04/03/2008

Les fonds secrets de l'UIMM ont-ils transité par l'extrême droite étudiante française ?

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UIMM : des fonds au service
de l'extrême droite étudiante

Mathieu Delahousse et Anne Jouan
04/03/2008
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Yves Bertrand, directeur central des Renseignements généraux entre 1992 et 2004, est convoqué à titre de témoin le 13 mars par le juge Roger Le Loire. Il devra s'expliquer sur un passage de son livre «Je ne sais rien mais je dirai presque tout».
Yves Bertrand, directeur central des Renseignements généraux entre 1992 et 2004, est convoqué à titre de témoin le 13 mars par le juge Roger Le Loire. Il devra s'expliquer sur un passage de son livre «Je ne sais rien mais je dirai presque tout». Crédits photo : GLOBEPIX

Le GUD aurait reçu des enveloppes d'argent liquide pour payer des colleurs d'affiches durant la campagne présidentielle de 1974.

Les fonds secrets de l'UIMM ont-ils transité par l'extrême droite étudiante française ? Et la campagne électorale de 1974 de Valéry Giscard d'Estaing en a-t-elle indirectement tiré profit ? Ces questions sont désormais posées dans le cadre de l'enquête sur les caisses noires de l'UIMM. Les vitrines successives de l'extrême droite étudiante Occident, Ordre nouveau puis GUD (Groupe Union Droit puis Groupe Union Défense) pourraient donc être une première clé dans l'instruction conduite depuis le 4 décembre par le juge Roger Le Loire qui, sur le même sujet, a convoqué à titre de témoin Yves Bertrand, directeur central des Renseignements généraux entre 1992 et 2004.

Dans l'enquête, cette hypothèse trouve ses origines dans l'audition du délégué général adjoint de l'UIMM, Dominique de Calan, le 13 février dernier. Ce jour-là, juste avant d'être mis en examen à son tour, il évoque devant les enquêteurs de la brigade financière des «organismes universitaires» qui auraient bénéficié des fonds en liquide distribués par l'union patronale. Aucun détail supplémentaire n'est alors fourni.

Mais cette théorie est nourrie par le livre de Yves Bertrand, Je ne sais rien mais je dirai presque tout, sorti en septembre 2007. À la page 153, cet ancien grand policier va plus loin. Selon lui, «seuls quelques naïfs croient encore que Giscard a pu mener campagne, en 1947, avec les maigres moyens des Républicains indépendants : sa logistique, son service d'ordre, ce sont les “petits gars” d'Ordre nouveau qui les ont assurés, grâce aux enveloppes en liquide de l'Union des industries métallurgiques et minières, la fameuse UIMM, dont la gauche ne s'est jamais privée de rappeler qu'elle descendait de l'ancien Comité des forges, le bastion des 200 familles». C'est pour en savoir plus que le juge souhaite entendre Yves Bertrand. Il est convoqué comme témoin le 13 mars.

Membre d'Occident jusqu'en 1968 puis membre de l'équipe de campagne de VGE, l'ancien ministre Alain Madelin livre des précisions. Joint par Le Figaro , il affirme : «La thèse d'Yves Bertrand est un raccourci un peu intrépide. Que l'UIMM soutienne Giscard via le CNPF (Centre national du patronat français, l'ancêtre du Medef), pourquoi pas ? Mais qu'ils aient payé directement le GUD, c'est absurde.»

Un système généralisé

Selon lui, le financement des meetings de VGE en 1974 était géré par Hubert Bassot, aujourd'hui décédé. Cet ancien député, fervent partisan de l'Algérie française, avait notamment participé à la revue L'Esprit public , proche de l'OAS. C'est lui qui servait d'intermédiaire discret entre les mouvements étudiants d'extrême droite et le patronat. Tellement discret que Valéry Giscard d'Estaing affirme n'avoir jamais eu connaissance de telles ramifications. « Qu'un mouvement d'extrême droite puisse coller mes affiches de campagne relève de l'invraisemblable» , nous confiait lundi l'ancien président de la République.

Ce système de financement par le patronat était généralisé, accuse pour sa part Yves Bertrand, interrogé lundi soir par Le Figaro : «Ce que j'ai écrit pour VGE est valable pour toute la classe politique. Le patronat saupoudrait tous ceux qui pouvaient avoir une responsabilité locale ou nationale.» L'ancien policier, cependant, avoue ne pas connaître les circuits de financement via les «organismes universitaires».

Juridiquement, la piste d'un financement étudiant ou politique présente un risque important pour les dirigeants de l'instance patronale qui, jusque-là, ont toujours affirmé que les fonds étaient distribués dans le cadre de pratiques institutionnalisées au sein de l'UIMM. Traduction : elles ne seraient juridiquement pas un «abus de confiance» puisqu'elles ne sortiraient pas du mandat donné au délégué général par son bureau. Mettant en avant la loi Waldeck Rousseau de 1884 sur le statut des syndicats, Denis Gautier-Sauvagnac a jusque-là répété que les fonds étaient destinés «aux représentants des organismes participant à la vie sociale de notre pays».

Confronté pour l'instant à cette unique phrase d'explication, le juge d'instruction Roger Le Loire cherche actuellement à savoir quelles directions ont pu prendre les 18,9 millions d'euros sortis des caisses entre 2000 et 2007. La brigade financière doit procéder d'ici à la fin du mois à plusieurs vérifications.

Les fortes rivalités internes au patronat qui sont apparues depuis trois jours sont-elles de nature à relancer l'enquête ? Jusque-là, pas un seul nom de bénéficiaire n'a été prononcé depuis que l'affaire a été révélée le 26 septembre par Le Figaro .







**La suite et fin de ton message blog.**


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