Environ 700 opposants à l'énergie atomique, selon un décompte des médias locaux, ont manifesté samedi dans le nord de Japon au moment où le Premier ministre français François Fillon visitait dans la région une usine franco-japonaise de retraitement nucléaire.
Japon: manifestation lors de la visite de François Fillon
Les manifestants protestaient contre l'usine de retraitement de Rokkasho, construite en vertu d'un partenariat entre le groupe nucléaire français Areva et le japonais Japan Nuclear Fuel (JNFL), et qui doit ouvrir en mai.
Les protestataires ont défilé dans la ville d'Aomori, le chef-lieu de la préfecture, en portant des banderoles affirmant que "Rokkasho est un danger environnemental et politique", selon une journaliste de l'AFP sur place.
Le chiffre de 700 participants est assez conséquent à l'échelle du Japon, pays où les manifestations sont rares et généralement squelettiques.
Une vingtaine d'autres manifestants, représentant un collectif d'habitants de la région de Rokkasho inquiets des activités nucléaires de l'usine, sont par ailleurs venus accueillir M. Fillon dans les environs de l'installation.
"Si un tremblement de terre géant se produit ici (...) d'énormes fuites radioactives affecteront non seulement les résidents locaux, mais aussi l'environnement mondial", a affirmé à l'AFP Koji Asaishi, un avocat qui mène actuellement quatre procès contre l'usine de retraitement, qui a selon lui été édifiée dans une zone à hauts risques sismiques.
La question de la sécurité des installations nucléaires en cas de séisme est un sujet particulièrement sensible au Japon depuis qu'en juillet 2007, un tremblement de terre a endommagé la centrale atomique de Kashiwazaki-Kariwa, au nord de Tokyo, provoquant de légères fuites radioactives. Cette centrale, la plus puissante du monde, est depuis fermée. Des études officielles ont montré qu'elle avait été construite juste au dessus d'une faille sismique active.
Aucune faille sismique ne passe près de Rokkasho, mais au moins sept sont recensées dans la préfecture d'Aomori, selon un institut géologique japonais.
Greenpeace a également protesté contre l'usine à l'occasion de la venue de M. Fillon, estimant que Rokkasho est "le plus grand et le plus dangereux obstacle sur la route vers un avenir énergétique propre et sûr au Japon".
"Areva fait la promotion agressive de l'expansion de l'énergie nucléaire malgré ses risques, sa faible rentabilité et son incapacité à combattre les problèmes tels que le changement climatique", a ajouté l'organisation.
Le ministre japonais de l'Economie, Akira Amari, a réaffirmé samedi que l'usine "a adopté les mesures de sécurité les plus strictes du monde", et qu'elle était "indispensable pour la sécurité énergétique du Japon".
La France et le Japon doivent être "les porte-parole au niveau mondial d'une utilisation raisonnée de l'énergie nucléaire", a déclaré pour sa part M. Fillon.
20Minutes.fr, éditions du 12/04/2008 - 14h45
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