Les fonctionnaires de l’Isère contre la chasse aux immigrés
Sans-papiers . Plusieurs syndicats appellent les salariés de la préfecture à entrer en résistance contre les arrestations de sans-papiers.
C’est à la suite de plusieurs interpellations « pièges » en préfecture à l’encontre de sans-papiers, en particulier alors qu’une personne du Réseau éducation sans frontières accompagnait l’un d’eux, que les fonctionnaires de divers services de l’État de l’Isère ont décidé d’informer, hier, leurs collègues de la préfecture sur leur possibilité de résistance à la politique du chiffre mise en place par le gouvernement.
L' HUMANITE
Syndicalistes à la CGT, à SUD ou au SNU-FSU, ils venaient des directions départementales des affaires sanitaires et sociales, du travail, de l’emploi, des impôts, du conseil général et de l’ANPE. Tous ces services publics sont de plus en plus pressés de participer à la chasse à l’immigré « clandestin », en le signalant en préfecture, voire en soumettant directement les photocopies des dossiers à l’agrément préfectoral. Ce qui explique que la colère de ces fonctionnaires dont ce n’est pas le métier soit plus exacerbée que les réticences des agents directement aux ordres du pouvoir préfectoral.
Hier matin, la distribution de tracts, devant la préfecture de l’Isère, ne manquait pas de piment. Patrick Sinsard, syndicaliste CGT à la DDASS, en fait le bilan : « Il y a des agents qui ont affirmé se poser les mêmes interrogations que nous, alors que d’autres étaient complètement fermés, voire hostiles. Nous avons vraiment senti que nous n’étions pas les seuls à nous poser des questions, même si, en préfecture, cplus difficile qu’ailleurs. Pour certains, c’était presque un soulagement. Mais, il ne faut pas se faire d’illusion, ils sont isolés, peu organisés syndicalement, ils n’ont aucun débat sur l’éthique professionnelle, comme nous essayons de l’entretenir dans nos différents services. Mais, quand en préfecture, ils en arrivent à piéger des gens dans leurs propres murs, ils ont beau être chargés de faire respecter la réglementation, il y a des choses moralement inadmissibles. Ils ne peuvent pas ignorer les conséquences sur les gens, sur les familles, ce qu’est un centre de rétention, ce que signifie les expulsions… »
De là à les appeler à la désobéissance, il y a un pas que les syndicalistes ne franchissent pas encore. « Nous voulons leur faire savoir que nous partageons leurs questions, que s’ils ont des velléités de résister, nous proposons de constituer un réseau, d’y réfléchir ensemble. Il y a la désobéissance pure, mais avant, il est possible de faire de la résistance passive, d’échanger des informations. Après, tout dépend de la façon dont se développe le rapport de force. » Il n’empêche que la police a voulu relever les identités des distributeurs de tracts, « ce qu’elle n’a jamais fait quand nous sommes intervenus sur le pouvoir d’achat ».
Émilie Rive
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