octobre 2007

Mais il y a un ridicule qui ne pardonne pas en France, du moins jusqu’ici, c’est l’usurpation de diplôme. Dans ce cas c’est pire. Il est regrettable en effet que celle qui aurait pu représenter la victoire contre les préjugés, être le témoin d’une promotion dont chacun pourrait se réjouir, devenir le symbole du courage qu’il faut déployer pour étant issu du monde ouvrier, de l’immigration, une femme, et néanmoins pourtant accéder au pouvoir par son travail et son goût de l’étude, soit une tricheuse. Que cette femme fasse alors la démonstration que la voie royale est non seulement celle d’une flagornerie sans limite mais celle de la fasification des titres.

Dans ce cas, une escroquerie au diplôme constitue sur le fond la remise en cause d’un parcours au mérite qui aurait pu être exemplaire. Dans ce portrait, il y a effectivement des traits qui forcent l’admiration parce que l’on mesure à quel point il existe dans ce peuple que l’on méprise des trésors de courage, de solidarité. Quel drame qu’il faille les dévoyer pour les rendre efficaces, qu’ils n’aient plus l’héroïsme, l’engagement dans le bien public comme débouchés mais la courtisanerie, la falsification et finisse par aller jusqu’à la dénégation du collectif dont les individus sont issus pour la seule ambition personnelle… La brutalité, la violence faite aux autres comme à soi-même… mais allons plus loin que la simple tricherie… Cette jeune femme, est prête à tout pour plaire à celui qui détient le pouvoir, elle menera ses “missions” dans cette logique et aujourd’hui elle prétend réformer les milieux judiciaires au pas de charge, elle le fait en collant à la logique présidentielle, elle va de faits divers en faits divers pour s’allier l’opinion publique contre la magistrature. Donc ce portrait que nous présente l’Express n’est pas un simple viol de l’intimité, une nouvelle pipolisation d’un pouvoir qui se nourrit de ce type de manipulation publicitaire, mais bien la révélation d’un système qui mérite d’être étudié au delà de l’anecdote sur telle ou telle personnalité.
Nous sommes arrivés au stade ultime de la présidentialisation de la Ve République, déjà au départ il y a l’élection du président de la République au suffrage universel, puis grâce à Jospin, le passage au quinquennat, désormais c’est la monarchie.

Si l’on ajoute à cela la manipulation de l’opinion publique par les techniques publicitaires, les jeux dans lesquels ont excellé le couple présidentiel, le mépris du débat politique au profit d’un “contact direct avec le peuple par le biais des magazines”, nous avons Gala devenu la base d’un référendum permanent sur le prince et ses courtisans. La politique en temps direct avec la communication et le sondage d’opinion. L’élection présidentielle remplace toutes les institutions de la société civile, avoir été élu permet de mépriser les syndicats, de refuser les négociations, de s’appuyer sur l’émotion du fait divers, la caricature pour imposer des réformes choc dont on affirme au peuple bouche bée qu’il les a voulues et que des syndicats corporatistes, conservateurs voudraient l’en priver…

Si l’on ajoute à cela, le fait que pour accéder à la lumière des plateaux de télévision, il faut savoir se glisser dans l’événement. Non pas le fait mais sa représentation orientée par une politique basée sur les effets d’annonce, il devient impérieux de se situer dans le sillage des foucades présidentielles et l’agitation dans tous les domaines, comme nous le voyons dans “le grenelle de l’environnement”. Il faut approuver si l’on veut être entendu quitte à tenter de timides réserves sur les moyens réels des dites annonces. Le mensonge de hier (les 3 milliards vendus au Maroc) devient vérité d’aujourd’hui et nul ne s’en souviendra parce que demain il sera recouvert d’autres frivolités, d’autres mensonges. Il y aura d’autres Rachida Dati, il y en a d’autres…

Nous ne pouvons pas sortir individuellement d’un tel système, il faut reconstruire des collectifs, syndicaux, politiques.

Danielle bleitrach

La face cachée de Rachida Dati, article de l’Express

par Eric Pelletier et Jean-Marie Pontaut

La ministre de la Justice est aujourd’hui une star de la galaxie Sarkozy. Mais cette ascension est le fruit d’un parcours aussi atypique que méconnu. Famille, réseaux, études, politique : contre-enquête sur une réussite balzacienne, avec ses ombres et ses lumières.

