24/04/2009

Des enfants irradiés de Tchernobyl, ne passeront pas facilement , si ce n'est pas du tout , leurs habituels vacances - traitement en France

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LEMONDE.FR BLOG
BUG BROTHER- Qui surveillera les surveillants ?
Jean-Marc Manach
24 avril 2009
Tchernobyl: les enfants bloqués à la frontière française

En 1986, la France apprenait que le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à la frontière. Alors que, ces 25 & 26 avril, le Chernobyl day “célèbre“, dans le monde entier, l’anniversaire de la plus grande catastrophe liée à l’activité humaine (si l’on excepte les guerres) de tous les temps, on découvre que si le nuage n’a bien évidemment pas été arrêté à la frontière française, les enfants irradiés de Tchernobyl le sont, eux, et par l’administration française.



L’association Les enfants de Tchernobyl accueille chaque année environ 200 enfants issus de familles défavorisées habitant les régions touchées par les retombées de la catastrophe et qui passent, pour la plupart, 3 semaines de vacances en Alsace et dans les départements limitrophe.

Au-delà de l’aspect humanitaire, l’enjeu est aussi sanitaire : l’association note ainsi que ces trois dernières années, “les enfants accueillis ont réduit leur charge corporelle en césium radioactif de 30% en moyenne, jusqu’à 46% pour les plus contaminés, uniquement par une alimentation ‘propre’“.

Les modes de contamination de ce qui reste de Tchernobyl

Or, cette année, l’association déplore “un accroissement important des difficultés logistiques et un surcoût remarquable“. Le problème ? Les visas biométriques, qui compromettraient la possibilité, pour l’association, d’accueillir ces enfants de Tchernobyl.

Le sujet est peu connu. Pourtant, le Système européen d’identification des visas (SIV) est appelé à devenir la plus grande base de données biométriques du monde, avec 70 millions d’empreintes digitales.

En 2006, Frank Paul, chargé d’Eurodac (la base de données contenant les empreintes digitales des demandeurs d’asile et immigrants illégaux se trouvant sur le territoire de l’UE, et qui préfigure le SIV) déclarait ainsi que “L’Europe prépare le « plus grand système biométrique du monde (et) le grand public n’est pas conscient des changements révolutionnaires qui vont survenir dans les deux prochaines années“.

De façon très cynique (ou, plutôt, “administrative“), il m’avait également expliqué que le déploiement du visa biométrique entraînerait, mécaniquement, une baisse substantielle du nombre de migrants. Les stations d’identification biométriques coûtent en effet fort cher, il n’y en aurait donc pas dans tous les consulats, et le fait de devoir s’y rendre, physiquement, entraînerait forcément une limitation du nombre de demandeurs, d’autant que la procédure de demande de tels visas biométriques coûte elle aussi fort cher.

J’attendais, depuis, de voir les effets d’une telle entrave, cynique, au droit d’asile, et pensais naïvement qu’elle me viendrait de pays africains… Raté : les premiers concernés (ou, plutôt, les premiers à en parler) ne sont ni noirs, ni basanés, ni réfugiés économiques ou politiques, ni sans papiers, mais des enfants, irradiés.

L’association Les enfants de Tchernobyl a eu la bonne idée d’alerter les parlementaires des problèmes qu’elle rencontrait, parlementaires qui ont posé des questions aux ministères des affaires étrangères et de l’immigration. Les réponses obtenues sont loin d’être rassurantes, si j’en crois le mail que j’ai reçu de l’association en réponse à mes questions, et qu’elle m’a autorisé à reproduire :

Pas de visas biométriques en 2009 pour nos invités d’Ukraine et de Russie

Sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur, le Conseil européen du 8 juin 2004 avait décidé la mise en œuvre de visas biométriques pour les Ukrainiens et Russes invités à séjourner en France.

L’application de cette disposition engendre pour nos projets d’accueil d’enfants ukrainiens et russes en France un accroissement important des difficultés logistiques et un surcoût remarquable.


En effet, la délivrance d’un visa biométrique nécessite la présence physique au consulat de chaque demandeur, quel que soit son âge. En clair, contrairement à ce qui se déroule depuis nos premiers accueils d’enfants en 1993, les quelques 200 enfants invités chaque été devraient faire le voyage aller-retour entre leur domicile et le consulat correspondant, c’est-à-dire Kiev pour les Ukrainiens et Moscou pour les Russes.

