Rama Yade va pouvoir consacrer son week-end à sa candidature municipale à Colombes (Hauts-de-Seine)… Alors que, jusqu’à lundi, il était question qu’elle accompagne Nicolas Sarkozy en Chine, la secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme ne fait finalement pas partie de la délégation qui accompagne le Président lors de sa visite d’Etat qui débute dimanche.
Pas question que sa présence puisse venir polluer la «relation de confiance» que Nicolas Sarkozy veut bâtir avec les dirigeants chinois. Ce qui aurait été le cas si Rama Yade avait rencontré des opposants chinois ou des représentants d’associations de défense des droits de l’homme. Et lui faire faire de la figuration, comme lors d’une visite de Sarkozy en Tunisie en juillet (où Rama Yade n’avait rencontré personne) aurait été ridicule.
Pour justifier son absence, les conseillers de l’Elysée sont plus qu’embarrassés. «C’est le Président en personne qui défendra le dossier des droits de l’homme lors de ses rencontres avec ses homologues chinois», avance l’un d’eux. A l’entendre, ce sujet «est si important» qu’il ne peut être traité que par Sarkozy lui-même. Pour sa défense, l’Elysée met en avant que Luc Chatel, secrétaire d’Etat à la Consommation et au Tourisme, n’est pas non plus du voyage, alors que «les dossiers majeurs de la contrefaçon et du flux toujours plus important de touristes chinois en France relèvent de sa compétence». Conclusion de l’Elysée : «Les sujets fondamentaux, c’est le président de la République qui s’en charge.» Avis aux ministres qui auraient encore quelques illusions.
L’Elysée a plus vraisemblablement cédé face aux pressions de son hôte chinois. Comme le raconte un diplomate, «le tigre ne veut pas que le coq s’aligne sur l’ours de Berlin». Autrement dit : Pékin a invité Paris à en faire moins que l’Allemagne sur le registre des droits de l’homme. Le message a été reçu.
Quand ça l’arrange, le chef de l’Etat n’hésite pourtant pas à en faire des tonnes avec Rama Yade, sa Condoleezza Rice à lui, comme il aime à dire. Lors de son récent voyage à Washington, où elle l’accompagnait, Sarkozy parlait de la secrétaire d’Etat, et de Rachida Dati, comme d’un «symbole de la diversité et du nouveau visage de la France». Un nouveau visage que la garde des Sceaux, qui, elle, est du voyage à Pékin, incarnera cette fois toute seule.
libération.
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