La police arrête des parents en se faisant passer pour le collège
Par Chloé Leprince (Rue89) 13H18 10/10/2007
Ça tombe bien: les enseignants s'interrogent justement sur le redoublement du collégien. Sauf que personne, au collège, n'a jamais décroché son téléphone pour contacter les parents. Encore moins pour les inviter à se présenter à un quelconque rendez-vous à la rentrée. C'est lorsque les parents sortent du collège que les choses s'expliquent: des policiers en civil les interpellent devant l'entrée de l'établissement.
"Médusée", l'équipe enseignante s'interpose. "On a demandé à comprendre et un policier a avoué à notre conseiller d'éducation qu'il s'était fait passer pour lui histoire d'être sûr de pouvoir mettre la main sur les parents, recherchés pour une histoire de droit commun", s'indige Brigitte Chevalet, la principale du collège.
Les syndicats, et notamment SUD Education, en profitent pour parler de "cynisme" et "d'escalade", dénonçant "les contrôles aux abords des établissements scolaires qui s'accélèrent, au point d'avoir lieu tous les jours dans certains quartiers".
Amalgame? Brigitte Chevalet, elle, est outrée de voir que "papiers ou pas papiers, le fond du problème ici, c'est qu'on a usurpé la fonction d'un collègue, ce qui remet en question la relation de confiance qu'on tente d'instaurer avec les parents. En laissant entendre qu'il s'agit en plus d'une histoire de sans-papiers, on crée l'impression qu'on donne les parents de nos élèves à la police".
La chef d'établissement s'est d'ailleurs aussitôt tournée vers le commissariat du XVIIIe, avec qui elle dit "travailler étroitement": "Le commissaire du XVIIIe est formel, ce procédé scandaleux n'émane d'aucun de ses hommes. C'est donc un autre service qui s'est fait passé pour notre conseiller d'éducation. Ils nous a affirmé qu'une enquête était en cours."
► Addendum le 10/10 à 15h50: La préfecture de police de Paris confirme qu'une enquête administrative est bien en cours après l'interpellation du 12 septembre qui visait la mère de l'élève, "soupçonnée par la police judiciaire de trafic d'héroïne".
Dans la foulée:
Vu sur INDYMEDIA
chronique d'une usurpation policiére suite
Chronique d'une usurpation ordinaire les méthodes ignoble de la police sarkozo hortefiste
Mercredi 12 septembre, Monsieur et Madame X, parents d'élève, se présentent au collège parisien suite à un coup de téléphone d'un "CPE" leur demandant de se rendre d'urgence dans l'établissement pour un problème concernant leur enfant.
Accueillis véritablement par un CPE, étonné de les voir arrivés un mercredi après-midi, il se démène pour connaître l'auteur du coup de fil.
En vain, force est de constater que personne du collège n'a téléphoné.
Les parents décident alors de repartir.
Encore dans l'enceinte de l'établissement et sous les yeux du CPE, des policiers, en civil, interviennent avec toute la délicatesse qu'on leur connaît, menottent les parents et les embarquent dans une voiture banalisée.
Témoin de cette arrestation, le CPE interroge un des policiers sur ces manières d'opérer. Fort de son droit et avec un aplomb sans borne, ce dernier rétorque et avoue qu'il est l'auteur du coup de fil ! Et pour rassurer le personnel éducatif il ajoute de ne pas s'inquiéter, il n'a donné aucun nom et tout aussi fièrement répond que "la fin justifie les moyens !"
En France, paraît-il, l'usurpation d'identité peut être sanctionnée de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende, selon le code pénal. Article 424-23. Cette loi sera-t-elle appliquée si les CPE travaillant dans ce collège portent plainte ?
Au delà de l'application peu probable de celle loi, sachez que vous, travailleurs de l'Éducation nationale, pouvez être dorénavant être pris au piège de telles pratiques policières.
Après avoir souvent regretté de ne pas voir suffisamment les parents dans les établissements scolaires, faut-il aujourd'hui souhaiter ne jamais les voir ?
Quant au fumeux partenariat avec la police, ils peuvent se le carrer où ils veulent.
Source - CNT
http://www.cnt-f.org/fte/IMG/pdf/zdc51.pdf
http://hacktivismes.org
http://resistons.lautre.net/
le mercredi 10 octobre 2007 à 13h44
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