Une brindille sur un volcan : à 41 ans, Rachida Dati porte les dossiers brûlants du gouvernement, de la loi sur la récidive à la réforme de la carte judiciaire. En propulsant Place Vendôme cette jeune femme frêle et séduisante, ni élue ni énarque, Sarkozy joue le velours de l’opinion contre la bure des préjugés. Rachida : le prénom claque comme une promesse d’avenir pour les enfants d’immigrés. Dati : le nom symbolise une France enfin égalitaire. Du jour au lendemain, la ministre, forte d’une belle cote de popularité, est devenue une héroïne républicaine et glamour.

Sommaire

1. Sa famille
2. Ses réseaux
3. Ses études
4. La politique

Son bilan de compétences

Chouchoute du président

Une ministre très tendance

Pourtant, son ascension sociale et politique ne se réduit pas à cette geste sarkozyenne. Le personnage cadre mal avec cette image trop lisse. « Je n’avais pas un destin tracé », résume l’intéressée, qui n’aime pas qu’on gratte le vernis de l’icône. Sa réussite révèle en effet de formidables ressources intérieures, mais aussi une stratégie éprouvée de conquête du pouvoir. Elle recèle des blessures intimes et des zones d’ombre alimentant les rumeurs. Raconter la vie de Rachida Dati? « Vous n’y arriverez jamais, prévient cette dernière. Je suis la seule à en posséder toutes les clefs. » Nous en avons retrouvé quelques-unes. Certaines étaient, il est vrai, bien cachées. Elles se nomment famille, réseaux, études et politique. 1. Sa famille

Les Dati débarquent d’Algérie au début des années 1960, à Gergy, un bourg de Saône- et-Loire. Le père, Mbarek, paterfamilias sévère et conservateur, offre à ses enfants des études dans un collège catholique privé, le bien nommé Le Devoir. En retour, il exige discipline et excellence. S’ils ne regagnent pas l’appartement HLM de la cité du Stade, à Chalon-sur-Saône, avant 20 heures, les garçons doivent se débrouiller pour trouver de quoi passer la nuit, un banc ou une banquette de voiture. Ce carcan devient vite insupportable à l’un des jeunes frères, Jamal, qui dévisse et tombe dans le ravin de la dope. Au contraire, Rachida, comme la plupart des 12 enfants, puise dans cette sévérité paternelle les racines de sa réussite. Durant l’émission Vivement dimanche consacrée à la garde des Sceaux, le 7 octobre, Michel Drucker note l’attention soutenue du patriarche dans le public : « On avait l’impression qu’elle passait un véritable examen, a expliqué l’animateur sur RTL. On sent le poids de cet homme qui a dirigé sa famille d’une main de fer avec succès […]. ça m’a rappelé la présence physique et silencieuse de M. Zidane face à son fils. » Ils allaient chercher l’eau au puits

Une habitante de Gergy (Saône-et-Loire) se souvient de l’arrivée des Dati, avant la naissance de Rachida. « Ses parents ont débarqué dans le village avec leur fille aînée et deux valises, pendant l’hiver 1962 ou 1963. J’en garde un excellent souvenir. Je crois qu’ils venaient de quitter leur pays. Mais ils n’aimaient pas en parler. Les Dati logeaient avec trois familles maghrébines dans une ancienne grange refaite sommairement. Il fallait aller chercher l’eau au puits, les toilettes se trouvaient à l’extérieur. La mère, une femme très douce, était enceinte. Lui était un homme très travailleur. Je le voyais partir tous les matins vers 6 heures, par tous les temps, pour se rendre à son travail à Chalon-sur-Saône. Je lui ai d’ailleurs prêté une bicyclette pour qu’il puisse faire ces 30 kilomètres quotidiens, avant qu’il achète une Mobylette. La maman venait souvent dans notre ferme acheter du lait et des oeufs. Au début, elle parlait à peine français. Je me souviens d’avoir écrit deux lettres pour elle. Les Dati? C’étaient des gens très honnêtes. Quand ils nous commandaient 3 kilos de pommes de terre la semaine, nous étions sûrs d’être payés dès le samedi. » Propos recueillis par Eric Pelletier

Au collège, la petite Rachida ne passe pas inaperçue. Du roseau elle n’a que l’allure. Déjà, elle préfère rompre plutôt que plier : née le 27 novembre 1965, à 15 h 30 précises, elle affiche le caractère entier d’un Sagittaire. Christian Morin, le directeur du Devoir, se souvient d’une écolière attachante, « curieuse de tout, bosseuse, un peu meneuse, qui avait soif de connaissances et de reconnaissance ». La mère, Fatim-Zohra, qui élève sans faillir les enfants, reste un modèle absolu d’amour et d’abnégation aux yeux de Rachida, qui souffre encore du vide laissé par son décès, voilà six ans.

