25/03/2008

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série - Avril 2008

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Il était une fois un vieux pays républicain, qui s’était donné un roi. Lequel, comme la grenouille de la fable, voulait ressembler à un boeuf de belle taille. Le bon La Fontaine, qui connaissait bien les hommes, ne manquait pas de plaisanter en évoquant cette grenouille qui désirait s’enfler :







Sarkozy 1er


Il était une fois un vieux pays républicain, qui s’était donné un roi. Lequel, comme la grenouille de la fable, voulait ressembler à un boeuf de belle taille. Le bon La Fontaine, qui connaissait bien les hommes, ne manquait pas de plaisanter en évoquant cette grenouille qui désirait s’enfler :

“Tout petit prince a des ambassadeurs

Tout marquis veut avoir des pages…”

Après avoir fait illusion durant neuf mois, le temps d’une grossesse douloureuse, que reste-t-il du lointain successeur du prince Louis-Napoléon Bonaparte ? Sa police !
Si le corps électoral commence à regretter son élan sarkosiste du mois de mai 2007, l’élu campe sur ses positions, expliquant qu’il a été porté à la magistrature suprême pour nous mettre en condition. Comptant sur des forces de l’ordre à sa dévotion pour nous faire marcher droit, et subir sans broncher sa volonté de nous renvoyer au XIX ème siècle.

S’appuyant sur ses 150 000 policiers et ses 100 000 gendarmes Sarkozy 1er a le pouvoir de faire peur, s’il ne peut nous convaincre. Il a le pouvoir d’envoyer les CRS et les gendarmes mobiles contre toute manifestation qui pourrait lui déplaire. Il n’hésite jamais à faire détruire par ses gendarmes les pauvres campements de ceux que l’on décrit comme “gens du voyage”. Par l’entremise de son ministre de l’Identité nationale, il lui est possible de multiplier les expulsions de familles sans papiers, et les policiers de la PAF excellent dans cette tâche.

Plus généralement, cette police a pour fonction de faire peur, et ceux qui nous gouvernent savent bien que les hommes sont faibles. Ceux qui nous méprisent, à force de vouloir nous dominer, connaissent le pouvoir de la crainte -la trouille de la police a toujours été le moteur de bien des capitulations. Celui qui a la frousse ne pense plus qu’à se protéger. Il est même possible que les plus faibles se laissent aller à montrer du doigt ceux des congénères qui n’acceptent pas de baisser la tête. La France a déjà connu de telles situations, en des temps qui ne sont pas tellement lointains, mais il y a toujours eu des citoyens résolus se refusant à accepter cette société policière qui nous est de nouveau promise aujourd’hui.

Soyons en persuadés. Il n’y a pas de police républicaine au vrai sens du terme, mais il y a toujours eu des citoyens cohérents, bien décidés à ne pas laisser les képis décider de leur avenir…

Maurice Rajsfus


Récompense


Deux commissaires de police de Seine-Saint-Denis ont perçu des primes de service dépassant les 20 000 euros, en 2007. Leurs bons résultats auraient été ainsi récompensés. Cette distribution des prix n’a pas fait spécialement plaisir aux syndicats de policiers dont les mandants ne reçoivent, parfois, que quelques deniers, en reconnaissance de leur triste besogne. (D’après 20 Minutes, 18 février 2008)

La haine de la police


Dans la nuit du 16 au 17 février, le futur commissariat du 3ème arrondissement de Lyon a été l’objet d’un incendie : quatre portes ayant été fracturées et quatre foyers allumés à l’intérieur. Ce bâtiment aurait dû être livré dans les premiers jours d’avril aux cent policiers qui devaient s’y installer. (Source, Métro, 18 février 2008)

Besoin d’argent


Une policière du 5ème arrondissement de Paris a été mise en examen, le 15 février, et placée sous contrôle judiciaire, pour escroquerie. Elle est soupçonnée d’avoir détourné, pendant plusieurs mois, des numéros de cartes bancaires de personnes gardées à vue dans son commissariat. Cette excellente gardienne de l’ordre public avait de gros besoins d’argent pour payer ses consultations de voyance sur internet. Les sommes détournées s’élèveraient à 30 000 euros. (Source, 20 Minutes, 18 février 2008)

