LETTRE DE GUY MOQUET
Rachida Dati et Xavier Darcos chahutés lors de la lecture de la lettre
NOUVELOBS.COM | 22.10.2007 | 19:12
La garde des Sceaux a été reçue par les sifflets d'une cinquantaine de manifestants dans un collège de Villejuif. Le ministre de l'Education a été lui fraîchement accueilli par des enseignants communistes à Périgueux.
Deux ministres ont été particulièrement chahutés lors de lectures de la lettre de Guy Môquet, lundi 22 octobre. La garde des Sceaux, Rachida Dati, a été chahutée par une cinquantaine de manifestants, à Villejuif (Val-de-Marne), lors de la lecture de cette lettre dans un collège.
Le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, a été quant à lui accueilli fraîchement par des enseignants et des militants communistes dans son ancien lycée à Périgueux (Dordogne), ville dont il est maire, et où il a lu la lettre de Guy Môquet devant plusieurs dizaines d'élèves.
A Villejuif, les manifestants, habitants de la ville, membres du Réseau Education sans frontières (RSEF) et militants communistes, ont appelé à la "résistance contre les lois racistes".
Ils s'étaient rassemblés devant le collège Guy-Môquet au moment de la cérémonie, voulue par le président Nicolas Sarkozy, à la mémoire du héros de la Résistance communiste, fusillé le 22 octobre 1941 à l'âge de 17 ans.
Munis d'une grande banderole portant l'inscription "vous n'êtes pas la bienvenue", à l'adresse de Rachida Dati, accueillie par des sifflets, les manifestants ont attendu que celle-ci prenne la parole, à la fin de la cérémonie, pour crier "libérez Guy Môquet" ou "relaxez Florimond". Florimond Guimard, professeur des écoles, doit être jugé lundi à Marseille pour avoir manifesté son opposition, avec d'autres personnes, à l'expulsion d'un parent d'élève sans-papiers.
De l'irrespect pour le travail des collégiens, selon Dati
"Etre digne des 27 de Châteaubriant, c'est s'opposer aux régressions sociales et à la traque des sans-papiers", ont estimé les membres de RESF-94 dans un tract distribué devant le collège.
Les manifestants, qui ont aussi dénoncé "l'immonde disposition concernant les tests ADN", ont ensuite scandé "résistance contre les lois racistes", avant d'entonner l'Internationale.
Pour Rachida Dati, qui a appelé les collégiens à "être responsables de (leur) destin", cette manifestation, "ce n'est respecter ni le travail (des collégiens), ni les valeurs que ces collégiens, ces enfants, incarnent et que la France incarne".
Auparavant, la chorale du collège, où un travail sur la Résistance est mené chaque année avec les classes de 3e, avait chanté le Chant des Partisans, puis une élève avait lu un texte expliquant le contexte historique de la mort de Guy Môquet, avant que la lettre de ce dernier à sa famille soit lue.
Xavier Darcos à Périgueux
A Périgueux, le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, a reçu un accueil des plus froids.
A son arrivée, l'attendait une poignée de militants communistes distribuant un tiré-à-part du journal L'Humanité consacré à Guy Môquet.
L'un d'entre eux donnait le ton en arborant une pancarte sur laquelle on pouvait lire : "Darcos-Sarkozy, vos valeurs ne sont pas celles de Guy Môquet".
Interrogé par la presse, le ministre a dit ne pas comprendre cette "polémique".
"En tant que ministre, j'ai fait ce qu'il fallait pour que ce document soit lu dans un contexte pédagogique", a-t-il déclaré devant l'entrée du lycée Bertran de Born où il fut élève de 1958 à 1965 avant d'y exercer en tant que professeur.
Pour lui si "depuis le début il y a des réticences", il ne faut pas "que l'arbre cache la forêt" car "dans l'immense majorité des cas, cette lettre est lue sans difficulté".
Xavier Darcos a estimé qu'il n'y avait pas matière à voir "une instrumentalisation politique" dans cette cérémonie. Il a expliqué qu'il "(défendait) les valeurs de la résistance".
Xavier Darcos a ensuite lu la lettre devant des élèves de 1ère et de terminale ainsi que des cadets de la République de l'école de police réunis avec d'anciens résistants et des personnalités du monde éducatif.
La cousine de Guy Môquet lit la lettre
Au lycée Ronsard de Vendôme (Loir-et-Cher), c'est la cousine de Guy Môquet, Michelle Bouhours, 74 ans, qui a lu la lettre du résistant devant 150 élèves.
Très émue, elle a lu le début de la lettre, puis deux jeunes filles et un garçon ont poursuivi et terminé la lecture.
Les jeunes lui ont ensuite posé des questions sur cette période et ont tous voulu savoir dans quelles conditions elle avait appris la mort de son cousin.
"C'était le jour de mes huit ans, je suis née le 22 octobre, jour où il a été fusillé. Ce jour-là, quand mon père qui était également recherché a appris la nouvelle, je le revois donnant de gros coups de poings sur des chaises de notre salle à manger, pleurant. Maman pleurait également", a-t-elle raconté.
"Papa m'a dit: 'Michelle, tu vas retourner à l'école, mais tu ne dois pas dire que Guy Môquet était ton cousin, sinon c'est ton papa qui va être arrêté'. Le 22 octobre pour moi, c'est une journée très triste, je ne veux pas qu'on me souhaite mon anniversaire ce jour-là".
Une mort en faveur du "projet européen", selon Barnier
Le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Michel Barnier, a, de son côté, lu la lettre, lundi matin au lycée agricole de Courcelles-Chaussy (Moselle). Après la lecture, Michel Barnier a expliqué que, selon lui, "la mort de Guy Môquet a servi à quelque chose. Elle a permis la réalisation du projet européen dont la promesse de paix a, depuis, été respectée". "Ce projet européen, même fragile, c'est le vôtre pour demain", a-t-il.
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