Voici quelques semaines, un site en langue chinoise, animé par des dissidents exilés aux Etats Unis relatait des manifestations contre la corruption de dirigeants locaux qui avaient détourné les approvisionnements et l'argent destinés aux victimes de la catastrophe du Shushuan. Internet est-il ou non une bonne nouvelle pour ceux qui espèrent voir la Chine devenir une démocratie ? Pierre Haski, fondateur du site Rue89 et bon connaisseur de la Chine, où il a été le correspondant de Libération jusqu'en 2006, raconte, dans un petit livre passionnant «Internet et la Chine», l'irruption du Web dans l'Empire du Soleil Levant. Une irruption massive et rapide – entre 2001 et 2007, le nombre d'internautes est passé de 21 à 210 millions – qui donne espoir à l'auteur : et si la démocratie arrivait en Chine par le Web ?
Le fondateur de Rue89 publie un livre-enquête passionnant sur les tribulations des internautes chinois.
Voici quelques semaines, un site en langue chinoise, animé par des dissidents exilés aux Etats Unis relatait des manifestations contre la corruption de dirigeants locaux qui avaient détourné les approvisionnements et l'argent destinés aux victimes de la catastrophe du Shushuan. Internet est-il ou non une bonne nouvelle pour ceux qui espèrent voir la Chine devenir une démocratie ? Pierre Haski, fondateur du site Rue89 et bon connaisseur de la Chine, où il a été le correspondant de Libération jusqu'en 2006, raconte, dans un petit livre passionnant «Internet et la Chine», l'irruption du Web dans l'Empire du Soleil Levant. Une irruption massive et rapide – entre 2001 et 2007, le nombre d'internautes est passé de 21 à 210 millions – qui donne espoir à l'auteur : et si la démocratie arrivait en Chine par le Web ?
49 blogueurs emprisonnés
Pierre Haski semble persuadé de l'invincibilité du Net à long terme. Mais il est aussi un observateur honnête et scrupuleux d'une réalité qui laisse peu entrevoir ce genre de happy end. Des dizaines de milliers de cyber-policiers chinois contrôlent avec assiduité les textes publiés par quelques cinquante millions de blogueurs. Ceux-ci ont le droit d'écouter des groupes américains ou de parler de feuilletons ou de fringues. Car, dès que l'on s'évade du champ du divertissement, la liberté se paye cher, et Pierre Haski raconte le destin de quelques uns des 49 blogueurs emprionnés pour des écrits contestataires. Internet fonctionne en Chine comme un gigantesque Intranet : autrement dit les passages entre le Web chinois et le reste de la Toile sont peu nombreux et facilement contrôlables. L'auteur a ainsi vu son propre blog – pourtant en français et édité à partir de la France – censuré par les cyberpoliciers. Pierre Haski nous apprend aussi comment nombre de multinationales, et notamment Yahoo !, Google et Microsoft, se croient obligés de collaborer avec les autorités pour « protéger leur business », quitte à faciliter l'arrestation de blogueurs disssidents.
Mais il y a encore plus préoccupant : Haski reconnaît que l'immense majorité des internautes chinois se fichent comme une guigne de la démocratie et de la politique, dont leurs aînés ont, il faut le reconnaître, épuisé toutes les joies durant la sinistre révolution culturelle. Le deal entre les nouvelles classses moyennes et le régime apparait en filigrane dans le livre : nous vous laissons prospérer, laissez nous gouverner. Cette dimension orwélienne de la réalité chinoise est plus inquiétante : l'histoire nous enseigne que l'assentiment du peuple protège mieux les tyrans que les barbelés dont ils peuvent l'entourer.
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