Sémantique


L’opération conduite à Villiers-le-Bel, à l’aube du 18 février, a permis de constater, une fois de plus, que la plupart des reportages et commentaires sur cette massive descente de police n’ont fait que reprendre le contenu des communiqués émanant de sources policières. Un indice, parmi d’autres : il n’est pas question de jeunes arrêtés ou interpellés mais bien plutôt, selon le jargon policier, “d’individus”. Dommage. Nos journalistes ont sans doute oublié cette règle de base : toute personne interpellée, ou même mise en examen, est présumée innocente ! Dès lors, qualifier ”d’individus” des personnes présumées innocentes revient, en utilisant le vocabulaire des forces de l’ordre, à désigner comme coupables ceux qui sont victimes de la vindicte policière.
L’Observatoire des libertés publiques


Légitime défense


Le 18 février, à Itteville (91), un “forcené”, suivi depuis de nombreuses années pour des problèmes psychiatriques, qui venait de frapper sa mère, et la blesser, est abattu par un gendarme qui avait d’abord tenté de le maîtriser à l’aide d’un taser. Faute d’y être parvenu, le pandore, s’estimant en légitime défense, face à un homme qui brandissait un couteau, a tiré sur lui à plusieurs reprises avec son arme de service. Dès le 19 février, le procureur de la République de l’Essonne annonçait que le flingueur était en situation de légitime défense. (Source, 20 Minutes, 19 et 20 février 2008)

Retours sur Villiers-le-Bel


Un garçon de la “barre” de la cité des Cerisaies, arrêté à l’aube du 18 février, puis relâché, faute de preuves, après trente huit heures de garde-à-vue, raconte : “Tout le monde dormait, à la maison. Il n’y a pas eu de coups de sonnette. Ils ont directement attaqué la porte à coups de bélier !” Et puis : “Une fois la porte enfoncée, c’était l’anarchie dans notre appartement. Ils étaient une quinzaine de policiers. Ils ont criés : tous couchés”. Ensuite ? ”Ils m’ont menotté, mais ils ont aussi menotté mon petit frère et mon père, âgé de soixante ans.” (Source, Libération, 22 février 2008)

Pour parfaire leur descente, les policiers ont procédé à l’arrestation du frère de l’une des victimes de “l’accident” du 25 novembre 2007. La famille du garçon a fait état d’une bousculade causée par une trentaine de policiers qui auraient été présent dans l’appartement. Selon la procureure de Pontoise : “ça ne s’est pas bien passé, le père s’est opposé, les femmes sont devenues hystériques, une machette a été levée sur un policier.” (Source, Le Monde, 20 février 2008)

Toujours Villiers-le-Bel


Trois mois après “l’accident” mortel qui a vu la mort de deux adolescents, à Villiers-le-Bel, l’enquête patine toujours. Les parties civiles n’ont toujours pas été entendues par le juge d’instruction. L’équipage policier était-il en simple patrouille ou en intervention, et à quelle allure circulait leur véhicule ? Comme le font remarquer les avocats des familles, qui se sont portées parties civiles, il y avait deux véhicules de policiers sur le terrain : “L’un et l’autre ont répondu à une réquisition du commissariat, ça devient ipso facto une opération de police Judiciaire”, assurent-ils. Ce qui contredit la version de la simple patrouille et de l’accident fortuit. (Source, Le Monde, 20 février 2008)

Code de la route


Le 22 février, dans le 17ème arrondissement de Paris, la voiture conduite par une femme enceinte était heurtée par un véhicule de police. Explication, le fourgon de police était parti pour une intervention urgente, et faisait usage de son gyrophare, comme de sa sirène, lors de la collision. En clair, sûrs de leur bon droit, les policiers n’avaient pas respecté le Code de la route… (D’après Métro, 25 février 20ûS)

Taser en rétention


Dans la nuit du 11 au 12 février, les “retenus” du centre de rétention administrative de Vincennes ont subi des violences de la part de leurs gardiens policiers. (Se reporter à Que fait la police,numéro 18, mars 2008). De nouvelles précisions sur les brutalités commises sur des hommes dont le seul crime est d’être sans papiers, viennent d’être révélées par la Ligue des droits de l’homme. Durant cette nuit, les policiers ont fait usage de leur taser, parfois à bout portant ! Trois hommes auraient subi ces tirs, et l’un d’eux, blessé dans le dos et à la face a dû être hospitalisé durant deux jours. Selon l’IGS, qui enquête, il n’y aurait eu qu’un seul tir… (Source, Libération, 25 février 2008)

Alertez les bébés !


