http://www.bakchich.info/article1865.html
La privatisation des autoroutes rend Seguin chèvre
Road-trip | jeudi, 1er novembre 2007 | par Émile Borne
..Continuez à circuler, les sociétés d’autoroute vous font les poches mais il n’y a rien à redire ! La publication dans Marianne d’un rapport assassin de la Cour des comptes consacré au réseau ASF, filiale de Vinci a suscité un remarquable silence. Et pourtant, il y a de quoi dire.
Non seulement en 2005, Villepin a offert à un vil prix ASF à Vinci, mais depuis, le concessionnaire augmente allégrement les tarifs sur la base d’une grille tarifaire « opaque » et « illégitime ». Vinci, s’en met plein les fouilles sur le dos des automobilistes mais aussi de l’Etat, avec la complicité de l‘…Etat. « L’équilibre de la concession n’est interprétée qu’à sens unique, en faveur du concessionnaire(…)Le risque d’un déséquilibre en sens contraire, c’est-à-dire de profits excessifs dans l’exercice d’une mission de service publique, n’est pas pris en compte », condamne le rapport.
Mais pas de réaction. Il faut dire que certains journaux économiques ont réglé par avance son sort à la Cour des comptes. Comme le quotidien la Tribune. Lequel a immédiatement joué les chiens de garde de l’ordre économique suite à une info parue en septembre dans la Lettre de l’Expansion. Celle-ci indique que la Cour termine deux autres rapports plus généraux et au « vitriol » : l’un sur la privatisation des autoroutes – le prix de vente est jugé trop bas -, l’autre sur le système tarifaire, jugé abusif. « Ces critiques sont-elles justifiées ? », interroge dans son édition du 12 septembre, le journal du milliardaire Bernard Arnault, copain de beaucoup de patrons du CAC 40.
« Pour certains observateurs, non. D’abord, parce que la Cour des comptes a été hostile par principe à la privatisation, répond l’excellent journal. Ensuite, selon nos informations, ce rapport comporterait des erreurs manifestes ». Bref, la cour a l’outrecuidance de se mêler des affaires publiques sans y connaître grand chose. Pas mal pour un journal qui n’a pas lu les documents… Renvoyant les sages de la rue Cambon dans leurs 22, il sort l’argument définitif : « Ce n’est qu’un document de travail qui n’engage pas la cour mais ses auteurs. Avant d’être bouclé il sera remanié ». Ouf ! Les électrons libres de cette institution seront repris en main.
Le rapport aux petits oignons sur ASF n’a lui rien de provisoire. Approuvé par la Cour, il a atterri début août, sur le bureau des présidents de la commission des finances de l’Assemblée et du Sénat. Accompagné d’une lettre signée par un dangereux activiste : le premier président de la Cour Philippe Séguin. Sa bafouille n’y va pas par quatre chemins, comme le prouve le document que Bakchich reproduit. « Retard notable dans les investissements d’ASF » qui posent « la question de la restitution des avantages, notamment tarifaires, accordés à la société concessionaire »,« conditions d’équilibre interpétées à sens unique en faveur du concessionnaire, » et autre « pratiques abusives », particulièrement quant à l’abus de CDD (cf. doc. ci-dessous).
Un observateur averti estime que ce contrôle aurait mérité l’ouverture d’une enquête parlementaire. Mais voilà, les représentants du peuple ont sans doute d’autre chat à fouetter. Pas un mot du PS, dont un de ses membres, Didier Migaud préside pourtant la commission des Finances de l’assemblée, cadeau de Sarko à son opposition. Quant à Bayrou, pourfendeur de la privatisation, il doit être sur d’autres autoroutes…
Surtout pas question d’embêter Vinci et les autres bétépistes comme Eiffage. A l’heure ou l’Etat et les collectivités raclent les fonds de tiroir et misent sur les PPP - partenariats public privé, forme évoluée de concession - ils apparaissent comme les grands sauveurs. Difficile de trouver un élu qui ne leur fasse pas la danse du ventre pour faire financer une route, un pont, un lycée etc. Le BTP sait s’y prendre aussi pour faire ami-ami avec eux, co-sponsorisant un certain nombre de groupe de réflexion. Témoin, l’association, TDIE, Transport développement inter modalité et environnement, co-présidée par deux députés, le PS, Philippe Duron et l’UMP, Michel Bouvard. Elle a organisé plusieurs colloques intéressants durant la campagne mais toujours à sens unique : il faut davantage de route, d’autoroute, de ligne de TGV. Amusant hasard, le secrétariat de l’association est logé au siége de la fédération des travaux publics… Circulez, circulez et n’oubliez pas de payer !
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