« La famille? Rachida y fait sans arrêt référence. C’est même un trait structurant de sa personnalité, souligne une amie de longue date. Elle a toujours mis un point d’honneur à ce que chacun réussisse. » Rachida Dati s’est beaucoup impliquée, hébergeant une sœur et une nièce dans le petit appartement qu’elle occupe rue du Faubourg-Poissonnière, dans le Xe arrondissement de Paris, au milieu des années 1990. Elle reverse alors une grande partie de ses revenus pour aider la fratrie. Ce qui lui vaut d’ailleurs un sérieux problème avec le fisc en 1997. Alors qu’elle vient tout juste d’intégrer l’Ecole nationale de la magistrature (ENM), elle fait l’objet d’un redressement pour avoir, de 1992 à 1994, déduit ces aides de son revenu au titre de « pensions alimentaires ». L’administration exige donc un remboursement sur trois ans, d’un montant considérable par rapport à son salaire (20 000 francs par mois chez Matra, mais 9 000 depuis son entrée à l’ENM). Conseillée par ces relations qu’elle sait si bien tisser, elle obtient un étalement sur trente mois et rembourse l’intégralité de la somme.

A peine a-t-elle entamé ses études supérieures que Rachida est rattrapée par un diktat familial : elle est mariée sans qu’elle le veuille à un proche de la famille. « Je ne pouvais pas refuser, confiera-t-elle à des amis. A partir de 22 ou 23 ans, les filles devaient être mariées. » Cet épisode se conclut finalement par une annulation pure et simple, pour défaut de consentement mutuel. Une procédure exceptionnelle, suivie en son temps par Me Coralie Blum et justifiée par le fait qu’elle a été longtemps harcelée par son ex-mari. Pour échapper à la pression, Rachida Dati s’installera même un temps à Londres, où elle travaille pour la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Le passage dans cette banque, de l’autre côté de la Manche, à la fin de 1992, auprès de Jacques Attali, l’ancien conseiller de François Mitterrand, tient autant de la fuite que de l’avancée d’une carrière. « Quelque chose de très personnel me lie à lui », a-t-elle révélé sur France 2. « Cette femme est faite de fidélités, résume Attali. Elle se ferait tuer pour ceux qui l’ont aidée. » Rachida Dati sort en effet de cette épreuve grâce à son entregent. Un impressionnant réseau qui, depuis des années, veille sur elle. 2. Ses réseaux

En quelques années, la jeune Chalonnaise de la cité du Stade se construit un carnet d’adresses parisien digne d’un énarque bien né. « Elle m’a ouvert les yeux sur une réalité, souligne un ami. La France, c’est Liberté, Egalité, Réseaux. » Rachida Dati, la jeune et pétillante étudiante, ne sait pas se servir des couverts à poisson lors de ses premiers déjeuners dans le monde. Qu’importe ! Elle s’adapte vite. Dans ces cercles compassés, son extraordinaire vitalité, son incroyable débit verbal - « Rachida, apprenez à faire des silences », lui conseille l’un de ses mentors - séduisent. Ces énarques, ces puissants, sont heureux de donner un coup de pouce à une jeune femme douée issue de l’immigration. « En l’aidant à ce moment-là, certains d’entre nous se sont peut-être donné bonne conscience », reconnaît l’un d’eux. Elle sait que le destin se tricote grâce aux rencontres, une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Jamais plus elle ne laissera la tradition ou le hasard abîmer la tapisserie que, patiemment, elle tisse grâce à une stratégie balzacienne. Dès 1986, lors d’une réception à l’ambassade d’Algérie, elle accoste le garde des Sceaux, dont elle a repéré la présence en lisant un article dans un journal. Albin Chalandon revoit encore cette « boule noire aux yeux vifs » fondre sur lui : « “Mon père m’a beaucoup parlé de vous”, m’a-t-elle dit. Elle a été tellement convaincante que je l’ai invitée à déjeuner à la chancellerie. » Ce sera son premier mentor. Il recommande cette femme, « mélange de culot et d’habileté », aux dirigeants d’Elf. Et lorsque, quittant la Place Vendôme, Chalandon rachète l’entreprise Texmaille, près de Saint-Quentin (Aisne), il l’embauche pour superviser la gestion. « Elle a même découvert que mon comptable piquait dans la caisse », s’amuse aujourd’hui l’ancien garde des Sceaux, qui reste l’un de ses indéfectibles amis. « Cette jeune fille était un vrai diamant », souligne Pierre de Bousquet de Florian, ex-collaborateur de Chalandon, aujourd’hui préfet des Hauts-de-Seine.