Le 12 février, à Paris, trois policiers sont venus interpeller un garçon âgé de neuf ans, dans l’enceinte même d’une école. Ce type de descente de police, inédit, est intervenu à la suite de la plainte d’une maman dont le fils avait été frappé par le suspect. Le 22 février, un député PS a annoncé qu’il allait saisir la Commission de déontologie de la sécurité. Question : quel article du Code de procédure pénale permet de conduire au commissariat un gamin de neuf ans, et de le placer en garde-à-vue ? (D’après Le Monde, 26 février 2008)

Lyon : les policiers auraient-ils menti ?


Le 12 février 2007, quatre adolescents de la banlieue lyonnaise font une virée dans une voiture volée. Manque de chance, le groupe est pris en chasse par un véhicule de police banalisé de la BAC. Contrairement à leurs premières affirmations, les policiers ne se tiennent pas à distance de sécurité mais collent, presque roues dans roues à la voiture où les jeunes se sont embarqués.
Des caméras de surveillance permettront de le vérifier. D’après les images enregistrées, une autre voiture de police, également banalisée, participe à la poursuite. Ce qui devait arriver ne manque pas de se produire : dans un virage à angle droit, la voiture des ados dérape et fonce sur un mur. Il y aura deux
morts et une jeune fille dans le coma.
Un an plus tard, il apparaît que les policiers ont extorqué un témoignage de complaisance au seul rescapé de l’accident, lui faisant affirmer que lui et ses amis avaient bu et fumé du cannabis. Manque de chance, il apparaît que ces jeunes avaient un taux d’alcoolémie quasi-nul, et qu’il n’y avait pas de traces de cannabis dans les analyses. Par ailleurs, alors que la plainte déposée par les parents des victimes n’a connu un début d’instruction que six mois après l’accident, semble-t-il provoqué, une procédure avait été rapidement ouverte pour vol de voiture, recel et mise en danger de la vie d’autrui. Quant aux avocats des familles endeuillées, ils attendent toujours l’expertise des images enregistrées pour connaître le nombre des voitures engagées dans la course poursuite mortelle et leur vitesse.
(Source, Libération, 26 février 2008)

Encore Vincennes !


Suite aux incidents survenus dans la nuit du l1 au 12 février, la préfecture de police avait ouvert les portes du centre de rétention de Vincennes aux journalistes du Monde. Il s’agissait évidemment d’une opération de communication permettant de faire croire que ce lieu de non-droit était digne du standing d’un hôtel 3 étoiles. Les “retenus” qui ont pu s’exprimer n’ont fait que redire ce que l’on sait déjà de leur triste condition de détention, alors que leur seul crime est d’être démunis du précieux permis de séjour. Tous rappellent “le manque de la moindre des choses, la nourriture, les chambres sans chauffage, pas d’eau chaude, l’hygiène, les provocations des forces de l’ordre et, chose la plus importante, la privation de liberté.” Tout aussi grave, les “retenus” sont privés de stylos à bille, ce qui équivaut à une quasi-interdiction d’écrire à leurs proches. “On est comme en prison”, dit un Béninois, en France depuis cinq
ans, auquel un Congolais répond en écho : “on se sent moins que rien…” Dans un tel climat,les tentatives de suicides se multiplient : une dizaine en une semaine, en janvier 2008. Ce à quoi le commandant de police qui dirige les deux centres de rétention de Vincennes répond benoîtement : “Je ne nie pas qu’il y ait des problèmes…” (Source, Le Monde, 27 février 2008)

Devoir de mémoire


Le 11 février, à Tours, une jeune femme congolaise, en situation irrégulière, est interpellée en compagnie de son fils, âgé de quinze mois. La mère et le bambin passeront deux semaines au centre de rétention de Rennes où ils ont été conduits, car il s’est trouvé des policiers sans mémoire pour exécuter cette mission. Le 28 février, la maman refuse de quitter sa cellule. Il s’agit d’un délit d’entrave, qui va la conduire, avec son fils, en garde à vue, puis devant le tribunal correctionnel. Ce même jour, la jeune femme sera pourtant libérée provisoire, avant la prochaine audience, fixée au 17 avril 2008. « Situation problématique », dit-on à la préfecture, où l’on a peut-être appris que le petit garçon a perdu deux kilos durant sa détention. Une certitude : la mère et l’enfant ont peu de chance de rester en France. (Source, Métro, 29 février 2008)

Comptine


Décidément, nos correspondants sont incorrigibles. L’un d’eux nous a fait parvenir cette gentille adaptation d’une comptine du Limousin :

« Un deux trois

Gros bouts de bois

Quatre cinq six

Trop de police

Sept huit neuf

Où sont les bœufs ?

