Rachida Dati a inventé un mineur multirécidiviste sur France 2 pour justifier la fermeté de sa politique. Le 16 octobre 2008, la ministre de la justice était invitée à l'émission "A vous de juger" sur France 2. La directrice de l'information, Arlette Chabot, interroge Rachida Dati sur la question des mineurs en prison. Pour démontrer que l'incarcération d'un mineur était indispensable dans certains cas et que l'excuse de minorité entraînait une forme d'impunité, Rachida Dati a pris l'exemple d'un mineur incarcéré à l'Etablissement Pour Mineur (EPM) de Marseille, "ayant commis 190 délits et 52 fois condamné".
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Le mineur multirécidiviste de Marseille n'existe pas
Le Canard Enchaîné a essayé de retrouver ce mineur condamné 52 fois en enquêtant à l'EPM de Marseille. Mais aucun éducateur, magistrat ou surveillant n'a pu trouver la trace de ce mineur multirécidiviste. Contacté par le Canard Enchaîné, le cabinet de Rachida Dati a reconnu à demi-mots le mensonge en affirmant qu'il "s'agissait de montrer que les mineurs en prison n'y sont pas pour vol de chocolats".
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3 064 000 téléspectateurs sont persuadés qu'il existe
Rachida Dati a donc sciemment menti devant 3 064 000 téléspectateurs (source Médiamétrie). En prenant un exemple caricatural (52 condamnations par la justice, un record !), la ministre de la Justice voulait démontrer qu'il n'y avait plus d'excuse de minorité et que l'incarcération des mineurs était indispensable. L'exemple pris est suffisamment fort pour marquer les esprits.
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Si Dati invente cet exemple, c'est parce qu'elle est persuadée que personne ne vérifiera
Lorsque Rachida Dati invente un profil de multirécidiviste incarcéré à l'EPM de Marseille, elle sait très bien que les magistrats de Marseille et les surveillants de l'EPM sauront que c'est faux. Mais après tout, ils sont sous son autorité, peu de chance de voir l'un d'entre eux sortir de l'anonymat pour contredire la ministre sur la place publique, sous peine de sanctions.
Quant à Arlette Chabot, la directrice de l'information de France 2, elle ne pouvait pas savoir que la ministre de la Justice mentait. Et la probabilité pour que des journalistes aillent ensuite vérifier les propos, chiffres, exemples avancés par la ministre au cours d'une émission de plus de 2h, était faible.
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Une information sortie dans le Canard Enchaîné, mais reprise par personne
Trois semaines après la diffusion de l'émission, le Canard Enchaîné a donc démontré que la ministre avait menti. Mais, à notre connaissance, aucun média n'a repris l'information. Pourquoi ? Parce que l'émission date d'il y a trois semaines, l'information serait donc du réchauffé. Nul doute que si le mensonge avait été découvert dès le lendemain, tous les journaux en auraient reparlé.
Mais cela n'explique pas tout, car lorsque les journaux veulent reprendre une information du Canard Enchaîné, ils se montrent très réactifs. Ainsi, la semaine suivante, on apprenait dans le Canard Enchaîné que les contrôles de la Société Générale avaient failli dans le cadre de l'affaire Kerviel. Et bien Le Figaro a repris l'information avant même la sortie de l'hebdomadaire satirique, le mardi soir.
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Autrement dit, à la question, un responsable politique peut-il prendre des exemples imaginaires pour étayer ses démonstrations, le silence médiatique prouve que oui.
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