01/02/2009

Quand MAM evoque le cas des "prisonniers politiques" en corse

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La journée était radieuse, et Michèle Alliot-Marie n'était pas venue les mains vides. En déplacement en Corse, vendredi 30 janvier, la ministre de l'intérieur était venue annoncer le versement par anticipation de 20 millions d'euros supplémentaires dans le cadre du plan de relance. "Des crédits à consommer dès 2009", avait-elle précisé.

Une journée radieuse, n'eût été ce grain de sable qui s'immisca dès les premières heures de sa visite.

(source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/01/31/un-grain-de-sable-dans-la-visite-de-mam-en-corse_1149027_3224.html#ens_id=1138176 )

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Interrogée sur la promesse du gouvernement de rapprocher les détenus corses, "MAM" assura : "Il faut être pragmatique. Vous avez 28 places à la prison de Borgo (près de Bastia) et 26 sont occupées..." Avant de préciser : "En plus, sur les 26, huit sont des prisonniers politiques." La surprise l'emporte alors dans la petite mairie de Calvi où elle se trouve. "Prisonniers politiques" ? L'Etat a toujours refusé de qualifier ainsi ceux qu'il considère comme des prisonniers de droit commun ou des terroristes, alors que les nationalistes corses, eux, revendiquent ouvertement cette appellation. Contrariée, la ministre poursuit néanmoins : "Il est évident qu'il faut prendre en compte la situation des familles, des conjoints et des enfants. Mais il y a aussi les victimes, et mon devoir est de regarder le risque en termes d'ordre public. C'est donc un examen au cas par cas."

A trois jours du congrès fondateur de la nouvelle entité Corsica libera, qui doit réunir quatre mouvements indépendantistes, dont Corsica Nazione Indipedente et U Rinnovu, dimanche 1er février à Corte (Haute-Corse), la "gaffe" de "MAM" ne pouvait plus mal tomber. Elle s'employa à la corriger quelques heures plus tard à Corte, alors qu'elle réconfortait les gendarmes dont la caserne avait été visée par un tir de roquette le 27 janvier : "Je parlais de terroristes." Pas de prisonniers politiques, donc ? "Bien sûr que non, répliqua-t-elle. Chacun est libre d'exprimer ses opinions, en France, mais jamais par la violence." Mais la ministre n'en avait pas fini avec les prisonniers corses. Pour la troisième fois de la journée, à Ajaccio, la question lui fut posée, à l'issue d'une réunion avec les élus et les responsables économiques. Cette fois, Mme Alliot-Marie prit soin, tout en recomptant les 28 places, et les 26 occupées, de citer alors les huit détenus comme "des personnes condamnées définitivement au titre d'actes commis en liaison avec des entreprises terroristes."

Isabelle Mandraud (en Corse)

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