La pratique est de nouveau venue des États-Unis. Aux prises avec les pires difficultés de la crise financière, de nombreux groupes américains ont décidé de mettre à contribution les salariés et de leur demander d’abaisser leurs rémunérations. Suivant l’exemple de leur maison -mère, quelques filiales françaises des groupes informatiques Hewlett-Packard, IBM, du loueur de voitures Hertz ont à leur tour demandé à leurs cadres d’accepter une baisse de 5% de leur salaire. Confronté à l’effondrement du marché automobile, Renault avait déjà réclamé dès janvier à ses cadres d’abandonner leurs jours de congé pour permettre l’amélioration des indemnisations de chômage partiel touchant des milliers de salariés du groupe.
La pratique est de nouveau venue des Etats-Unis. Aux prises avec les pires difficultés de la crise financière, de nombreux groupes américains ont décidé de mettre à contribution les salariés et de leur demander d'abaisser leurs rémunérations. Suivant l'exemple de leur maison -mère, quelques filiales françaises des groupes informatiques Hewlett-Packard, IBM, du loueur de voitures Hertz ont à leur tour demandé à leurs cadres d'accepter une baisse de 5% de leur salaire. Confronté à l'effondrement du marché automobile, Renault avait déjà réclamé dès janvier à ses cadres d'abandonner leurs jours de congé pour permettre l'amélioration des indemnisations de chômage partiel touchant des milliers de salariés du groupe.
Réduire le salaire des cadres n'est donc plus tabou. Interrogé sur ces exemples récents Brice Hortefeux , ministre du travail, l'a lui-même avoué. Pour lui , de telles baisses «ne sont pas choquantes » en ces temps de crise, à condition qu'elles soient accompagnées de contreparties. L'approche se veut prudente. Mais au sein du gouvernement , la réflexion existe bel et bien sur le sujet.
Alors que la récession s'installe , porteuse de centaines de milliers de destructions d'emploi, le gouvernement cherche les moyens pour tenter d'en endiguer les effets. Pour lui, tout doit être mis en œuvre pour éviter le chômage sec, la perte de lien avec le travail. Le recours au chômage partiel est une voie comme le sont les dispositifs classiques : emplois jeunes, emplois aidés, apprentissage, baisses des charges? Mais ils risquent de ne pas être suffisants face à l'inexorable montée du chômage. D'où la tentation d'explorer la piste de la baisse des salaires. La mesure pourrait apporter un peu d'oxygène aux entreprises en difficulté et leur redonner une certaine compétitivité face à la concurrence internationale. Elle pourrait avoir aussi un autre avantage, si elle se généralisait : amener aussi les salariés de la fonction publique à accepter, comme cela s'est fait en Irlande, de baisser eux aussi leurs salaires. Ce qui apporterait une bouffée d'air bienvenue aux finances publiques.
Mais la conduite de l'opération est politiquement dangereuse. Car elle oblige le président de la République à prendre le contre-pied de ce qu'il a défendu jusqu'alors. Difficile après avoir dénoncé pendant dix ans, les effets pervers du partage du travail prôné par la gauche, de s'y rallier. Et encore plus périlleux après avoir fait campagne sur le slogan du « travailler plus pour gagner plus » de prôner le « gagner moins ». Nicolas Sarkozy s'avance donc avec précaution sur ce terrain miné. Contre toute attente, il s'est lancé mardi, lors d'un voyage dans les Vosges, dans une entreprise de réhabilitation des 35 heures. On ne l'avait pas compris, expliqua-t-il en substance Il n'était par hostile aux 35 heures mais à leur application systématique et généralisée. Le thème risque d'être développé dans les prochaines semaines.
L'exercice n'est guère plus simple dans les entreprises . Invoquer aujourd'hui la solidarité de l'ensemble des salariés pour faire face aux difficultés est plus que légitime. Mais ce brusque retour du souci collectif sonne bizarrement aux oreilles des salariés. Il va à l'encontre de toutes les politiques sociales menées depuis vingt ans. Les groupes n'ont cessé de vanter les avantages de la reconnaissance du mérite, de la compétition individuelle. Tout ce qui était cadre commun - grille salariale, avancements, promotion - a été balayé. Le salaire individuel est devenu partout la norme. Les échelles salariales dans les entreprises ont littéralement explosé, passant de 1 à 40 au début des années 1980 à 1 à 250 aujourd'hui.
Exiger dans ce nouveau contexte une baisse généralisée des rémunérations s'avère dès lors très difficile. Pour les petits salaires, c'est même presque impossible tant le niveau des salaires nets est devenu bas par rapport au coût de la vie. Les cadres, eux, n'ont pas du tout envie d'être les seuls à porter le fardeau. D'autant qu'ils participent déjà aux efforts de l'entreprise : 37% des cadres ont une rémunération variable liée à la réalisation de leurs objectifs et aux performances de l'entreprise. Avec la crise, leur salaire a donc déjà été réduit ou est appelé à être abaissé pour un bon tiers d'entre eux.
Faut-il aller plus loin ? La baisse des rémunérations est une arme à double tranchant. Certes, elle peut permettre un ajustement rapide des entreprises, alléger les charges , sauver des sociétés et épargner l'emploi. Mais ce qui peut se concevoir dans les cas bien définis- et encore dans un cadre largement négocié avec le sentiment que tous , y compris les directions et les actionnaires sont associés à l'effort dans les mêmes proportions-, semble difficilement généralisable. Car les effets secondaires risquent d'être pires que le mal. C'est un cycle large de dépression économique qui pourrait s'ouvrir. L'exemple japonais est là pour nous le rappeler. Entre 1997 et 2003, les salaires du secteur privé ont reculé de plus de 1%. Cette déflation salariale a participé à la stagnation économique du pays, insistait récemment le prix nobel d'économie, Paul Krugman.
Par Martine Orange
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