A l’époque, Rachida Dati écrit à tous les décideurs : capitaines d’industrie, ministres, hauts fonctionnaires ou même chanteurs et journalistes… Les secrétaires des grands patrons apprennent à reconnaître au milieu de mille écritures masculines ses mots de remerciement « personnel et confidentiel », d’une graphie dynamique et rapide. « Elle m’a envoyé un jour un mot évoquant des “moments inoubliables passés ensemble”, se souvient un ancien dirigeant. Ce qui m’a valu des ennuis avec ma femme. » Qui lui a répondu directement… « J’ai passé vingt-cinq ans dans les milieux d’affaires. J’y ai vu de tout, remarque cette assistante de direction qui la connaît depuis dix ans. Pour ma part, je suis une inconditionnelle. » D’autres qui l’ont croisée, comme cet ancien d’un cabinet ministériel, ont une vision plus sombre du personnage : « L’effusion dont elle fait preuve relève en réalité d’une froide manipulation, digne des plus grands escrocs. » Lorsqu’elle n’écrit pas, Mlle Dati téléphone. « Je ne veux pas que vous m’oubliiez », se défend-elle auprès de l’un de ses parrains qui, un jour, s’agace de ces coups de fil.

A l’occasion de la remise d’un prix à l’une de ses sœurs, elle se rue sur le patron de Matra pour lui dire toute son admiration. « Jean-Luc Lagardère était à la fois amusé et flatté, se souvient, attendri, Patrick Déchin, directeur de cabinet à l’époque. Il me l’avait décrite comme étonnante. Je l’ai trouvée impressionnante. » Rachida Dati est embauchée au contrôle de gestion, en 1990. « J’ai même obtenu que Jean-Luc lui fasse un chèque pour payer ses études », se souvient le directeur de cabinet, qui a toujours gardé le contact. Quant à Marceau Long, vice-président du Conseil d’Etat, il la voit débarquer alors qu’il réfléchit au nouveau Code de la nationalité. Il se souvient d’une jeune femme « directe, dotée d’une extraordinaire audace, symbole d’une intégration réussie ».

3. Ses études

La rumeur a enflé pendant l’été. Elle court désormais tout Paris : la garde des Sceaux aurait usurpé ses diplômes. L’affaire est devenue tellement sensible que même le ministère de l’Intérieur a fini par s’en émouvoir. Jusqu’à présent, Rachida Dati n’a pas voulu se justifier face à ces « ragots ». L’Express a enquêté sur la véracité de ses diplômes. Un seul de ses titres reste sujet à caution.

En 1985, la jeune femme s’inscrit à l’université Dijon-Bourgogne, en Deug de sciences économiques. Trois ans plus tard, en juin 1988, elle est diplômée. L’un de ses profs de l’époque, Jean-Jacques Friboulet, devenu économiste de renom, enseigne à l’université suisse de Fribourg. « Je ne l’ai jamais revue, mais je l’ai immédiatement reconnue lors de sa nomination, confie-t-il à L’Express. C’était un cas d’école. A cette époque, dans mon cours sur la répartition des revenus, les enfants de la deuxième génération étaient très rares, surtout les filles. J’avais remarqué sur sa fiche qu’elle travaillait de nuit dans une clinique, mais elle ne se plaignait jamais. Elle était animée d’un vrai fighting spirit. » L’esprit de combat…

A l’automne de 1988, l’étudiante s’inscrit à l’université Paris II-Panthéon-Assas, à deux pas du Luxembourg. La faculté confirme qu’elle en est sortie, en 1991, avec en poche une maîtrise de sciences économiques, option « gestion des entreprises ». Peu après, Rachida Dati bénéficie, on l’a vu, d’une aide de Matra pour s’inscrire au prestigieux Institut supérieur des affaires (ISA), qui dépend du groupe HEC. Elle se présentera dans toutes ses biographies comme une « ancienne élève » de l’ISA. Ce qui est exact. Elle n’a, en revanche, jamais obtenu le diplôme final. Selon l’école, il lui manquait deux « électifs », des matières à option indispensables pour obtenir le titre. La ministre reconnaît aujourd’hui que son diplôme n’a pas été validé, mais affirme avoir obtenu tous ses modules. Elle évoque un « différend » avec HEC. Toujours est-il qu’en 1995 Simone Veil et Marceau Long l’incitent à opter pour la magistrature. Rachida Dati doit donc se remettre aux études et obtenir au minimum une maîtrise de droit, indispensable pour devenir juge. Elle opte pour le droit public général et s’inscrit à Paris I-Panthéon-Sorbonne. Elle bénéficie alors d’un dispositif en vigueur à l’époque, la validation des acquis professionnels (VAP) - l’administration retient ses douze années d’expérience dans le monde du travail - ce qui lui épargne de passer au préalable sa licence de droit. Selon Paris I, elle obtient sa maîtrise en 1996.

