LE MONDE | 03.11.07 | 13h55 • Mis à jour le 03.11.07 | 13h55
Ces deux syndicats appellent les officiers à déposer symboliquement leurs armes et leurs téléphones sur le bureau de leur chef le 8 novembre, date d'une réunion avec le ministère de l'intérieur, pour protester contre une administration qui "ne les écoute pas". Une initiative qui laisse parfois sceptique une "base" particulièrement remontée, et qui le fait savoir sur les sites Internet des organisations. "On fait encore dans le soft... Mon chef de service risque de bien rigoler. (...) Allez, je préfère me joindre aux actions des cheminots et de la fonction publique", fulmine un policier. "Moi, je veux bien suivre, dit un autre. Mais je pense que je vais avoir l'air d'un c... dans le bureau du patron avec mon téléphone fixe dans les mains."
La mauvaise humeur des officiers a trait aux conséquences, en matière de temps de travail, du passage au statut cadre. Les heures supplémentaires ne devraient plus être comptabilisées, les rappels au service, week-ends et jours fériés, seraient récupérés dans la semaine - exceptionnellement le mois - qui suit sans majoration.
"INTENABLE"
"Nous avions accepté le principe d'une réduction du nombre des officiers, 18 000 en 1995, 14 800 en 2004, 12 000 aujourd'hui, 9 000 en 2012, en échange d'une valorisation et d'une augmentation, explique Patrice Ribeiro, secrétaire général adjoint de Synergie Officiers. C'était ça la philosophie de Sarkozy : moins de fonctionnaires mais mieux payés." Or les compensations financières sont jugées insuffisantes : de 50 à 100 euros par mois, selon les grades, d'ici à cinq ans ; de 15 à 17 euros dans l'immédiat.
La crainte d'être "à la merci des "chefaillons", sans aucune limite", selon M. Ribeiro, est vive : "La réforme, telle qu'elle nous est présentée, donne des pouvoirs exorbitants aux chefs de service, dit-il. Là, on peut nous faire bosser trois semaines d'affilée sans contreparties. Il faut des limitations."
Dominique Achispon, secrétaire général du SNOP, cite pour sa part une "incroyable note" du directeur général de la police "demandant aux commissaires d'être bienveillants avec les officiers en faisant preuve de "discernement" dans leur emploi", qui ne rassure pas. "Beaucoup de commissaires abusent déjà, assure Philippe Armand, délégué du SNOP pour la région Ouest. Si, demain, on enlève tout "bornage", ça va devenir intenable." Le statut cadre dans la fonction publique, notamment dans l'éducation, n'entraîne pas la fin des compensations, soulignent les syndicats.
Ils évoquent d'autres initiatives. Les policiers étant interdits de grève, l'hypothèse de faire descendre les familles dans la rue est envisagée. La rencontre avec M. Sarkozy prévue le 15 novembre est aussi très attendue. Ce jour-là, à la grogne des policiers s'ajoutera celle des gendarmes, sur le thème très voisin du "travailler plus pour gagner plus".
Isabelle Mandraud
Article paru dans l'édition du 04.11.07.
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