Dix onze douze

Dans la bouse ! »

La mort au volant


Encore un contrôle routier mortel ! Dans la nuit du 29 février au 1er mars, dans une grande artère de Colmar, un véhicule, avec quatre jeunes à bord, est pris en chasse par des policiers de la BAC. La course-poursuite, conduite à vive allure, s’engage. Comme trop souvent, le conducteur, affolé, perd le contrôle de sa voiture, grille plusieurs feux rouges, dérape, et percute deux autres voitures. Comme d’habitude, la police n’est pas coupable, et nul gardien de l’ordre public ne se soucie qu’un simple délit de fuite ne mérite pas la peine de mort, abolie depuis 1981. Il n’en reste pas moins que deux garçons de moins de vingt ans ont laissé leur vie dans cette corrida ! (D’après France Inter, 1er mars 2008)

La haine


Les constantes interventions policières dans les cités « sensibles » de la banlieue parisienne ne peuvent que provoquer la haine et le ressentiment de jeunes vivant dans des quartiers ghettoïsés. Le 2 mars, dans l’après-midi, quatre policiers ont été blessés dans le quartier de la Grande Borne, à Grigny 91), lors d’un affrontement avec une trentaine de jeunes. Les autorités policières évoquent un guet-apens, ce qui reste encore à prouver. Toujours est-il que trois des policiers ont été atteints au visage et aux jambes par des projectiles divers. Le quatrième recevra une volée de plombs et devra être hospitalisé. (D’après 20 Minutes, 3 mars 2008)

Air-France : CRS à bord


Le 12 février, 400 policiers se lancent à l’assaut d’un foyer de travailleurs immigrés, dans le 13ème arrondissement de Paris. (Se reporter à Que fait la police ? numéro 18, mars 2009) Prétexte invoqué : l’insalubrité des lieux nécessitant l’évacuation des résidents. En fait, de nombreux sans papiers, qui logent ici, sont interpellés et immédiatement placés en centres de rétention. Objectif : l’expulsion rapide de certains d’entre eux. Le 27 février, deux sans papiers Maliens, arrêtés le 12 février, étaient placés sur un vol Air-France Paris-Casablanca, mais des passagers allaient empêcher momentanément ce mauvais coup.
Avant même l’embarquement, dès le contrôle des passeports par les policiers, il était remis aux passagers un papier leur intimant de ne pas se montrer solidaires des expulsés présents à bord de l’appareil. Avec menaces précises à la clé. C’est à dire une peine de cinq ans de prison et une amende de 18.000 euros. Sans doute pour délit de solidarité. Il était également précisé, sur ce tract peu ordinaire, que l’outrage envers les policiers et la rébellion, pouvaient également être retenus comme délits graves contre les passagers peu enclins à accepter cette atteinte aux droits de l’homme. Sans oublier la « destruction » ou la « dégradation » possibles d’un bien appartenant à autrui. Ce qui est susceptible d’entraîner une peine de deux ans de prison et une amende 30.000 euros. Document signé par le directeur de la police de l’air et des frontières (PAF) de Roissy.
Des passagers témoignent que, lors de leur entrée dans l’avion, par l’avant, ils avaient entendu des cris, à l’arrière. Certains passagers protestent, mais sur un ton correct et calme. Le décollage est alors retardé. Au bout d’une demi-heure, une équipe de CRS pénètre dans l’appareil et, selon une passagère, ils sont dix-sept, avec le bouclier et l’armement habituel. Pour ne pas s’être déplacés pour rien, les CRS commencent à arrêter quelques passagers, de façon musclée, et menacent d’arrestation ceux qui tenteraient de les filmer avec leur téléphone portable. Les passagers sont choqués et certains font des malaises. Dès lors, le commandant de bord fait évacuer l’avion. Un peu plus tard, l’avion devait décoller, sans les policiers, ni les deux Maliens, tandis que quatre passagers avaient été arrêtés. A suivre. (Source, Libération, 3 mars 2008)

