Les alliés de Sarkozy renfloués dans l'urgence
Par Julien Martin (Rue89) 00H25 24/10/2007
"Il s'agit d'une manoeuvre pour ne pas dire d'une magouille." André Vallini, porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, s'emporte à l'évocation de la proposition de loi émanant du Nouveau centre. La branche centriste affiliée à la majorité présidentielle entend pouvoir bénéficier du financement public.
Le Nouveau centre était passé à côté d'une bonne partie de l'enveloppe de 80 millions d'euros allouée aux partis, en ne remplissant pas un double critère aux législatives: obtenir au minimum 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions. Les ex-amis de Bayrou n'avaient pourtant pas hésité à présenter des membres de leurs familles, leurs secrétaires ou même leurs chauffeurs.
Qu'à cela ne tienne, le gouvernement -qui compte trois représentants du Nouveau centre- a fait inscrire mardi, en urgence au milieu du débat budgétaire, une proposition de loi sur "le pluralisme et l'indépendance des partis politiques", qui sera débattue ce mercredi à l'Assemblée. Proposition qui vient ajouter une alternative dans la loi sur le financement des partis de 1988: "Ou au moins quinze des candidats présentés ont été élus députés." Ca tombe bien: le Nouveau centre en compte 21.
Si la mesure a reçu sans surprise le soutien de l'UMP, elle emporte également l'adhésion des communistes. Si d'aventure ils étaient concernés à l'avenir... Le PS, en revanche, a fait connaître son intention de voter contre, par la voix de son Premier secrétaire, François Hollande:
"C'est une mesure destinée à arranger les affaires d'un parti politique. Nous ne sommes pas là pour prêter la main à l'UMP en faveur de son allié docile qu'est le Nouveau centre."
Détroussé par ses rivaux de son trésor de guerre présidentiel fort de sept millions d'électeurs, François Bayrou n'est pas en reste:
"Dans la situation où le pays se trouve, [...] le gouvernement décrète que l'urgence est de donner un pourboire aux partis qui ont décidé de se rallier au président de la République. C'est déshonorant pour la vie politique."
Pendant ce temps, du côté du Nouveau centre, on se préparait à trinquer. Pas uniquement parce que cette proposition de loi a toutes les chances d'être adoptée, mais aussi parce que ce mardi était jour d'inauguration du siège du parti, rue de Grenelle, dans le VIIe arrondissement de Paris. 140 m2, 5000 euros de loyer mensuel. Bonne affaire. La manne financière prévue devrait aussi permettre de garnir les murs blancs d'affiches aux couleurs du parti.
Président du Nouveau centre, le ministre de la Défense Hervé Morin a baptisé son parti par un discours axé sur les prochaines municipales. Mais dès que l'heure des questions arrive, la proposition de loi controversée arrive irrémédiablement sur le tapis. "Est-ce qu'une famille politique qui a de nombreux élus a le droit d'avoir une existence complète et indépendante?", interroge Morin en guise de réponse.
Certes, depuis 1988, la loi sur le financement des partis a déjà été modifiée à huit reprises. Et les modifications antérieures étaient déjà intervenues après les élections. Mais, pour la première fois, le changement intervient avant que l'enveloppe publique ne soit répartie. Répartition qui sera décidée le 31 décembre. Il y avait urgence.
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