20/02/2009

sarko joue-t-il sa tête?

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Sarkozy menacé par le syndrome du bouc émissaire
Par Patrick Jarreau | Journaliste | 20/02/2009 | 13H22

Une crise politique peut-elle s’ajouter, en France, à la crise financière, économique et à la menace d’une crise sociale? La réponse n’est pas évidente, mais la question se pose. Le comportement de l’équipe au pouvoir donne des signes d’hésitation, voire d’incohérence.





Il faut d’abord s’entendre sur l’expression "crise politique". Le gouvernement ne risque pas d’être renversé par un vote de censure à l’Assemblée nationale. Il n’y a pas de composante de la majorité qui pourrait envisager de la quitter.

En mai 1968, le gouvernement n’avait pas été mis en minorité. La motion de censure, déposée par la gauche et défendue notamment par François Mitterrand, n’était pas passée malgré la rupture d’un député gaulliste, Edgard Pisani, avec son groupe.

La droite n’avait pourtant qu’un siège de majorité depuis les élections de l’année précédente, mais les centristes, bien qu’alors dans l’opposition, n’avaient pas tous voté contre le gouvernement.

Il n’y en avait pas moins une crise politique, finalement dénouée par des élections législatives anticipées après dissolution de l’Assemblée nationale.

Le mouvement social de 1995 a provoqué une longue crise politique, dont Jacques Chirac a fini par essayer de sortir aussi par la dissolution de l’Assemblée, en avril 1997, avec le résultat que l’on sait.

Prendre la mesure des risques sociaux

La situation actuelle diffère des "événements" d’il y a presque quarante-et-un ans, bien que la comparaison vienne à l’esprit de ceux qui rêvent d’une répétition, comme Olivier Besancenot. Ceux qui analysent les mouvements sociaux, comme l’historienne Danielle Tartakowski et le sociologue Guy Groux, font aussi des comparaisons avec 1995, pour souligner les différences.

Mais une crise politique peut naître dans la confusion et l’inquiétude provoquées par la situation économique, la montée rapide du chômage, les annonces de suppressions de postes dans l’automobile, tandis que les bénéfices des entreprises du CAC-40 pour 2008 provoquent le scandale.

Le conflit en Guadeloupe met en cause la capacité du gouvernement à prendre la mesure des risques sociaux. Certes, il a voulu cloisonner le département antillais et éviter toute contagion, dont les médias auraient pu être le véhicule si un dirigeant de haut rang (Michelle Alliot-Marie ou François Fillon, sans parler de Nicolas Sarkozy) y étaient allé au lieu du secrétaire d’Etat Yves Jégo, ou si les forces de l’ordre avaient agi plus massivement.

Mais cette tactique n’a pas empêché que le conflit s’envenime, qu’il y ait un mort et que Fillon ne finisse par lâcher les 200 euros dont il ne voulait pas entendre parler il y a dix jours.

La perte de confiance

Depuis les manifestations du 29 janvier, le pouvoir est sur la défensive. Avant, il prenait des mesures pour contenir la crise, éviter les défaillances bancaires, etc. Depuis, il doit répondre à une attente sociale. On est passé de l’économie à la politique. Mais ses réponses tardent, sont hésitantes.

Sarkozy ne se cache pas de faire de la politique. Au contraire! Il invoque la justice plutôt que l’efficacité, d’abord pour ne pas se déjuger en se ralliant à l’idée que la consommation a besoin d’être soutenue (et il est vrai que ce n’est pas démontré) et surtout pour parler à l’électorat populaire qu’il a séduit en 2007. Mais le Sarkozy social, et même syndical, qui provoque sciemment les colères de Laurence Parisot, a du mal à convaincre.

Le pouvoir n’est pas sérieusement en difficulté. Il est obéi. Le pays fonctionne. Les blocages sont sectoriels, dans les DOM et dans les universités. Mais il a sérieusement besoin d’un signe allant en sens inverse de ceux qui se sont multipliés, ces dernières semaines, dans la rue, dans les médias et dans les sondages, et qui indiquent tous une perte de confiance.

Au lieu du héros de la crise, comme il a cherché à l'être à la fin de 2008, le président de la République est menacé aujourd'hui d’en devenir le bouc émissaire.





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