Le Président est allé un peu vite en affirmant que l'aide au système bancaire rapporterait 1,4 milliard d'euros et n'avait pas coûté un centime aux Français.
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LES FAITS
Le gouvernement était bien en peine, vendredi, de justifier un tel chiffrage. Interrogé, l'Elysée nous a renvoyé sur le cabinet d'Eric Woerth, qui a transmis notre demande de renseignement au cabinet de Christine Largarde… qui ne nous a pas répondu. En fait, Sarkozy a fait de multiples erreurs dans son raisonnement. D'abord, il n'a pas mentionné le sauvetage de Dexia. L'Etat a acheté pour 1 milliard d'euros d'actions du groupe franco-belge à 9,9 euros l'unité. Titres dont la valeur s'est depuis effondrée. Elles valent aujourd'hui 2,3 euros. Moins-value potentielle, 770 millions d'euros.
Ensuite, le président oublie de dire que, pour prêter de l'argent aux banques, l'Etat doit lui-même s'endetter, et donc payer des intérêts. Certes, il emprunte à un taux inférieur à celui auquel il reprête l'argent, mais l'opération finale est beaucoup moins profitable. Suivant les cas, l'Etat s'est endetté entre 2,7 et 3,5%. Et il a prêté l'argent à des taux de 4% (pour la partie du plan servant à améliorer la liquidité des banques) et de 8% (pour les avances en fonds propres). Ajoutons que la multiplication de ces opérations va augmenter le risque pris par l'Etat, donc diminuer la confiance des investisseurs vis-à-vis des emprunts d'Etat, qui vont demander des taux plus importants.
Difficile, dans ces conditions, de dire combien gagnera l'Etat avec ce plan de sauvetage. Mais, à l'heure actuelle, on ne voit pas comment son gain peut être de 1,4 milliard. Dans son intervention, Sarkozy se fondait sur le fait que le gouvernement avait déjà «utilisé 25 milliards» pour «aider les banques». Or, ce chiffre ne correspond pas à la réalité.
Au 4 février, l’Etat avait mis à disposition des banques 28,6 milliards d’euros sous forme de prêts et 10,5 milliards d’euros sous forme de fonds propres remboursables. Si on utilise la base de 25 milliards citée par Sarkozy, on obtient un gain net (c’est-à-dire intérêts perçus à 4%, moins le coût de l’endettement) pour l’Etat de l’ordre de 320 millions d’euros. Si on reprend la somme effectivement versée, on arrive à un profit net de 900 millions. Dans les deux cas, une différence de taille avec les 1,4 milliard de Sarkozy.
Et parce que la gauche aussi a fait de l'intox sur le sujet, à lire aussi dans la rubrique Desintox : "Aides aux banques, l'irrésistible tentation démago du PS"
1 commentaire:
Edité car ds le code existatit des parametres qui bloquaient le blog ..
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