Raciste en uniforme


Le 4 mars, la cour d’appel de Versailles condamnait un policier à deux ans de prison avec sursis et interdiction professionnelle définitive. Ce brave défenseur de l’ordre public s’était laissé aller à des violences, accompagnées d’insultes racistes envers un journaliste camerounais, lors d’un contrôle d’identité, en juillet 2006. Déjà condamné, ce policier se sentait injustement mis en cause, ce qui l’avait conduit à faire appel d’un premier jugement. (D’après Métro, 5 mars 2008)

Légitime défense


Le 5 mars, à Demangelle (Haute-Saône), un gendarme voulait procéder à l’interpellation d’un Turc, à son domicile. Menacé d’une arme de poing et se sentant en légitime défense, le gendarme dégainait aussitôt, blessant gravement cet homme, aussitôt transporté en hélicoptère à l’hôpital de Dijon – son pronostic vital serait engagé de source médicale. Question : a-t-on jamais appris aux gendarmes, comme aux policiers, à tirer dans les jambes et non à la tête ou au thorax ? (D’après Métro, 6 mars 2008)

Sécurité, quand tu nous tiens…


Les officines sécuritaires n’étant pas suffisamment nombreuses, un nouvel établissement public est sur les rails. Sans doute pour rassurer les bons citoyens du pays profond, toujours en quête d’un tuteur en uniforme. Il s’agit du futur Conseil national de sécurité intérieure et de défense, organisme souhaité par Nicolas Sarkozy. Rien là que de très naturel nous fait-on savoir. Comme les choses ne sont jamais tout à fait innocentes, particulièrement en matière de sécurité, il apparaît que cette nouvelle structure (dépendant directement de l’Elysée et de Matignon) serait relayée par un Conseil supérieur de la Formation et de la Recherche stratégique.
Il serait possible d’en rester là, mais l’on apprend que l’actuel Observatoire de la délinquance, présidé par l’incontournable Alain Bauer, quitterait la tutelle du ministère de l’Intérieur pour intégrer ce nouveau pôle et, de même, l’Institut national des hautes études de la sécurité. L’ensemble devenant un « Centre intellectuel et névralgique de la pensée stratégique de sécurité », mis en place aux fins de décèlement précoce des « menaces les plus diverses. » A cette fin, Alain Bauer, qui fut l’initiateur des contrats locaux de sécurité, a remis un rapport au Président de la République. Il y est envisagé d’ouvrir grand les portes au secteur privé pour assurer « la sécurité globale. » Danger de dérives les plus diverses ? Evidemment. C’est ainsi que l’un des membres de la commission préparatoire au projet, par ailleurs directeur de recherche au CNRS, prévient : « Une telle approche n’est pas nécessairement neutre idéologiquement. Elle peut être révélatrice d’une pensée catastrophiste, voire apocalyptique, qui consiste à dramatiser l’insécurité…Pour en arriver à militariser l’ensemble des questions de sécurité ! »
Il fallait que cela fut dit par un spécialiste. (D’après Le Monde, 7 mars 2008)

Le Taser dans tous ses états.

Selon la direction générale de la gendarmerie, le Taser a été utilisé « sans incidents », à 105 reprises, en 2006 et 155 fois en 2007. D’après cette même source, l’utilisation du Taser permettrait de réduire de 15% l’usage des armes à feu.

Le Taser équipe actuellement 2626 gendarmes et 1100 policiers.

Selon un rapport d’Amnesty International, 220 personnes seraient mortes aux USA après avoir été touchées par un tir de Taser. Cette affirmation vaut à l’organisation humanitaire d’être poursuivie en justice par Taser-France.

Innovation. La société Taser-France a effectué, le 27 février, une démonstration de vol d’un drone, équipé pour surveiller les quartiers « sensibles ». Cet appareil automatisé étant équipé, non seulement d’une caméra, mais également d’u pistolet Taser.

