Publifact : la polémique qui agite l'Elysée
Par Zineb Dryef | Rue89 | 19/07/2009 | 14H36
En 2008, l'Elysée a versé 1,5 million d'euros au cabinet d'études Publifact, alors dirigé par Patrick Buisson, ex-directeur du quotidien d'extrême droite Minute, patron de la chaîne Histoire et conseiller de Nicolas Sarkozy.
Une somme dont la Cour des comptes a souligné le caractère exorbitant dans son rapport sur le budget de la présidence, rendu jeudi 16 juillet.
Un contrat désinvolte entre l'Elysée et Publifact
La Cour ne nommait pas le cabinet, mais deux enquêtes de Libération et Mediapart ont permis d'apporter ce complément d'information. En revanche, la Cour ne minorait pas les irrégularités du contrat signé avec l'Elysée :
* Il a été passé sans aucune mise en concurrence.
* Le contrat réalisé sur papier libre ne comportait qu'une seule page et laissait le cabinet « juger de l'opportunité, dans le temps et dans les thèmes, des sondages ». La Cour insiste sur la totale liberté alors laissée au cabinet puisque « la Présidence n'avait ni la maîtrise ni le contrôle, tant de l'engagement que du montant des dépenses ».
Les honoraires mensuels du cabinet s'élevaient à 10 000 euros auxquels 130 factures sont venues s'ajouter. Dont celle de 392 228 euros, pour des sondages OpinionWay parus dans Le Figaro et sur LCI.
L'Elysée ne commente pas, le PS veut une enquête
Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée serein, ne voit pas où est le problème. Il a déclaré ce dimanche lors du « Grand Rendez-Vous » Europe-1/Le Parisien-Aujourd'hui en France :
« On commande des sondages. Si des journaux veulent acheter les mêmes, nous, on n'y peut rien. »
Du côté de l'opposition, on estime que cette révélation de la Cour des comptes confirme que l'Elysée subventionne OpinionWay pour fournir les médias en sondages favorables à la politique de Nicolas Sarkozy.
La députée et porte-parole de Ségolène Royal Delphine Batho a ainsi dénoncé un « système d'instrumentalisation de l'opinion et de connivence entre le pouvoir, un institut de sondage et certains médias » et proposera mardi au groupe socialiste de solliciter une commission d'enquête sur le sujet.
Cette fameuse facture pose effectivement question : pourquoi l'Elysée a déboursé une telle somme pour des sondages disponibles gratuitement dans la presse ? Personne n'était en mesure de nous répondre à l'Elysée ce dimanche.
Selon Docteur Panel, sondologue sur Rue89, si l'Elysée paye pour des études disponibles ailleurs, c'est pour avoir des informations supplémentaires :
« Il (un sondage de ce type, ndlr) contient également chaque semaine des questions confidentielles, achetées “à la pièce” pas très cher (entre 600 et 2000 euros la question), ou encore des traitements statistiques spécifiques des questions du “tronc commun” : ça ne fait pas beaucoup de travail en plus, et c'est de la marge en plus puisque les coûts fixes sont amortis par les principaux commanditaires.
Ce sont ces questions ou traitements complémentaires que l'institut OpinionWay invoque dans son communiqué en page d'accueil pour justifier la vente à l'Elysée d'un sondage disponible à l'œil dans la presse. Ce en quoi il a bien raison : il s'agit d'une vraie prestation, pas d'une vente fictive. »
Mais notre spécialiste des sondages a sorti sa calculette et estimé le coût d'un tel service (en gonflant les sommes) à seulement 156 000 euros par an.
OpinionWay contre-attaque
Ces « informations supplémentaires » prétendument apportées à l'Elysée n'apparaissent pourtant pas dans les documents remis à la Cour des comptes qui a constaté que les résultats publiés dans la presse et ceux remis à Nicolas Sarkozy ne présentaient pas de différence.
Bruno Jeanbart, directeur des études politiques d'OpinionWay, suppose dans Le Monde qu'elles ont été égarées :
« L'Elysée a peut-être simplement remis le format allégé de nos études au conseiller de la Cour des comptes. Ou bien les CD qui contiennent plus de 60 pages de détail que nous avons remis à Publifact [le cabinet en contrat avec l'Elysée] ont peut être été perdus. »
Souvent accusé par Ségolène Royal et François Bayrou d'être proche de Nicolas Sarkozy, OpinionWay (dont toute l'équipe est de sortie médiatique) se dit victime d'une machination politique.
Dans une longue interview accordée au blogueur du Post, Guy Birenbaum, le patron d'OpinionWay, Hugues Cazenave tente d'éteindre la polémique :
« On est en plein fantasme. C'est un peu la théorie du complot, en France, on a souvent tendance à penser que tout ce qui se passe vient d'en haut, qu'on est manipulé par le pouvoir !
Tous les sondages réalisés par OpinionWay et publiés par Le Figaro et par LCI, absolument tous sans exception, ont été payés par Le Figaro et LCI et par personne d'autre. Nous avons toutes les factures correspondant à ces enquêtes et nous pouvons évidemment les produire si nécessaire. »
Il affirme n'avoir jamais rencontré Nicolas Sarkozy tandis que le vice-président exécutif de l'institut, Denis Pingaud, rappelle au JDD être de gauche :
« Nous travaillons avec des institutions de gauche, comme les fondations Terra Nova ou Jean Jaurès. Il est de notoriété publique que nous avons travaillé pour Europe Ecologie pendant les européennes.
Et tous ceux qui me connaissent savent que mes inclinations politiques ne sont pas à droite. Si OpinionWay était ce qu'en dit la rumeur, je n'en serais pas le vice-président exécutif. »
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