23/03/2008

"bonne gouvernance et democratie?" Mogae decoré par Sarkozy

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Visite du président Mogae à Paris




21 Mars 2008
A l'occasion de la visite en France du président du Botswana M. Festus Mogae, la section française de Survival International lui a rappelé le sort tragique des Bushmen du Kalahari et a appelé le gouvernement français à intercéder en leur faveur pour qu'ils puissent retourner vivre en paix sur leurs terres ancestrales.


Survival a écrit à M. Bernard Kouchner, membre du comité d'honneur de Survival France, en lui demandant d'intervenir en faveur des Bushmen, ainsi qu'au président Nicolas Sarkozy qui a décoré Festus Mogae des insignes de Grand-Croix de commandeur de la Légion d'honneur pour le "modèle de démocratie et de bonne gouvernance"


que représente le Botswana.Lors d'une conférence donnée par M. Mogae à l'Université de la Sorbonne, il a été interrogé par un porte-parole de Survival sur le sort des Bushmen et plus particulièrement sur la question de leur accès à l'eau à l'intérieur de la réserve du Kalahari central.


Une manifestation a également été organisée devant le du siège du MEDEF où avait lieu une réunion de travail au cours de laquelle le président du Botswana rencontrait des entreprises françaises.


Après avoir gagné un procès historique à l'issue duquel leur expulsion a été jugée illégale par la Haute Cour du Botswana, les Bushmen avaient espéré pouvoir retourner dans leurs anciens villages. Mais le gouvernement redouble d’efforts pour empêcher les Bushmen de rentrer chez eux. Il refuse notamment de les autoriser à pratiquer la chasse et à accéder à un puits situé à l'intérieur de la réserve, les obligeant à parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour se ravitailler en eau


.Dans le même temps, un projet de mine de diamants d’un coût de plus de 2,2 milliards de dollars a démarré dans la réserve. La mine aura accès à toute l'eau nécessaire à son fonctionnement.




Bushmen

Les peuples connus sous les noms de Bushmen (Bochimans, en français), San, Basarwa, sont les premiers habitants de l’Afrique australe qu’ils occupent depuis plus de 20 000 ans. Le terme ‘Bushman’ (‘Bushmen’ au pluriel) qui dérive de la forme anglaise du mot hollandais/afrikaans ‘Bosjemans’ ou ‘Bossiesmans’ signifiant ‘bandit’ ou ‘hors-la-loi’ est toutefois le plus largement reconnu et accepté par eux-mêmes. Ils sont divisés en plusieurs groupes qui parlent des langues différentes

.Comment vivent-ils ? Les Bushmen sont des chasseurs-cueilleurs qui, pendant des milliers d'années, ont trouvé leur subsistance dans le vaste désert du Kalahari. Ils chassent - notamment l’antilope - mais leur nourriture quotidienne est principalement constituée de fruits, baies et racines du désert. Ils construisent des abris de bois temporaires. Beaucoup d'entre eux ont été forcés de quitter leur territoire et de vivre dans des villages ou des camps situés dans des zones impropres à la chasse et à la cueillette.A quels problèmes sont-ils confrontés ? Durant les trois derniers siècles, ils ont été décimés par les Bantous, agriculteurs sédentaires en provenance d’Afrique de l’Est, et plus tardivement par les colons blancs (fermiers hollandais – Boers – et huguenots puis britanniques). Confrontés aux meurtres, à l’oppression, à la discrimination, à l’esclavage, à l’expulsion de leurs terres ancestrales, les Bushmen, dont la population a été réduite de plusieurs millions à environ 100 000, affrontent des problèmes différents selon les pays où ils sont établis. Aujourd’hui, si l'asservissement a disparu, ils continuent d’être marginalisés, considérés comme des ‘primitifs vivant à l’âge de pierre’ et sont victimes de racisme, de violence et de discriminations. Ils sont sous-représentés dans les organes politiques nationaux et locaux et sont exclus des processus de décision qui les concernent.

Environ 50 000 Bushmen vivent au Botswana, 32 000 en Namibie, 4 350 en Afrique du Sud (dont 4000 immigrés de Namibie et d'Angola), 2 500 au Zimbabwe, 1 200 en Angola, et 300 en Zambie.Les expulsions Au Botswana, les Gana et les Gwi de la réserve naturelle du Kalahari central sont parmi les plus persécutés - ils n'ont aucun droit sur leur terre. En 1986, le gouvernement botswanais décida officiellement d'une politique de déplacement des Bushmen dans des camps de ‘relocalisation' situés hors de la réserve, les principaux étant New Xade et Kaudwane. La chasse sans permis devint illégale, les Bushmen devant obtenir une autorisation à l'instar des tour-opérators qui organisaient des safaris pour le tourisme de luxe.

Les persécutions se muliplièrent, les familles étant constamment harcelées par les autorités pour rejoindre les camps de relocalisation. En 1997, plus de mille Bushmen furent déportés dans les camps. En 2002, de nouvelles expulsions eurent lieu, pratiquement tous les Bushmen furent alors chassés de la Réserve du Kalahari. En septembre 2005, l’accès de la Réserve fut totalement condamné et en juin 2006, seuls une trentaine de Bushmen y survivaient encore.

Le procès En 2002, les Bushmen qui venaient d’être expulsés, intentèrent un procès au gouvernement pour pouvoir retourner vivre dans la réserve et y pratiquer librement la chasse et la cueillette. L'affaire ayant été rejetée sur un détail, ils firent appel et obtinrent que leur cas soit entendu en 2004 par la Haute Cour de Lobaste (ville située au sud de Gaborone) qui rendit son verdict le 13 décembre 2006. Contre toute attente, les juges statuèrent que l’éviction des Bushmen était illégale et anticonstitutionnelle et qu’ils avaient de ce fait le droit de retourner librement dans la Réserve

. Malgré cette victoire juridique, le gouvernement s’efforce de rendre ce retour impossible, notamment en leur interdisant d’utiliser les sources d’eau situées dans la réserve ou en refusant de leur délivrer des permis de chasse. Cette politique vise à intimider les Bushmen afin qu’ils ne quittent pas les camps de relocalisation et à persécuter ceux qui ont choisi de retourner sur leur territoire ancestral.Les Diamants La présence de gisements de diamants dans la Réserve est la raison la plus probable de l’expulsion des Bushmen. Leur territoire ancestral se trouve au cœur de la zone diamantifère la plus riche au monde

. La compagnie Kalahari Diamonds, qui explore actuellement la Réserve du Kalahari, a déclaré que « l’éventualité d’une découverte diamantifère majeure [était] hautement probable ». Le Botswana est le plus gros producteur de diamants au monde, en terme de qualité. 35% de son PIB provient de l’exploitation diamantifère. Les mines de diamants du Botswana sont contrôlées par la compagnie Debswana détenue à parts égales par le gouvernement et le groupe De Beers.


http://www.survivalfrance.org/

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