Interrogé sur l’utilisation de cette arme, dite non-létale le secrétaire général du syndicat de policiers SGP-FO s’est contenté ;de répondre sobrement : « De récentes interventions ont démontré que le Taser n’était pas efficace à 100%. Le premier risque est lié à ça…Je n’ai aucun élément sur des utilisations excessives ou dangereuses pour des suspects. » (Source, Métro, 11 mars 2008)

Tout en muscles


Deux policiers de la BAC, en poste à Deauville, ont été placés en garde à vue, le 9 mars, à Rouen. Ces deux défenseurs de l’ordre public ont été arrêtés suite à un dépôt de plainte consécutif à une interpellation mouvementée – et sans doute des plus brutales. (Source, Métro, 11 mars 2008)

Performance


Suite à la descente de 400 policiers dans un foyer de travailleurs immigrés, dans le 13ème arrondissement de Paris, le 12 février, il est de plus en plus évident qu’un détournement de procédure devait permettre l’arrestation et l’expulsion de plusieurs sans papiers. Après cette opération, l’inquiétude règne. Ainsi, la présidente du Collectif pour l’avenir des foyers affirme que la préfecture de police de Paris et les RG mènent depuis plusieurs mois une série d’enquêtes sur la sécurité des bâtiments hébergeant des travailleurs immigrés. Les policiers viennent fréquemment dans ces foyers, et tentent de se faire ouvrir les portes, mais ces visites n’ont pas pour finalité de s’assurer de la sécurité des lieux, mais bien plus de préparer de futures arrestations d’étrangers en situation irrégulière, affirment les militants associatifs. (Source, Libération, 12 mars 2008)

Encore le Taser


Le 11 mars, la société française qui importe le pistolet à impulsion électrique a été déboutée de son action contre Amnesty International, accusé d’avoir « porté atteinte à sa réputation. » (Source, Libération, 12 mars 2008)

Commissaire aux comptes…


Ce n’est pas une première. Il est déjà arrivé qu »un policier de haut rang soit pris la main dans le pot de confiture. Cette fois, il s’agit d’un commissaire de police parisien, placé en garde à vue le 13 mars. Ce chef de la brigade des fraudes à la préfecture de police de Paris avait utilisé le fichier STIC (Système de traitement des infractions constatées) pour des motifs n’ayant rien à voir avec les nécessités du service. Accusé de corruption, l’honnête commissaire aurait vendu des informations confidentielles, mais on ne sait pas encore à quel prix. (Source, France 2, 14 mars 2008)

Saut de l’ange !


Décidément, il n’est pas rare que l’on tombe par la fenêtre dans un commissariat de police. C’est ce qui est arrivé à Lille, le 13 mars. Un jeune homme de vingt ans, accusé de viol, s’est précipité du deuxième étage, après son interrogatoire, alors qu’il s’apprêtait à signer le procès-verbal d’audition. Il est grièvement blessé. Précision : l’homme venait d’être libéré d ses menottes et aurait profité d’une ouverture de 30 centimètres pour sauter dans le vide. (Source, Libération, 14 mars 2008)

Commissaire aux comptes… (complément d’enquête)


Le 14 mars, le chef de la brigade des fraudes aux moyens de paiement à la préfecture de police de Paris était déféré devant un juge d’instruction. Motif ? « Violation du secret professionnel », ainsi que « corruption active et passive d’une personne dépositaire de l’autorité publique. » En fait, ce haut cadre de la police parisienne est poursuivi pour n’avoir pas hésité à « toucher ». D’abord placé en garde à vue, en compagnie de sa fille et de deux complices, ce commissaire était laissé en liberté, sous contrôle judiciaire, contre l’avis du parquet. Il s’avère que, lors des interrogatoires conduits par les enquêteurs de l’IGS, ce « grand flic » a reconnu une bonne partie des faits qui lui sont reprochés, admettant avoir monnayé des informations confidentielles. De janvier 2006 à juin 2007, ce policier, sans doute estimé de ses chefs, a perçu plus de 20.000 euros, versés directement sur son compte bancaire. On apprend également que pour faciliter ses transactions, ce commissaire intègre aurait utilisé le fichier STIC (Système de traitement des infractions constatées) de la police. Pas contente, la ministre de l’Intérieur devait annoncer, dans un communiqué, dès le 14 mars que, « devant la gravité de la faute » et des « agissements condamnables » révélés, elle sera « toujours intransigeante avec les manquements au devoir, à l’honneur et à la déontologie. » Pour la police judiciaire, cette affaire est « douloureuse », et il est question de « faire le ménage » dans l’institution policière. Sans être particulièrement outrancier, il est possible de dire qu’il y a du boulot… (D’après Le Monde, 17 mars 2008)

Dans la bonne direction


A peine élu à Colombes (92), le nouveau maire socialiste a annoncé, le 17 mars, que l’une de ses premières mesures consisterait à désarmer la police municipale. Exemple à suivre. (Source, 20 Minutes, 18 mars 2008)


source:http://quefaitlapolice.samizdat.net/?p=236

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