Coup de théâtre en Guadeloupe: au 20ème jour de la grève «contre la vie chère», le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo a annoncé dimanche son retour à Paris, tandis que la mobilisation s’intensifiait dans la Martinique voisine, où le conflit social a essaimé.
Le départ surprise - précipité, dit-on dans l’île - de M. Jégo, qui s’était engagé à rester jusqu’à l’émergence d’une solution, a été mal accueilli sur place.
Le député PS Eric Jalton a appelé «le peuple debout à peser, par sa mobilisation, face à la violence que nous fait l’Etat». Jacques Gillot, président (app. PS) du Conseil général, s’est dit «révolté».
De son côté, M. Jégo a affirmé qu’il considérait «comme un honneur» l’émoi provoqué par l’annonce de son départ: «La décision a été prise en début d’après-midi et tout le monde a été informé: il n’y a aucune raison de s’affoler», a-t-il dit sur Radio Caraïbes Internationale (RCI).
M. Jégo s’est dit étonné qu’on fasse «une affaire parce que, simplement, je prends un avion pour aller chercher des solutions à Paris». «Je le promets, je reviens le plus vite possible», a affirmé le secrétaire d’Etat, attendu à Paris lundi à 7h30.
Le départ de M. Jégo, qui doit rendre compte au Premier ministre François Fillon et à sa ministre de tutelle Michèle Alliot-Marie, intervient alors qu’un préaccord avait été atteint dimanche matin, après 20 heures de négociations non-stop, entre le patronat et le collectif LKP («contre l’exploitation outrancière», réunissant syndicats, partis et associations) sur une hausse des bas salaires.
Les services de M. Jégo admettent qu’un «blocage subsiste sur les modalités techniques et juridiques, ainsi que le montant financier de mise en oeuvre d’un accord salarial interprofessionnel».
Auparavant, le patronat tout comme le porte-parole du LKP Elie Domota avaient tous les deux souligné ce problème du financement.
Aux termes du préaccord, «les 80.000 salariés du privé devraient avoir une amélioration salariale», selon M. Domota: 200 euros pour les salariés percevant jusqu’à 1,6 fois le Smic, et 3% pour les mieux rémunérés, à négocier entreprise par entreprise ou dans les branches.
Mais M. Domota en avait chiffré le coût à «108 millions d’euros, que le patronat réclame maintenant à l’Etat».
Un des négociateurs patronaux, Patrick Vial-Collet, a affirmé que «les entreprises n’ont pas les moyens de subvenir à ces augmentations». Selon lui, «cet accord, s’il y a lieu, doit avoir un financement garanti par l’Etat».
D’où, selon les négociateurs, la nécessité d’un feu vert de Matignon.
Installé depuis le 1er février à Basse-Terre (sud de l’île), siège de la préfecture, M. Jégo avait multiplié contacts et sessions de négociations.
Le départ de M. Jégo a aussi été très commenté en Martinique, en grève depuis jeudi, et où la mobilisation s’est intensifiée, avec des fermetures forcées par les manifestants d’une dizaine de grandes surfaces.
Les services d’Yves Jégo ont souligné à ce sujet qu’il «suivait également, chaque jour, l’évolution de la situation en Martinique» et prendrait à Paris «tous les contacts nécessaires pour apporter rapidement aux Martiniquais des réponses, à l’image de ce qui a été fait en Guadeloupe».
Lundi à 15H00 (20H00 à Paris), un nouveau round de négociations devait s’ouvrir à Fort-de-France entre autorités, patronat et le nouveau «collectif du 5 février» (intersyndicale et associations).
Ce collectif réclame notamment une baisse de 30% sur les produits de première nécessité, que refusent les responsables de la grande distribution.
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