Du fait de son âge, 30 ans, elle ne peut prétendre emprunter la voie royale : le concours d’entrée à l’Ecole nationale de la magistrature. Il lui faut par conséquent miser sur une « procédure d’intégration sur titres ». Son dossier est instruit par la hiérarchie judiciaire. Il fait état de deux maîtrises, de cours suivis à l’ISA. Et - curieusement - de l’obtention d’un « MBA européen du groupe HEC-ISA ». Or, rappelons-le, selon la grande école, elle n’a jamais obtenu le diplôme… Erreur, maladresse ou, comme souvent, volonté d’aller vite, trop vite?

En tout cas, le 18 novembre 1996, le parquet général de Versailles (Yvelines), sous la signature de Vincent Lamanda et de Jean-Pierre Plantard, émet un « avis favorable » à l’intégration à la magistrature de « Mlle Dati ». Le rapport de quatre pages évoque une « jeune femme déterminée, à la personnalité affirmée et brillante », disposant d’une « expérience professionnelle variée, à dominante économique et politique ». Le dossier relève ses « excellentes attestations », dont celles de Simone Veil et de Marceau Long. Deux magistrats reçoivent la candidate, à l’époque. Jean-Pierre Bonthoux est toujours sous le charme : « Son dossier, marqué par le caractère éblouissant des avis émis par les personnalités sollicitées, sortait du lot. Mais j’ai surtout été frappé par sa personnalité pétillante. On ne pouvait qu’accrocher. » Maryvonne Caillebotte est également séduite : « J’ai passé deux heures avec elle. En conclusion, je lui ai dit : “Vous allez intégrer notre corps, mais je pense que vous ne resterez pas longtemps parmi nous, car vous vous y sentirez à l’étroit.” »

4. La politique

Longtemps Rachida Dati a manqué son rendez-vous avec la politique. Elle l’approche pour la première fois en 1989, lorsqu’elle présente sa candidature aux Groupes européens de mobilisation, un cercle de réflexion lancé par la ministre socialiste des Affaires européennes, Edith Cresson. « Nous avons été séduits par son côté volontaire, témoigne l’un de ses “parrains”, Bernard Esambert, aujourd’hui président de la Fédération pour la recherche sur le cerveau. Nous l’avons un peu couvée. » Au cours des années 1990, le chemin de Dati croise ceux de la gauche et du centre, mais, curieusement, aucun de leurs dirigeants n’exploite cette pépite politique. En 1995, François Bayrou, alors ministre de l’Education, lui confie une médiation sur l’affaire du voile. Mais le courant ne passe pas. En 1997, elle écrit, à son domicile, à Pierre Moscovici, qui se souvient de cette lettre qu’il a longtemps conservée et qui s’en veut de n’avoir pas répondu : « J’ai “procrastiné”… »

Le tournant se produit en 2002. Les cinq envois adressés à Nicolas Sarkozy finissent par payer : le nouveau ministre de l’Intérieur accepte de la prendre au sein de son cabinet. Les premiers temps sont durs. Rachida Dati n’est encore qu’un obscur conseiller, peu considéré. Cécilia Sarkozy, pourtant, remarque cette jeune femme, spontanée et drôle, qui partage la vie d’un grand patron. A dire vrai, l’épouse du ministre se méfie de cet inclassable ovni. Mais, durant l’escapade amoureuse de Cécilia à New York, en 2005, les deux femmes restent en contact régulier. Au retour, lors d’un dîner entre collaborateurs, en janvier 2006, tous remarquent cette complicité nouvelle. Rachida s’en émerveille : les Sarkozy l’ont « à la bonne ». Son étoile brille comme jamais.

http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/dati/dossier.asp
De : Eric Pelletier et Jean-Marie Pontau
jeudi 25 octobre 2007




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