Pour illustrer les difficultés, il suffit de savoir que rien que le voyage aller-retour entre Novozybkov et Kiev nécessite une journée complète de train sans même se déplacer dans la capitale de la Fédération de Russie !

Devant, une telle situation, nous sollicitons de manière régulière depuis 4 années les 27 parlementaires alsaciens pour qu’ils interviennent auprès des ministres concernés.

Les dernières informations en notre possession à l’automne dernier se trouvaient dans la réponse du Ministre des affaires étrangères et européennes publiée dans le Journal Officiel du Sénat du 24/04/2008 - page 822 :

« La généralisation de la biométrie dans les visas fait suite à la décision n° 2004/512/EC du Conseil européen du 8 juin 2004. La base européenne de données biométriques doit être rendue opérationnelle en 2009.

La biométrie dans les visas a pour but d’améliorer notre dispositif de lutte contre l’immigration ; loin de constituer un obstacle aux déplacements, cette procédure favorisera la circulation, entre les États Schengen et les États tiers, des personnes de bonne foi soumises à l’obligation de visa.

En France, le comité interministériel de contrôle de l’immigration (CICI) a défini les modalités de mise en place de la biométrie pour la délivrance de visas, procédure qui sera à terme généralisée à tous les postes consulaires et dont seuls les chefs d’État et les chefs de Gouvernement seront exemptés.

Nos ambassades de France à Kiev et à Moscou ne font pas partie en 2008 des sites retenus pour l’instant et continueront donc à fonctionner selon la procédure actuelle.

Ces deux ambassades, comme les services du ministère des affaires étrangères et européennes, connaissent bien les activités particulièrement estimables et généreuses de l’association « Les Enfants de Tchernobyl » et continueront à les accompagner, notamment en traitant avec la plus grande bienveillance possible, comme dans le passé, les dossiers qui leur seront présentés. »

A l’aube de la préparation des projets d’accueil pour l’été 2009, en l’absence d’informations de la part des Ambassades de France à Kiev et à Moscou, nous avons sollicité, en novembre 2008, pour la 5ème année consécutive l’ensemble des sénateurs et députés des deux départements alsaciens sur ce dossier.

La quasi totalité des 27 parlementaires (que nous remercions vivement par la présente) est intervenu directement ou par le biais d’une question écrite publiée au Journal Officiel auprès de Bernard Kouchner (Ministre des affaires étrangères et européennes), Michèle Alliot-Marie (Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et des collectivités territoriale) ou Brice Hortefeux (Ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire).

Notre lobbying a porté ses fruits puisqu’avant de changer de poste ministériel, Brice Hortefeux nous a informé (d’abord par le biais de la presse !) de la position officielle du gouvernement sur notre demande : « Je vous précise, à ce stade, que la mise en place de la délivrance des visas biométriques n’entrera pas en vigueur en Ukraine et en Russie au cours de l’année 2009. »

Petite anecdote pour terminer : c’est notre association qui a transmis cette information gouvernementale aux responsables des services des visas de nos ambassades à Kiev et Moscou !

Un malheur n’arrivant jamais seul, et l’administration étant semble-t-il pavée de bonnes intentions, le problème se double du fait qu’en vertu de “la nouvelle convention entre la France et le Bélarus, la limitation d’âge des enfants qui pourraient venir en France serait de 14 ans au lieu de 18 ans et le nombre de sorties du Bélarus limité à 3“, ce qui interdirait, de fait, aux enfants irradiés ou contaminés de venir se faire soigner plus de trois fois… Ladite convention a déjà été signée par l’Espagne, l’Italie et l’Irlande. On attend avec impatience la réponse de la France.

Reste, également, à savoir ce qui se passe dans les autres ambassades et consulats français (et européens), et en quelle mesure le déploiement du visa biométrique permet, effectivement, de limiter drastiquement, administrativement et mécaniquement, la liberté de circulation et le droit d’asile, pourtant reconnus par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.







un article propulsé par TORAPAMAVOA :

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3 commentaires:

miss meteo a dit…

merci pour le devoir de memoire cat!!! t as assure comme toujours!!!

fred a dit…

Il est cool ton blog, bonne continuation

cat a dit…

merci !

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