PARIS (AFP) - Les deux lits et le berceau occupent toute la largeur de la pièce: c'est dans cette chambre louée à un marchand de sommeil ordinaire que dort une famille de cinq personnes pour un loyer mensuel de 3.100 euros.
L'association Droit au logement (Dal), qui organise depuis six semaines un campement, rue de la Banque (IIème), au coeur de Paris, de familles hébergées en hôtel et qui réclament de "vrais logements", a entraîné quelques personnalités "amies" à visiter l'un de ces établissements.
Dans l'hôtel de France, rue Jarry, dans le 10ème arrondissement, s'engouffre une petite troupe venue constater la réalité d'une vie de famille menée entre les murs d'un hôtel borgne comme il en existe sans doute plusieurs centaines à Paris.
Les actrices Emmanuelle Béart et Valérie Lang, l'écrivain Dan Franck et le médecin urgentiste Patrick Pelloux sont venus "pour voir et témoigner".
Samira et Karim, parents de trois enfants de 8, 6 et 2 ans, ouvrent la porte. La pièce doit mesurer 3 mètres sur 3. Toute la largeur de la pièce est occupée, en rang d'oignons, par un lit supperposé, un double lit pour les parents, un berceau pour le petit dernier.
Il reste à peine la place pour un téléviseur et des étagères. Une minuscule salle de bains est contiguë, l'unique fenêtre donnant sur un puits de lumière encombré par un tuyau.
Loyer mensuel pour cette chambre et une autre pièce de 7m2 faisant office de cuisine: 3.100 euros.
Karim et Samira ne peuvent pas payer un tel loyer puisqu'ils gagnent, lui comme chauffeur et elle comme femme de chambre 2100 euros nets. Ils versent mille euros au gérant de l'hôtel, "un homme gentil", dit Samira, "qui n'est pas le propriétaire que l'on ne voit jamais".
Les 2.100 autres euros sont payés par les services de l''aide sociale à l'enfance.
Samira décrit un enfer ordinaire: sa fille de 8 ans qui ne peut pas faire ses devoirs, les enfants qui se disputent, les rats qui mangent les provisions... Elle montre au Dr Pelloux les radios pulmonaires du plus petit. Diagnostic: "pneumopathie aigüe". Pour le médecin, "c'est la maladie de la pauveté, due à l'humidité, à un air confiné, aux microbes multiples laissés par les rats."
L'enfant est soigné régulièrement à l'hôpital: "on soigne à coup d'antibiotiques les conséquences de la pauvreté, pas la pauvreté", déplore le médecin..
Samira et Karim vivent là depuis 18 mois, "depuis qu'on a des papiers", disent-ils. Mais cela fait sept ans qu'ils vivent en hôtel.
Et les choses ne s'arrangent pas pour eux. Samira, fatiguée de vivre dans ces conditions, a demandé à la mairie du 10ème une résidence sociale. On lui a proposé le foyer israélite de Montmartre, un CHRS. Elle a refusé: "on ne peut pas sortir avant 6h30, rentrer après 22h, manger ou coucher ailleurs..".
Aujourd'hui, elle a reçu une lettre: elle a "perdu" l'aide sociale à l'enfance.
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